“Le Patrimoine, 1er atout de l’économie touristique”
Pour Martin Malvy, président de “Sites & cités remarquables de France”, on peut encore s’appuyer davantage sur la formidable variété patrimoniale de notre pays.
Philippe Martin
Pour Martin Malvy, président de “Sites & cités remarquables de France”, on peut encore s’appuyer davantage sur la formidable variété patrimoniale de notre pays.
Martin Malvy a exercé les fonctions et les mandats les plus éminents de la Vème République : ministre du Budget dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, plusieurs fois secrétaire d’Etat, député, président de la Région Midi-Pyrénées, maire de Figeac pendant 23 ans… Aujourd’hui retiré de la vie politique, l’ancien journaliste reste cependant très actif. Il préside la dynamique association “Sites & cités remarquables de France”, au centre de l’actualité en un moment où les Français ont plus que jamais envie de redécouvrir le riche patrimoine de notre pays. Explications.
Régions Magazine : Quelles sont l’origine et les motivations de “Sites & Cités” dans la sauvegarde de notre patrimoine ?
Martin Malvy : A l’origine, il y a quatre hommes déterminés à défendre les centres anciens et leur patrimoine, tous députés et engagés sur le terrain dans des actions concrètes : Yves Dauge (Chinon), Michel Bouvard (Savoie), Jean Rouger (Saintes) et moi-même.
Nous étions convaincus de la nécessaire préservation des centres anciens des villes que l’on qualifie parfois de villes historiques. Nous étions conscients de l’atout que constitue le patrimoine pour l’attractivité de la cité et le développement de son économie, en particulier touristique.
Pour peser dans le débat national, être entendu et accompagner au mieux les villes et territoires engagés, ce fut donc, dans un premier temps, « l’association nationale des villes et pays d’art et d’histoire et des secteurs sauvegardés ». Nous sommes devenus « Sites & Cités remarquables de France » en 2016 de façon à intégrer la nouvelle appellation des secteurs protégés transformés en « Sites Patrimoniaux Remarquables » suite au vote de la loi LCAP, après un long débat auquel nous avons largement participé et contribué. Ce nouveau nom donne aussi une nouvelle dynamique et de nouvelles orientations à notre association.
Aujourd’hui, nous comptons parmi nos membres 300 villes – les unes petites communes rurales, les autres métropoles –, et, plusieurs intercommunalités nous ayant rejoint, ce sont quelques 2000 collectivités locales qui adhèrent à notre projet.
Nous travaillons avec de nombreux partenaires, le ministère de la Culture, celui de l’Egalité des territoires, celui de la Transition écologique, celui des Affaires étrangères, en charge du tourisme, ce qui nous a amené à développer des coopérations internationales qui témoignent de l’image de la France à l’extérieur.
RM : En quoi consiste l’apport de l’association aux villes adhérentes ?
MM : Nous accompagnons dans leur démarche patrimoniale les villes qui le souhaitent, en leur apportant l’expertise qui leur permettra d’être reconnue comme site patrimonial remarquable.
Nous abordons des thèmes divers que ce soit en ateliers ou dans le cadre de formations, dont la restauration de l’habitat ancien, la médiation, la participation citoyenne, et l’adaptation au changement climatique. A ce sujet, avec le CEREMA, nous avons créé un Centre de ressources de la Réhabilitation Responsable du Bâti Ancien (CREBA).
Nous organisons des groupes de travail sur des thèmes complexes mais essentiels, comme “Centres anciens et développement durable”, « Nature en ville » ou encore “Fleuves, canaux et rivières”, maintenant « l’aménagement des chemins de Compostelle » … Là aussi nos experts peuvent fournir des outils aux représentants des villes ou aux acteurs du tourisme ou de l’urbanisme.
Et nous participons également aux politiques mises en œuvre par le Ministère de l’égalité des Territoires : « Petites villes de demain » et « Action cœur de ville », dans lesquelles la place du patrimoine est majeure.
Nous avons, tout en maintenant évidemment le cap de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine, tourné nos regards vers l’économie du tourisme aujourd’hui malmenée par la crise sanitaire. Au départ, il y a sans doute le rapport que Laurent Fabius m’avait demandé en 2015 sur « Patrimoine et tourisme », que j’avais conclu par 54 suggestions dont certaines ont d’ailleurs été reprises depuis.
La motivation pour la France d’un visiteur étranger sur deux, c’est le patrimoine entendu au sens large. Nous devons nous en féliciter. Mais depuis quelques années, attirée vers les pays du Sud, la fréquentation de nos concitoyens pour le territoire national a diminué de quelques 15%. C’est particulièrement préoccupant d’autant plus que la période à venir sera plus limitée pour ce qui est du tourisme international.
C’est dans cette perspective que nous venons de publier avec Michelin, un nouveau Guide Vert en deux tomes, intitulé “Sites & Cités remarquables de France”, ou qu’avec Atout France nous menons l’opération « Remarquable France » avec un travail sur l’image mené avec des influenceurs. Il s’agit d’ une série de petits films diffusés sur les réseaux sociaux, et d’une promotion destinée au tourisme national et à nos voisins les plus proches, Belges, Suisses, Britanniques.
Par ailleurs, à notre initiative, 6 autres réseaux ont accepté de se rassembler pour des actions communes sous la bannière “France Patrimoine & Territoires d’exception”. Ce sont la Fédération des Parcs Naturels régionaux, les Grands Sites de France, les plus Beaux Détours de France, les plus beaux villages de France, les Petites Cités de caractère, les Villes et métiers d’Art et Sites & Cités. Le Sénat a accepté notre proposition. Nous serons présents sur les grilles du Luxembourg avec nos villes et nos territoires au 1er semestre prochain. J’espère d’ailleurs que les Régions y participeront.
Propos recueillis par Philippe Martin
Retrouvez la suite de l’interview dans le n°159 de Régions Magazine, actuellement en kiosque
À retrouver sur le site https://www.sites-cites.fr/