Le dernier Sommet avant les européennes
En cette année électorale, le Sommet organisé par le Comité européen des régions à Mons (Belgique), ces 18 et 19 mars, revêt une importance cruciale. Et permet de rappeler l’importance de la politique de cohésion dans l’équilibre de l’Union Européenne.
Philippe Martin
Commencer le dixième Sommet européen des régions et des villes, le plus fréquenté de l’histoire avec plus de 3.500 élus de toute l’Europe ayant fait le déplacement, par un dialogue avec des… tracteurs, voilà qui n’est guère commun. Pourtant c’est la “surprise” qui attendait lundi le président du Comité européen des régions Vasco Alves Cordeiro, et le ministre-président de la Wallonie Elio Di Rupo, à l’entrée de ce sommet organisé ces 18 et 19 mars 2024 à Mons (Belgique). Dialogue rapide et courtois au demeurant, où les agriculteurs en colère ont rappelé leurs exigences en matière de revenus, davantage de protection des frontières européennes, mais aussi un versement plus rapide de la PAC, l’aide européenne à l’agriculture.
Il faut dire que le moment où a lieu ce Sommet, qui s’achève ce mardi 19, est d’importance. À moins de trois mois maintenant des élections européennes, les villes et les régions sont « unanimes à confirmer la nécessité d’une politique de cohésion renforcée, pour assurer une transition juste dans le futur cadre d’investissement de l’UE axé sur le soutien à la cohésion économique, sociale et territoriale ».
Aux côtés de ses partenaires fondateurs de l’Alliance pour la cohésion, une coalition à l’échelle européenne, le Comité européen des régions (CdR) a adressé aux institutions européennes et aux gouvernements nationaux un appel commun pour que « la politique de cohésion reste la clé de voûte du modèle de développement de l’Union européenne au cours des dix prochaines années ».
Des politiques européennes créant de l’insatisfaction en milieu rural
Les manifestations d’agriculteurs sont le signe le plus visible du mécontentement croissant qui s’exprime, tout particulièrement dans les zones rurales, à l’égard des politiques que mène l’Union européenne dans les domaines de l’environnement et de l’économie, et qui pourraient aggraver la pauvreté et l’exclusion sociale partout sur le continent.
Lors du débat en plénière qui a animé la première journée du Sommet, les ministres nationaux, les commissaires européens, les représentants de la présidence belge du Conseil de l’UE, ainsi que les gouverneurs et les maires régionaux se sont accordés à considérer que « l’Europe doit impérativement réaliser sa transition écologique de telle façon qu’elle soit équitable pour l’ensemble des citoyens et des secteurs industriels. La cohésion économique, sociale et territoriale devrait être placée au sommet de l’agenda européen, afin de continuer à encourager les transitions numérique et environnementale, mais aussi d’améliorer à tous les niveaux la résilience face aux catastrophes et aux crises ».
« le marché unique ne peut réussir que grâce à une politique de cohésion forte qui soutient toutes les régions »
Comme l’a également souligné l’ancien premier ministre italien Enrico Letta, « le marché unique ne peut réussir que grâce à une politique de cohésion forte qui soutient toutes les régions ». Enrico Letta, qui préside actuellement l’institut Jacques Delors, a été chargé par l’Union européenne de préparer un rapport sur l’avenir du marché unique, qui sera publié dans les semaines à venir.
A l’occasion de ce débat que le président du CdR, Vasco Alves Cordeiro, a lancé l’appel commun de l’Alliance pour la cohésion aux institutions européennes et aux gouvernements nationaux en faveur du « renouveau d’une politique de cohésion pour l’après-2027 qui ne laisse personne de côté ». Cet appel énonce les principes sur lesquels il convient de fonder la future politique régionale de l’Union européenne « afin qu’elle reste un pilier central de son modèle de développement et l’instrument cardinal de sa politique d’investissements décentralisés à long terme dans son futur budget. »
« La politique de cohésion est aujourd’hui plus nécessaire que jamais ! »
Pour Elio di Rupo, « Ce sommet est une occasion de rappeler l’importance de la politique de cohésion ! Elle est le ciment de l’Europe qui permet à des régions comme la Wallonie de se développer de manière ambitieuse et efficace. Des politiques à la fois plus proches des citoyens et plus adaptées aux enjeux des territoires ! »
Conseillère régionale de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Magali Altounian a évoqué : « Le projet de la Recyclerie de l’Ariane à Nice, qui a bénéficié de 1,2 M€ de financements européens. Il a permis aux habitants de s’impliquer davantage dans l’effort de tri, aux objets de trouver une seconde vie mais aussi de déployer une économie plus solidaire. Depuis son ouverture en 2023, elle a collecté 350 tonnes d’encombrants et reçu 5.194 visiteurs. »
Elisa Ferreira, commissaire européenne chargée de la cohésion et des réformes (lire son interview dans le numéro 170 de Régions Magazine actuellement en kiosque), a pour sa part déclaré : « Le rôle crucial de la politique de cohésion pour maintenir l’unité de l’Europe a été une fois de plus mis en évidence lors de cet important sommet. Face aux défis sans précédent auxquels l’UE est confrontée, notre maison commune européenne ne prospérera que si aucun lieu ni aucune personne ne se sentent laissés pour compte, si nous sommes en mesure d’exploiter les talents de chacun pour réaliser nos ambitions. La politique de cohésion est aujourd’hui plus nécessaire que jamais ! »
Poursuite du Sommet toute la journée ce mardi, avec une large séquence réservée au soutien aux régions et aux villes d’Ukraine.