Venez revoir la Normandie
Mont-Saint-Michel, Impressionnistes, Plages du Débarquement : le tourisme normand ne se limite pas à cet impressionnant triptyque.
Pour continuer à se développer, le tourisme normand dispose de deux atouts incontestables. D’abord, il peut s’appuyer sur trois hauts lieux de visite qu’il partage mais que personne ne lui conteste. Le Mont-Saint-Michel et sa baie, qu’il travaille aux côtés de la région Bretagne. Les parcours de l’impressionnisme, autour desquels il a monté une série d’opérations avec l’Île-de-France. Et bien sûr les Plages du Débarquement… qui lui appartiennent en propre !
Deuxième atout, s’il est un domaine dans lequel la fusion était déjà bien avancée, c’était bien celui du tourisme. Les CRT de Haute et Basse-Normandie n’en faisaient plus qu’un bien avant la réforme territoriale : pas besoin d’apprendre à travailler ensemble, de gérer les concurrences stériles, d’identifier des objectifs communs. D’où un gain de temps considérable, au moment d’intégrer la stratégie touristique dans les objectifs de la Normandie réunifiée.
“Nous disposons effectivement d’une base de travail solide, admet Marie-Agnès Poussier-Winsback, vice-présidente du conseil régional en charge du tourisme et de l’attractivité, et par ailleurs maire de Fécamp. Ce qu’il nous reste à améliorer, c’est la communication. Pas tellement autour de nos trois points forts, mais sur tout le reste. Je pense par exemple au tourisme médiéval, insuffisamment mis en valeur alors que nous disposons d’un magnifique patrimoine. Ou au tourisme d’affaires. C’est pourquoi il nous faut davantage nous faire connaître, entrer dans un “tourisme d’offres”, faire travailler ensemble tous les acteurs concernés, participer ensemble à des salons internationaux. Ce que nous avons entrepris de faire, en nous appuyant de surcroît sur l’Agence de l’Attractivité récemment créée”.
C’est aussi dans cet esprit qu’a été lancée l’opération “Secrets normands” (lire en encadré), dans la foulée des Assises du Tourisme qui ont réuni plus de 300 acteurs au Havre le 18 avril dernier. Un nouveau service innovant, “un véritable petit exploit technique et d’animation réalisé en un minimum de temps”, précise Michael Dodds, directeur de l’Agence de l’Attractivité et du CRT Normandie. C’est une première à l’échelle d’une région, une plateforme sans cesse réactualisée, et qui va nous permettre de mettre les Normandes et les Normands au cœur du dispositif, de stimuler cette richesse collective”.

Une des nombreuses plages du Débarquement. © L. Leloup CRT Normandie.
Faire revenir les Anglais
Bien sûr, tout n’est pas rose pour autant. Le problème majeur pour le tourisme normand, ce sont les transports. Si les liaisons routières et portuaires sont de qualité, le ferroviaire reste une préoccupation. Et en ce qui concerne l’avion, l’arrêt de la ligne aérienne hebdomadaire Londres-Deauville a pu être interprétée comme un coup d’arrêt : la décision d’Hervé Morin de stopper la subvention à la compagnie irlandaise a fait grand bruit. “Nous ne sommes pas là pour financer des compagnies privées. 300.000 euros chaque année, pour 17.000 passagers annuels, cela fait cher le trajet”, déclarait au mois de février le président du conseil régional. Qui tente il est vrai de construire un “modèle aéroportuaire normand” en conservant les quatre structures existantes (Caen, Deauville, Le Havre et Rouen) et en les faisant travailler ensemble, dans un esprit de complémentarité. A noter que Caen est desservie par Ryanair, mais sans versement d’une subvention…
“Certes, nous avons perdu des parts de marché auprès des touristes britanniques, admet la vice-présidente au tourisme, mais cela remonte à plusieurs années. Il nous faut faire des efforts pour les faire revenir, ce qui passe aussi par un gros travail de formation, car trop de personnels d’accueil ne maîtrisent pas suffisamment la langue anglaise. Par ailleurs, avec nos partenaires d’Atout France, nous sommes tournés vers les Néerlandais et les Belges, mais aussi des publics plus lointains comme les Japonais ou la Corée du Sud, très attirés par le Mont-Saint-Michel”.

La Normandie regorge d’adorables châteaux à visiter, comme ici à Saint-Germain de Livet (Calvados). © Von Pelchrzim.
Le soutien aux hôteliers
L’Agence de Développement de Normandie a aussi son rôle à jouer à travers les soutiens qu’elle peut apporter aux hôteliers indépendants soucieux de rénover leur patrimoine. “Il faut aussi nous appuyer encore davantage sur le tourisme de mémoire, complète Michael Dodds. A travers le Forum mondial pour la Paix du mois de juin, à travers le 75ème anniversaire du Débarquement l’an prochain, en attendant ce que chacun espère, le classement des plages du Débarquement au Patrimoine mondial de l’UNESCO”.
Reste un dernier chantier, déjà en cours mais loin d’être achevé lui aussi : l’amélioration de l’accueil des touristes au Mont-Saint-Michel. Qui, malgré ses trois millions de visiteurs chaque année, pourrait encore faire beaucoup mieux mais reste bloqué faute d’une gouvernance réclamée à cor et à cri par la Région. “Nous sommes bien conscients que, malgré nos atouts, il reste beaucoup de travail à faire, conclut Marie-Agnès Poussier-Winsback. Car le tourisme est un secteur économique de premier plan, avec ses 40.000 emplois, ses dépenses sur place, les nombreuses résidences secondaires (nous restons la première destination de week-end des Parisiens) qui génèrent des travaux d’entretien et de rénovation pour les BTP…” En tout cas le chemin est tracé pour que chacun ait envie de venir revoir la Normandie.
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