Un discours pour les Régions d’Europe
Le Comité européen des régions s’exprimera désormais chaque année par l’intermédiaire de son président.
Philippe Martin
Le Comité européen des régions s’exprimera désormais chaque année par l’intermédiaire de son président. La première du genre a eu lieu le 10 octobre à Bruxelles.
C’est une nouveauté qui va vite devenir une tradition : chaque année désormais, le président du Comité européen des régions prononcera un discours sur “l’état des Régions de l’Union européenne”, à la manière de ce que fait le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Cette année, c’est à la tribune de l’European Week, devant des centaines de représentants des villes et des régions venus de l’Europe entière, que Karl-Heinz Lambertz, le président du CdR, a inauguré le 10 octobre ce moment désormais attendu par les territoires de l’UE.
Elu à ce poste le 12 juillet dernier, celui qui a été à de nombreuses reprises ministres de gouvernement belges, a d’abord rappelé à quel point “l’Europe occupe une place de plus en plus importante dans l’activité des élus locaux et régionaux. Ces derniers mettent en œuvre la majorité de la législation européenne. Deux principes doivent guider notre action : agir au bon niveau et dialoguer avec les citoyens européens. Depuis mars 2016, nous avons organisé plus de 140 débats citoyens dans 95 régions”. Mais surtout, en un moment où l’avenir de la politique de cohésion est fortement remis en cause pour la période de l’après 2020, il a réaffirmé qu’elle est “une contribution solidaire essentielle au renforcement de l’Union européenne. Elle est la contrepartie nécessaire aux règles du marché intérieur. Son avenir et celui de l’Europe sont étroitement liés”.
“Plus de trois Européens sur quatre considèrent que les investissements régionaux de l’Union européenne ont des retombées positives sur leur ville ou leur région”, a-t-il poursuivi, rappelant que “notre demande au Conseil de l’Union européenne est double : assurer une politique de cohésion forte associant toutes les régions et lui garantir des ressources correspondant à au moins un tiers du budget de l’Union, comme c’est le cas aujourd’hui.”
Karl-Heinz Lambertz n’a pas éludé les sujets difficiles du moment. Les migrations : “Nos identités doivent dialoguer pacifiquement et être constamment dans l’ouverture, plutôt que dans le repli sur soi. À Catane, à Athènes, sur les îles grecques, et dans bien d’autres lieux et pays, des responsables locaux et régionaux ont organisé l’accueil de milliers de migrants dans des conditions très difficiles. Par leur courage et leur solidarité, ils ont ainsi fait honneur à l’esprit européen.”
Le Brexit : “Le Brexit est l’échec d’une Europe basée sur des régimes d’exception. La décision du Brexit aura de lourdes conséquences pour les collectivités territoriales britanniques et européennes”.
Ou encore l’Europe sociale : “La sécurité doit aussi être sociale. Les écarts économiques et sociaux entre Européens restent immenses. Et plus d’un sur cinq vit dans un ménage en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale. Les Européens ont besoin d’un modèle social fort qui les protège tous.”
Et la Catalogne : “Une partie de la population catalane réclame l’indépendance, c’est une solution assez extrême et qui ne constitue certainement pas la voie royale pour obtenir de nouveaux équilibres dans une réorganisation de l’Etat” espagnol, a-t-il estimé. L’instrument pour résoudre cette crise catalane doit “être le dialogue et pas la provocation, encore moins le recours à la force publique”.
Un discours vivement applaudi par les représentants des régions venus de toute l’Europe, dont une délégation française emmenée par François Decoster, nouveau président de cette délégation et vice-président de la région Hauts-de-France.