Elle travaille pour “l’Europe du concret”
La BEI affiche des résultats records pour ses investissements en 2023. Malgré un contexte difficile, elle se veut plus que jamais en pointe au service de l’innovation, de la transition énergétique, des collectivités, des PME… et des citoyens européens et français.
Philippe Martin
La BEI affiche des résultats records pour ses investissements en 2023. Malgré un contexte difficile, elle se veut plus que jamais en pointe au service de l’innovation, de la transition énergétique, des collectivités, des PME… et des citoyens européens et français.
Il en faut beaucoup pour faire sortir Ambroise Fayolle de sa bonhommie naturelle, mais il y a quand même une chose qui l’agace : « Ce que nous vivons mal, parfois, lance le vice-président de la Banque Européenne d’Investissement, c’est le peu de retombées dont nous bénéficions par rapport à la masse de projets que nous soutenons. On n’en retrouve pas toujours les traces dans la presse ». Le tout prononcé devant une salle archipleine de journalistes attentifs, venus découvrir les résultats – enviables – de la BEI pour l’exercice 2023 !
Essayons donc de rattraper le coup. Dans un contexte guère favorable à l’Europe, entre la guerre en Ukraine, la colère des agriculteurs et la montée des populismes, à quelques mois d’élections européennes dont les sondages ne sont guère rassurants, la BEI affiche un volume d’activité record, avec le financement l’an dernier de plus de 900 projets à travers l’Europe pour un montant de 88 milliards d’euros.
Année record aussi pour la France, puisque le groupe BEI y a investi près de 12 Md€ : 10,6 Md€ pour la BEI elle-même, et 1,4 Md€ pour le FEI (Fonds Européen d’Investissement), sa filiale dédiée au soutien aux PME. Soit une croissance de 16 % par rapport à l’exercice 2022. Mais il faut bien entendu aller au-delà des chiffres. Souligner que plus des deux-tiers de ces investissements sont directement liés au climat et à la transition énergétique, le reste étant dédié à l’innovation, l’un n’empêchant d’ailleurs pas l’autre.
Relever que dans le cadre du programme “REPowerEU”, initiative européenne visant à réduire la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles, la BEI a investi 450 M€ pour le financement de la giga-usine de batteries électriques automobiles d’AESC à Douai (Hauts-de-France). Ou participé à hauteur de 150 M€ à la première émission d’obligations vertes de l’équipementier automobile Valéo. Et encore investi 442 M€ pour développer de nouveaux réseaux de chaleur et de froid avec Engie, sur 16 sites en France.
Au chapitre de l’innovation, deux projets emblématiques valent d’être soulignés, parmi beaucoup d’autres. D’abord, dans le domaine des semi-conducteurs, un secteur-clef pour notre autonomie stratégique, le soutien, à hauteur de 750 M€, du projet Global Foundries, contribuant au financement de la giga-usine de Crolles (Isère) qui va produire à grande échelle ces puces indispensables dans l’automobile ou l’internet des objets.
Ensuite, s’agissant de la santé, le financement de plusieurs “medtechs” dont Germitec, installée à Bordeaux, et qui a créé une technologie de désinfection des sondes médicales par rayonnement ultraviolet.
Transports : avec les Régions
Autre secteur capital, celui des mobilités : la BEI a consacré la bagatelle de 2,3 Md€ aux transports collectifs, premier secteur bénéficiaire de la banque de l’Europe l’an dernier. Cela va du financement de la ligne 15 du métro dans le cadre du Grand Paris Express (33 km, 22 communes et un million de Franciliens concernés, mise en service fin 2025) à l’accompagnement de grandes métropoles comme Nantes, Strasbourg et Tours dans leurs projets de transports urbains.
Les Régions ne sont pas en reste : s’agissant du ferroviaire, la BEI a signé l’an dernier des contrats de financement avec le Centre-Val de Loire, le Grand Est, la Nouvelle-Aquitaine et la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour un montant de 825 M€.
Pour sa part, le FEI travaille également avec les Régions. Au-delà de son soutien aux PME (689 M€ pour 20 opérations de garantie bancaire, 674 M€ pour 24 opérations d’investissements dans des fonds de capital-risque), la filiale de la BEI a également engagé des partenariats très forts avec plusieurs Régions : l’Occitanie (la première, depuis 2017), Auvergne-Rhône-Alpes, la Normandie et La Réunion, permettant de soutenir directement plus de 8.500 PME régionales.
On pourrait également parler de l’intervention de la BEI dans les secteurs de l’éducation (construction et rénovation de lycées en Île-de-France) ou du logement (500 M€ en partenariat avec la Caisse des Dépôts pour la construction de logements sociaux). On préférera laisser la parole à Ambroise Fayolle lorsqu’il conclut avec vigueur : « nous voulons montrer aux Européens l’importance de notre action quand il s’agit d’améliorer à la fois leur vie quotidienne mais aussi l’indépendance européenne. Nous travaillons pour l’Europe concrète, au service des citoyens ». On ne saurait mieux dire.
Philippe Martin