Le Comité européen des régions dresse le bilan de la crise
À l’occasion de la 19ème “European Week” à Bruxelles, les élus européens ont réclamé davantage de pouvoir pour mieux faire face aux conséquences de la pandémie.
Philippe Martin
À l’occasion de la 19ème “European Week” à Bruxelles, les élus européens ont réclamé davantage de pouvoir pour mieux faire face aux conséquences de la pandémie.
Pendant quatre jours à Bruxelles, du 11 au 14 octobre, des centaines d’élus locaux (régions et villes) membres du Comité européen des régions (CdR) et venus de toute l’Europe, se sont retrouvés à Bruxelles à l’occasion de la 19ème “European Week”. L’occasion pour le président du CdR, le Grec Apostolos Tzitzikostas, de dresser le bilan de la crise liée à la pandémie, en présentant le deuxième “Baromètre régional et local annuel de l’UE”.
Un bilan dramatique sur le plan sanitaire, bien sûr, mais aussi sur le plan économique : « Notre baromètre, a expliqué le président, nous indique qu’en 2020, les collectivités régionales et locales européennes ont vu leurs dépenses augmenter de plus de 125 milliards d’euros, et ce alors même que leurs recettes chutaient de 55 milliards d’euros. C’est ce que nous appelons l’effet ciseaux. Celui-ci se traduit par un manque d’environ 180 milliards d’euros.
Par exemple, les municipalités néerlandaises ont enregistré un manque à gagner, évalué à quelque 350 millions d’euros, imputable aux seuls frais de stationnement. Les collectivités locales chypriotes ont vu fondre 25 % de leurs recettes. En Bulgarie, la perte est supérieure à 15 %, et en Italie, elle atteint près de 10 %. Des villes, telles que Torre Vedras au Portugal, ne seront plus en mesure d’offrir des repas aux étudiants défavorisés. La ville de Kladno en République tchèque pourrait ne plus pouvoir livrer médicaments et denrées alimentaires aux personnes âgées. Les moyens financiers alloués à ces services et bien d’autres encore sont issus non seulement des budgets régionaux et locaux, mais aussi des budgets nationaux et européens. »
Le président du CdR a également relevé la « fracture abyssale de la cohésion numérique : actuellement, seuls l’Allemagne, la Suède, la Belgique et les Pays-Bas se montrent capables de réduire activement la fracture numérique entre zones urbaines et rurales. Alors même que la couverture totale des ménages de l’Union disposant d’un internet à haute capacité est de 44 % dans les zones urbaines, ce taux n’est plus que de 20 % dans les zones rurales. »
Il a enfin rappelé que le baromètre « montre que 65 % des responsables politiques de nos régions, villes et villages pensent qu’ils n’ont pas suffisamment d’influence sur l’Union européenne, et 86 % d’entre eux estiment que le renforcement de l’échelon de gouvernement infranational dans le processus décisionnel européen serait porteur de progrès pour la démocratie de l’Union. »
Et de conclure : « Ces deux chiffres nous racontent une histoire bien réelle. L’histoire d’une démocratie qui avance en agissant en partenariat. L’histoire d’une population qui demande une Union européenne qui produise des résultats au niveau le plus proche de ses citoyens. Dans le cas contraire, de plus en plus de gens finiront par s’interroger sur son existence même. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne ne peut plus se contenter de rester un projet venu d’en haut, aveugle à ce qui se joue dans les territoires, comme nous l’avons malheureusement constaté dans le récent discours de la Commission sur l’état de l’Union. Ce n’est qu’au moyen d’une approche ascendante et fondée sur des valeurs, que l’Europe pourra rétablir la confiance des citoyens. »
Un discours vivement applaudi par les représentants venus de toute l’Europe. Rappelons que le Comité européen des régions, porte, ainsi que nous l’avions expliqué dans le supplément de Régions Magazine paru en décembre 2020, « la voix d’un million d’élus européens ».