Les Régions au soutien des lycéens
Les Régions sont en première ligne pour assurer la continuité pédagogique en période de confinement.
Depuis le 16 mars, les écoles, collèges et lycées sont fermées jusqu’à nouvel ordre, en raison de l’épidémie de Covid-19. Dès le 13 mars, Renaud Muselier, président de Régions de France, s’était entretenu à ce sujet avec Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education Nationale. L’enjeu ? Favoriser la continuité pédagogique à travers tout le territoire, à commencer par les lycéens dont les établissements relèvent en partie de la compétence des Régions.
Dès le 20 mars, un accord Etat-Régions était signé autour des décisions suivantes : les locaux des lycées demeurent ouverts aux personnels de l’Education nationale et de la collectivité. Ainsi, les professeurs peuvent bénéficier des équipements informatiques de l’établissement pour organiser des classes virtuelles grâce à la plateforme du CNED « Ma classe à la maison ».
Pour les élèves qui ne bénéficient pas d’une connexion internet ou d’un équipement informatique adapté, les lycées sont des points d’information et transmission des documents pédagogiques nécessaires à la poursuite des apprentissages.
Plus largement, le ministère et les Régions sont mobilisés pour sécuriser les espaces numériques de travail (ENT), financés par les Régions, qui contribuent également à la mise en œuvre de la continuité pédagogique.
Depuis, la situation a évolué de manière spectaculaire. L’utilisation massive des ENT pendant la période de confinement a constitué un véritable test de fiabilité pour ces outils. Avec plusieurs centaines de milliers de visiteurs uniques par jour dans chaque Région, parfois plus d’un million, plusieurs millions de pages vues quotidiennement, c’est une prouesse technique majeure qu’ont réalisée les prestataires et les équipes techniques des Régions et des académies pour maintenir ces outils à flot.
Les Régions Grand Est et Hauts-de-France ont été les premières confrontées à cette augmentation massive des connexions (4 à 6 fois supérieure à la moyenne haute en temps normal) dans les premiers départements invités au confinement, le Haut-Rhin et l’Oise.
Au travers des échanges réguliers au sein de Régions de France, les autres Régions ont ainsi pu anticiper les ajustements et renforcements à apporter pour garantir la continuité des ENT lors de l’entrée en confinement de l’ensemble du territoire national le 17 mars dernier.
Les ENT sont ainsi confortés comme pierres angulaires de la continuité pédagogique. Plus de
70 % des enseignants s’étaient déjà appropriés les ENT avant la crise. Il faut espérer qu’à l’issue de cette période, tous les enseignants et tous les élèves auront été convaincus du rôle fondamental joué par ces plateformes collaboratives (lire le détail des chiffres dans le document joint).

François Bonneau, président délégué de Régions de France, a répondu (notamment) aux questions de Régions Magazine.
Les réponses de François Bonneau
Le 7 avril, François Bonneau, président délégué de Régions de France et président de la Région Centre-Val de Loire, grand spécialiste des questions pédagogiques, a répondu à une série de questions concernant le fonctionnement de cet enseignement à distance, dont celles de Régions Magazine.
Régions Magazine : Selon les chiffres de l’Education Nationale, environ 5 % des élèves n’ont eu aucun lien avec leurs maîtres et professeurs depuis le début de l’épidémie. Ce qui, sur 12 millions d’élèves français, représente plus de 600.000. Comment va-t-on rattraper ces « décrocheurs du web » ?
François Bonneau : Il est clair que le chiffre est important, même si l’Education Nationale ne nous a pas fourni le détail par catégorie d’âge et de classe. Il n’y a que deux solutions pour faire face à cette difficulté. La première est de relancer sans cesse les familles concernées, par tous les moyens possibles, et pas seulement internet, pour permettre à ces élèves de rattraper le bon wagon, et les professeurs s’y emploient bien évidemment. Y compris pendant les périodes de vacances scolaires.
La seconde consistera à mette en place des procédures de rattrapage intensif pour ces élèves « décrocheurs du web », dès la sortie du confinement. Sortie dont nous ignorons malheureusement la date.
RM : L’idée de ce dispositif est de permettre à tous les élèves de se retrouver sur un pied d’égalité. Malheureusement il existe encore en France, notamment dans les territoires ruraux, des « zones blanches » dépourvues de réseau permettant de se connecter. Quelles réponses apporter à cette difficulté supplémentaire ?
FB : Vous avez raison, même si le travail mené sur l’installation de la fibre a permis de diminuer les zones totalement blanches de façon très importante, l’équipement n’est pas achevé en secteur rural.
La seule solution, déjà en cours, est de délivrer aux lycéens ainsi isolés des autorisations particulières pour leur permette de se rendre, dans des zones voisines et fibrées, où ils pourront se connecter.
RM : Vous évoquez un changement de nature profonde dans la relation pédagogique, à travers un usage massif d’internet et des espaces numériques de travail. Cela ne risque-t-il pas de déboucher, à terme, sur la disparition du professeur « en chair et en os » ?
FB : Au contraire ! Bien sûr, il est évident que dans la façon de commander et de réaliser des exercices, d’organiser des travaux collaboratifs, de repérer les difficultés rencontrées par chaque élève, cet épisode va modifier la transmission du savoir. Mais le présentiel reste et restera fondamental ! La présence « physique » d’un professeur identifié, face à des élèves qu’il identifie lui aussi, cela reste primordial.
Propos recueillis par Philippe Martin
À lire en cliquant ici, « Les Espaces numériques de travail des Régions au cœur de la continuité pédagogique », les dispositifs pédagogiques mis en place, Région par Région.
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