Un Livre blanc de toutes les couleurs
En présentant leur projet “Vers une République de la confiance” à destination des candidats, les Régions de France vont bien au-delà de l’élection présidentielle et proposent un vrai retour à la décentralisation. Y compris pour la Corse.
Philippe Martin
En présentant leur projet “Vers une République de la confiance” à destination des candidats, les Régions de France vont bien au-delà de l’élection présidentielle et proposent un vrai retour à la décentralisation. Y compris pour la Corse.
Pour présenter son “Livre blanc” à l’intention des candidats à l’élection présidentielle, Régions de France avait mis les petits plats dans les grands : présence à Paris de la présidente de l’association Carole Delga et du président délégué Renaud Muselier, de la présidente de l’Assemblée de Corse Nanette Maupertuis et du président de la Collectivité de Corse Gilles Simeoni (ce dernier en visio)… C’est qu’au-delà d’une simple interpellation des candidats, les présidents de Région ont dévoilé un véritable programme permettant de faire franchir à notre pays un nouveau pas vers la décentralisation.
La présidente Carole Delga, s’appuyant sur un récent sondage de l’IFOP dans lequel 74 % des Français interrogés affirment « faire davantage confiance aux Régions qu’à l’Etat », a présenté ce qui s’apparente à la fois comme une nouvelle philosophie de la gestion républicaine, et comme un catalogue de mesures : 64 au total, dont certaines anciennes et d’autres plus audacieuses. A commencer par le soutien affiché pour la première fois, à un statut renforcé de l’autonomie de la Corse. Gilles Simeoni, rappelant le score des autonomistes lors des derniers scrutins, a plaidé en faveur de « compétences transférées pour lesquelles les collectivités auraient un pouvoir normatif », en gros celui de voter la loi, ce qui nécessitera au passage une modification de la Constitution.
Dans la foulée, les Régions réclament d’ailleurs de renforcer aussi l’autonomie des collectivités ultramarines, et, au-delà, de donner à l’ensemble des collectivités un pouvoir réglementaire autonome de celui du Premier ministre. Exactement ce que la fameuse et très décriée “loi 3DS” portée par la ministre Jacqueline Gourault, depuis exfiltrée au Conseil constitutionnel, n’a pas voulu intégrer…
D’ailleurs, plusieurs des réformes réclamées reprennent celles qui ont été retoquées par l’ex-ministre : le pilotage de Pole Emploi, la co-présidence des agences régionale de santé, des responsabilités accrues en matière de mobilité et de gestion des énergies, une autonomie financière reforée avec la gestion complète des fonds européens. Et surtout une « nouvelle méthode », le retour à un véritable dialogue après cinq années de recentralisation avouée ou masquée.
Et comme première étape, au lendemain de l’élection, le lancement dans chaque Région, des « États généraux des libertés locales et de la confiance dans l’action publique », afin que les promesses du candidat qui aura été élu ne se perdent pas en route…
Philippe Martin
Le chiffre
13.600
C’es le nombre de places supplémentaires qui seront ouvertes à compter de 2023 dans les formations sanitaire et sociales gérées notamment par les Régions. Une progression de 20 % dans le cadre d’un accord gouvernement-Régions annoncé le 14 mars. 22