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Philippe Martin
26/10/2020
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Au stand Orange, débat animé entre le secrétaire d’Etat Cédric O et le président d’Orange Stéphane Richard.

Ils ont plus que jamais la fibre

Malgré les restrictions sanitaires, l’Université d’été du Très Haut Débit s’est tenu en “présentiel” aux Sables d’Olonne, devant plus de 1.000 participants. Une réussite exemplaire pour un secteur de pointe.

Ils auront tremblé jusqu’au bout. Organiser une manifestation en “présentiel”, comme on dit aujourd’hui, accueillir aux Sables d’Olonne, plus de 1.000 visiteurs répartis sur les deux journées, le gratin du Très Haut débit français, un ministre, le tout en marge du départ du Vendée Globe, cela paraissait un pari un peu fou. Pari tenu, et chalenge remporté : en ces temps de confinement, de couvre-feu et de précautions sanitaires renforcées, rien ne remplace le contact humain !

Le tout dans un respect strict des gestes barrières et des directives préfectorales, ce qui n’a empêché, ni la qualité des débats, ni la profondeur des échanges, ni la variété des stands présents sur le site. Organisée par IdealCO et InfraNum, en partenariat avec l’Avicca, l’Université du THD, les 20 et 21 octobre, s’est révélée être une réussite exemplaire.

Cette année encore, la France devrait être la nation européenne qui déploie la plus vite sa fibre. Si en 2019, le record de 4,8 millions de locaux raccordables avait été franchi, les acteurs du secteur estiment aujourd’hui que le niveau 2020 pourrait friser les 5 millions, soit nettement mieux que les 4,3 révisés au sortir du confinement. Les chiffres de l’Arcep l’en attestent déjà (1,2 millions de prises).

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Au stand d’Altitude Infra THD, Cédric O converse avec le PDG David Elfassy et la directrice générale Ilham Djehaich.

« Grâce à une forte mobilisation et un travail collectif remarquable, nous dénombrons 20,3 millions de locaux raccordables aujourd’hui en France », se réjouit Etienne Dugas, le président d’InfraNum, la Fédération qui regroupe l’ensemble des acteurs du Très Haut Débit en France. « Mais il en reste autant à déployer d’ici 2025 pour répondre aux objectifs du plan France THD. Et ce ne sera pas les prises les plus simples » prévient le président d’InfraNum.

D’où l’interpellation de Cédric O, Secrétaire d’Etat en charge du numérique, sur les derniers freins opérationnels à lever : suppression des calculs de charges sur les appuis aériens communs pour les raccordements (nécessaires à 20 % des déploiements en zones rurales – 800.000 au total), accélération de la Base d’Adresses Nationales (BAN) pour réduire les taux d’échecs de raccordements, simplification des reprises de conventions, glissement des prises de décisions vers le comité syndical de copropriété quand les assemblées générales ne peuvent avoir lieu, etc.

Face à tous ces sujets, le ministre s’est voulu rassurant et engagé. S’il ne peut pas accéder à toutes les demandes, il affirme qu’« une nouvelle équipe a été mise en place sur la BAN car il faut résoudre ce serpent de mer dont l’enjeu dépasse même le numérique ».

Un sujet qui tombe à point nommé puisque, si les acteurs du secteur ont mis l’accent sur les déploiements afin de retrouver le rythme d’avant crise, l’explosion de la commercialisation a surpris tout le monde.

Conséquence directe du confinement et du recours aux solutions numériques, les records mensuels de commandes sont légion chez tous les opérateurs. Contrairement au discours d’il y a quelques mois, la question du taux de pénétration ne semble donc plus d’actualité. Certains opérateurs annoncent même qu’ils dépasseront les scénarii cibles à fin 2020.

Cédric O, qui a rappelé la conviction de l’Etat dans le numérique puisque celui-ci y dédie 7 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance, a indiqué que « la fibre est un bien essentiel et nous en ferons un service universel à l’horizon 2025 ».

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Le Centre de congrès Les Atlantes a fait le plein pendant deux jours aux Sables d’Olonne, dans le strict respect des conditions sanitaires.

InfraNum et l’Avicca se sont alors déclarés pleinement mobilisés pour définir les modalités pratiques de ce chantier ambitieux mais nécessaire, qui conditionne l’extinction du cuivre. « C’est un travail de longue haleine que nous entamons et qui, pour son financement, nécessitera certainement la mise en place d’un mécanisme de péréquation à définir », prévient Patrick Chaize, Président de l’Avicca.

Autre enjeu majeur, l’emploi et la formation dans le secteur s’est également immiscé au sein de nombreux débats. Avec un record de recrutements en 2019, le pic n’est toujours pas atteint. Il devrait l’être l’an prochain avec environ 30.000 ETP (Equivalents Temps Plein), nécessitant 7.000 à 8.000 nouveaux entrants dans le secteur.

Or si les plateaux et structures de formation sont en place et les outils présents, les candidatures manquent toujours à l’appel. InfraNum estime que seul un soutien fort de l’Etat sur cette question, portera ses fruits. La Fédération en appelle donc à une campagne nationale de communication de la part de l’Etat pour faire connaître les métiers de la fibre et à la signature imminente d’un nouvel EDEC (Engagement Développement et Compétences).

Après avoir inauguré la première étape de son tour de France des « Ateliers des territoires connectés » à Angers, le 10 septembre dernier, en présence de Cédric O, InfraNum en a profité pour marteler son message : l’heure est à la construction du plan France territoires connectés et durables.

« Nous sommes exactement dans le même timing que lors de la mise en place du plan France THD. Cette phase amont est le moment idéal pour définir collectivement le cadre structurel, qui va permettre de modéliser, industrialiser et accompagner chaque collectivité dans la mise en place de son projet smart. Et le plan de relance nous offre l’assise financière pour le faire », explique Etienne Dugas.

« C’est le prochain horizon. Nous tirons l’infrastructure et nous nous intéresserons aux usages », a réagi Cédric O.

Prochaines étapes des Ateliers des territoires connectés : Le Havre puis Lille. L’occasion d’en reparler et de co-construire avec les industriels et les collectivités les conditions de la réussite de cette nouvelle étape cruciale pour les services aux usagers, la durabilité des territoires, la pérennité de la filière et des emplois liés.

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