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Philippe Martin
06/03/2022
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Youri Andrichouk, coordinateur ukrainien de l’aide humanitaire en Ukraine, intervient en visio et en direct depuis Kiev, ville meurtrie, sur l’écran géant du Sommet.

Un sommet en jaune et bleu

Submergé par une vague d’émotion venue d’Ukraine, le Sommet de Marseille n’en a pas pour autant perdu sa raison d’être : faire entendre beaucoup plus fort la voix des élus locaux et des citoyens de toute l’Europe.

Et soudain, Youri Andrichouk fait pivoter la caméra qui filmait jusque-là son visage en gros plan, s’affichant depuis quelques instants sur l’immense écran. Par la fenêtre du coordinateur ukrainien de l’aide humanitaire, on aperçoit une place de Kiev, visiblement frappée par des tirs d’explosifs ou de missiles. Dans la vaste salle du Parc Chanot, emplie de plus d’un millier d’élus venus de toute l’Europe, l’assistance se glace instantanément : la guerre vient de faire irruption dans ce qui aurait dû être, seulement, un beau moment de fraternité européenne.

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Un millier d’élus venus de toute l’Europe ont participé en “réel” au Sommet, mais ils étaient également très nombreux à le suivre sur internet.

Bien sûr, quand les organisateurs de ce sommet de Marseille, le Comité européen des régions et des villes et la Région Sud, avaient concocté le programme de cette manifestation, ils étaient loin de se douter qu’au moment de son ouverture, les bombes du dictateur Vladimir Poutine frapperaient sans relâche les populations de Kiev, d’Odessa, de Donetsk, de Kharkiv ou de Marioupol. Bien sûr, quand ils ont choisi les couleurs jaune et bleu de la Méditerranée et de la Région Sud pour décorer l’ensemble de leurs documents, ils ne pouvaient imaginer que ces mêmes couleurs, celles du drapeau ukrainien, allaient recouvrir tout le reste.

Dès l’ouverture du Sommet, quand les deux présidents Apostolos Tzitzikostas et Renaud Muselier, ont brandi le drapeau ukrainien, tandis que ces mêmes couleurs envahissaient le gigantesque écran, l’émotion avait submergé l’assistance, emportant tout sur son passage. Il allait y avoir beaucoup d’autres moments de ce genre tout au long de ces deux journées, en particulier à chaque liaison en “visio” avec des interlocuteurs ukrainiens comme le maire de Kiev Vitali Kliyschko, l’une des principales cibles du dictateur russe. Et plus encore le jeudi soir devant la mairie de Marseille, ou le maire de la ville Benoît Payan, devant une foule rassemblée et parée de jaune et bleu, lut un message poignant de la maire d’Odessa, ville jumelée avec Marseille, et qui, quinze jours plus tôt, préparait encore avec les enfants des écoles et les acteurs de la culture, les festivités de l’anniversaire du jumelage…

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Les présidents Muselier et Tzitzikostas ont accueilli deux ministres (Clément Beaune et Jacqueline Gourault), des élus de toute l’Europe, mais aussi Roberta Metsola, la nouvelle présidente du Parlement européen.

Pourtant, cette émotion n’a pas emporté la raison d’être de ce sommet, bien au contraire. Comme l’a affirmé avec force le président du CdR Apostolos Tzitzikostas, « cette crise terrible va paradoxalement renforcer la cohésion des régions et des villes, leur importance dans la démocratie de proximité, et leur rôle dans le devenir de l’Europe, par l’intermédiaire de leurs représentants réunis ici, qui portent la voix d’1,2 million d’élus ».

Car comme l’a lancé avec vigueur Benoît Payan, « les régions, les villes, elles, ne font pas la guerre. Elles ne vivent que pour la paix ». Et le “Manifeste de Marseille”, adopté à l’issue de ce Sommet, rappelle à quel point les régions et les villes d’Europe entendent jouer un rôle de plus en plus actif dans la construction européenne, renforcée de façon si brutale et si inattendue par les visées expansionnistes d’un tyran sanguinaire.

Textes et photos à Marseille Philippe Martin

La suite dans notre n°162 prochainement en kiosques

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Notre revue Régions Magazine était doublement présente lors de ce Sommet de Marseille. D’abord en version numérique, via le « Salon virtuel » mis en place par les organisateurs, qui permettait de visiter notre « stand virtuel », et de consulter dans son intégralité notre supplément consacré au Sommet. Ensuite en version papier, puisque plusieurs centaines d’exemplaires du supplément (édité en version française et anglaise) dont les pages suivent ont été distribués jusqu’à épuisement des stocks, pendant les deux journées.
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