Sécurité des établissements : les propositions des Régions retenues par le ministre de l’Éducation nationale
Philppe Martin
L’installation de “boutons d’appel” dans les collèges et lycées pour prévenir immédiatement le commissariat est « une réponse qui peut être généralisée », a estimé la Première ministre Elisabeth Borne, après l’assassinat du professeur d’histoire Dominique Bernard dans son lycée d’Arras. De son côté, le ministre de l’Education Nationale Gabriel Attal a réuni en visioconférence les associations d’élus pour « poursuivre la mobilisation collective pour la sécurité des élèves et des personnels ».
Dès le 18 octobre, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, présidente de Régions de France, avait écrit au ministre de l’Intérieur pour demander « un relèvement significatif de la sécurité des établissements d’enseignement et des transports scolaires. »
Elle avait notamment plaidé pour une l’installation généralisée de systèmes d’alerte directe des établissements vers les commissariats et gendarmeries et l’association systématique des agents des Régions dans les établissements aux exercices et aux formations organisés par l’Éducation nationale. Aujourd’hui, la présidente de Régions de France « constate avec satisfaction que les propositions des Régions ont été retenues par le ministre de l’Éducation nationale. »
Ces dernières années et particulièrement depuis 2016, les Régions ont fortement investi dans la sécurité des lycées par le renforcement des équipements (réalisation d’enceintes, renforcement des clôtures et des accès, installations d’équipements de sécurité à l’entrée : portes sécurisées, portiques tournants, sas rapides, installation de caméras de vidéoprotection aux entrées, avec déport vers la loge de l’agent d’accueil…), et par la mise à disposition et la formation des personnels (formation des personnels d’accueil des établissements, équipes de médiation, d’accueil renforcé aux abords des établissements ou brigades de sécurité selon les Régions).
L’enquête flash, lancée par le ministère de l’Éducation en direction des établissements, a mis en évidence que près d’un établissement sur quatre ne disposait pas encore d’une alarme spécifiquement dédiée à la mise en confinement des élèves en cas d’intrusion en application des Plans particuliers de mise en sûreté (PPMS) et que la quasi-totalité des établissements ne disposaient d’aucun système d’alerte relié directement à la police ou à la gendarmerie nationale. Les Régions attendent désormais du ministre un effort financier supplémentaire afin de garantir un même niveau de sécurité dans l’ensemble des établissements.
La sécurité des établissements ne saurait, enfin, suffire à rehausser de manière suffisante la posture nationale de sûreté, si elle n’incluait celle des transports scolaires. Dans son courrier du 18 octobre, Carole Delga a attiré l’attention du ministre de l’Intérieur, responsable de la politique nationale de sécurité, sur le nécessaire renforcement de la sécurité des transports scolaires, qui ne font, à ce jour, l’objet d’aucune mesure particulière.
Carole Delga : « L’école dans son ensemble constitue une cible symbolique pour ceux qui ont pour projet d’attaquer la démocratie, les libertés et la République. Cette situation exige un renforcement des mesures de sécurité aux abords et dans les lieux d’enseignement, ainsi que dans les transports scolaires. J’accueille avec satisfaction les suites données par le ministre de l’Education nationale à nos propositions visant à renforcer le caractère immédiat de l’alerte des chefs d’établissement vers les forces de l’ordre, grâce à des boutons d’alerte reliés aux commissariats et brigades de gendarmerie, et mieux assurer la formation des agents régionaux avec ceux de l’Education nationale. J’attends que des moyens supplémentaires soient rapidement décidés pour financer ces mesures ».
De son côté, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Ales, a annoncé que sa Région allait doter les établissements scolaires juifs régionaux de boutons d’alerte. Ils ont été remis symboliquement aux représentants des établissements présents au Consistoire régional de Lyon le jeudi 9 novembre. Le dispositif annoncé comprend eux étapes.
Première étape : la distribution à tous les établissements qui le souhaitent de boutons d’alerte connectés. Le dispositif MonSherif déjà expérimenté par la Région dans le cadre de son plan de lutte contre les violences faites aux femmes est produit par DOMIE DIGITAL, entreprise implantée à Marcilly d’Azergues (69). Il permet d’alerter en toute discrétion des proches ou des personnes préalablement identifiées en cas de danger. Doté de différentes fonctionnalités, le bouton d’alerte se connecte à votre téléphone et permet, selon les besoins, d’envoyer un SMS, votre géolocalisation, de lancer un appel de secours ou encore de déclencher un enregistrement pour la captation d’éléments matériels, si vous vous trouvez dans une situation de danger. Dans ce cas-ci, les boutons seront également reliés au Service de Protection de la Communauté Juive.
Deuxième étape : sécuriser les transports. La Région a choisi de réactiver le dispositif de sécurité des déplacements pour les établissements publics et privés sous contrat, voté en 2019. C’est une aide forfaitaire pour accompagner les dépenses liées au déplacement de transport avec un bus dédié. Un minibus sera également offert à chaque établissement pour sécuriser les enfants dans leurs déplacements. Enfin la Région propose aux établissements de financer et de les accompagner dans un audit de sécurité, pour identifier leurs vulnérabilités et proposer des actions correctives adaptées, en lien avec le SPCJ (Service de Protection de la Communauté Juive).