Une montagne de projets
L'année de la présidence française pour les régions alpines (SUERA) est marquée par une volonté de faire travailler ensemble tous les acteurs autour de la dimension environnementale. Le premier sommet s'est déroulé à Lyon.
L’année de la présidence française pour les régions alpines (SUERA) est marquée par une volonté de faire travailler ensemble tous les acteurs autour de la dimension environnementale. Le premier sommet s’est déroulé à Lyon.
C’est une information un peu triste, mais tellement révélatrice. “Hier, explique la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté Marie-Guite Dufay, nous avons dû prendre une décision qui nous a beaucoup coûté : celle d’annuler l’une des plus grandes courses de ski de fond du monde, la Transjurassienne. Sur les 76 km de son parcours, il y avait trop de secteurs sans un grain de neige…” Une nouvelle qui jette un froid. Une première aussi, qui prouve si besoin en en était que le réchauffement climatique est bien une réalité. Et qu’il frappe encore davantage les massifs montagneux comme les Alpes et le Jura.
Cela tombe bien : l’année de la présidence française de la SUERA (Stratégie de l’Union européenne pour les Régions alpines) sera placée sous le slogan “Ensemble pour une région alpine plus verte”. Et le lancement de cette année française, le mardi 4 février à l’Hôtel de Région de Lyon, a été tout entier placé sous l’égide de la transition écologique.
Cette présidence française sera axée autour de sept thèmes : préserver la biodiversité et prévenir les risques naturels ; accélérer la transition énergétique de la région alpine ; développer la mobilité et les transports durables ; développer le tourisme soutenable en toutes saisons ; promouvoir la consommation de produits locaux de montagne en circuit court ; inciter les jeunes à participer au développement durable des Alpes ; et améliorer la gouvernance de la région alpine.
Derrière chacun de ces thèmes, une montagne de projets concrets, et une méthode originale de travail. Contrairement à la Bavière, au Tyrol et à la Lombardie qui l’ont précédée, la France a en effet choisi une présidence collective, partagée entre les trois Régions concernées (Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Aur et Bourgogne-Franche-Comté) et l’Etat. Et la mise en pratique de chacun de ces thèmes est confié à un binôme Etat-Région.
C’est ce qu’ont tenu à rappeler les différents orateurs du premier sommet de Lyon. Raffaele Cattaneo, assesseur à l’Environnement de la Région Lombardie, a évoqué le bilan de la présidence lombarde de l’année 2019, autour de thématiques comme le partage de solutions durables, la création de “villages intelligents” ou le développement de l’économie circulaire. “De belles initiatives, mais nous allons encore accélérer, a promis dans la foulée Marie-Guite Dufay, rappelant au passage l’importance de la jeunesse dans le devenir des régions alpines. “A nous de décrocher des financements européens massifs pour ces territoires et leurs habitants“, a surenchéri Renaud Muselier, président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur.
En tant qu’hôte de ce premier sommet, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a tracé le contour d’une stratégie qui doit conduire à faire des Alpes “la première région de montagne durable au monde“. “L’intérêt d’un programme comme la SUERA, c’est que sa taille permet de dégager une vision d’ensemble, mais que la proximité des acteurs que nous sommes autorise à agir avec agilité, et sur du concret“. Il a notamment insisté sur une réalisation en cours comme le Lyon-Turin : “un enjeu essentiel, quand vous songez que 90 %du trafic France-Italie se fait par la route, alors que 70 % du trafic Italie-Suisse se fait par le rail ! Il faut sortir les camions de nos vallées”. Et évoqué la stratégie hydrogène, le tourisme des quatre saisons ou encore les circuits courts.
La ministre française de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault a rappelé que le projet de la SUERA est né en France, en 2013 à Grenoble. Elle s’est réjouie de ce “partenariat inédit Etat-Régions”, et a promis l’engagement du gouvernement pour faire de cette présidence française une réussite.
La journée s’est poursuivie autour d’ateliers comme “Partageons nos idées pour un tourisme durable“, “Quels circuits courts pour les produits agricoles et sylvicoles dans la région alpine ?” ou encore “Passons à l’énergie verte”. Des travaux qui se poursuivront tout au long de l’année au travers de diverses manifestations, dont un camp d’été dédié aux jeunes dans le Jura en juillet, plusieurs rencontres à Bruxelles afin de mobiliser les crédits européens dans la mise en œuvre de la SUERA, et le Forum de clôture programmé en décembre prochain à Nice. Autant de manifestations dont on trouvera le suivi dans les colonnes de Régions Magazine.
Philippe Martin
Qu’est-ce que la SUERA ?
La SUERA (EUSALP en version anglaise) est une des quatre stratégies macro-locale de l’Union européenne (les trois autres concernant l’Adriatique, la Baltique et le Danube) qui vise à faire travailler ensemble les Etats et les Régions alpines, pour trouver des réponses à des problèmes partagés par près de 80 millions d’habitants : emploi, patrimoine, savoir-faire, mobilités, préservation des ressources naturelles, changements climatiques, défis énergétiques.
Elle rassemble sept pays dont 5 membres de l’Union européenne (France, Allemagne, Italie, Autriche, Slovénie) plus la Suisse et le Liechtenstein. Ainsi que 48 Régions, comme la Bavière, la Lombardie, le Tyrol et trois régions françaises.
Nicolas Plain l’ambassadeur
Originaire de Grenoble, Nicolas Plain est un jeune scientifique de 29 ans qui arpente le territoire alpin en parapente et réalise de superbes documentaires vus du ciel, dont le dernier, “Il faut sauver les Alpes”, sera projeté au prochain Festival de Cannes. La présidence française lui a confié le rôle d’ambassadeur de la SUERA, qu’il accompagnera tout au long de l’année 2020, pour mieux faire connaître son action auprès des citoyens.