Les chantiers de la relance
Pour certaines filières, comme l’événementiel, les temps sont durs, et cela risque de durer. Pour d’autres, comme le BTP, les crédits liés au plan France Relance sont attendus. Diagnostic.
Pour certaines filières, comme l’événementiel, les temps sont durs, et cela risque de durer. Pour d’autres, comme le BTP, les crédits liés au plan France Relance sont attendus. Diagnostic.
Le chiffre est vraiment effrayant : 5 %, c’est la proportion des événements (congrès, salons, séminaires) qui étaient programmés en France en 2020 et qui ont finalement été maintenus. Plus de la moitié ont été annulés, 20 % ont été reportés, le reste transformé en manifestations “distancielles” via le numérique. C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’organisme Atout France et le cabinet EY.
Le secteur de l’événementiel est donc sinistré, des villes comme Paris (qui occupait le premier rang mondial dans ce domaine en 2019) ou Cannes (dont le Palais des Festivals et des Congrès, le premier de France, est à l’arrêt complet depuis la mi-mars), sont frappées de plein fouet. Rien que pour cette dernière ville, 17 manifestations d’ampleur ont été annulées, ainsi que 390.000 nuitées pour les hôteliers, engendrant une perte de retombées économiques d’environ 800 M€. Et les professionnels n’envisagent pas un redémarrage avant le second semestre 2021… dans le meilleur des cas.
C’est dire à quel point il sera important de relancer la filière événementielle, et son corollaire, l’ensemble de notre écosystème touristique, dès le début de 2021. Mais qu’en est-il de des “chantiers de la relance”, selon le titre de ce numéro de Régions Magazine ?
Comme nous l’expliquons par ailleurs, il y a un peu de retard à l’allumage dans la mise en œuvre du plan “France Relance” présenté le 3 septembre par le Premier ministre Jean Castex. La nomination des “sous-préfets à la relance”, intervenue mi-novembre et seulement pour une partie d’entre eux, n’a pas vraiment constitué un facteur d’accélération. Or, en France, on le dit souvent, “quand le bâtiment va, tout va”. L’étude menée fin octobre par le cabinet WizzCad auprès des professionnels du BTP fait apparaître une situation contrastée. 77 % d’entre eux déclarent atteindre aujourd’hui un niveau d’activité égal sinon inférieur (pour 20 % d’entre eux) à l’avant-crise, 31 % des chefs d’entreprises se déclarent inquiets pour la pérennité de leur activité.
Dans notre dossier, nous avons donc cherché à savoir où en étaient réellement les fameux “chantiers de la relance”. L’un d’entre eux tire bien son épingle du jeu : celui du Très haut débit, ou de la fibre, dont l’activité ne s’est guère ralentie au-delà du premier confinement, et qui tient ses objectifs pourtant très ambitieux.
S’agissant des “grands chantiers”, c’est beaucoup plus nuancé. Si le Grand Paris Express continue de foncer à la vitesse d’un métro lancé à pleine régime, le Canal Seine-Nord Europe n’a pas vraiment commencé, la liaison ferroviaire Lyon-Turin avance au ralenti.
Reste les “chantiers des régions” impulsés le plus souvent par des collectivités locales soucieuses de maintenir une activité. On y trouve un peu de tout : des barrages à sécuriser, des lycées à construire, des ports à moderniser, de petites lignes ferroviaires à rénover, un hangar géant pour aéroport… Comme souvent, les collectivités, à commencer par les Régions, rivalisent d’imagination pour rendre plus résilientes leurs filières professionnelles. Mais elles ont désormais besoin d’un très sérieux coup de pouce de l’Etat. Le milliard d’euros du plan de relance est attendu.
Philippe MartinDossier à retrouver dans le n°157 de Régions Magazine, actuellement en kiosque