Il n’y aura pas de déconfinement par régions
L’hypothèse “régionalisée” est abandonnée, mais de nombreuses interrogations demeurent.
Philippe Martin
L’hypothèse “régionalisée” est abandonnée, mais de nombreuses interrogations demeurent.
Le bruit en avait fortement couru ces derniers jours, finalement il n’en sera rien : la France ne sera pas “déconfinée” par région. C’est un des enseignements de la réunion qui s’est tenue jeudi entre le président de la République d’un côté, 22 maires et représentants d’associations d’élus de l’autre, le tout bien sûr par vidéoconférence.
Parmi les élus, François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine, Caroline Cayeux, présidente de Villes de France, Jean-Luc Rigaut, président de l’Assemblée des communautés de France (AdCF), Christophe Bouillon, président de l’Association des petites villes de France (APVF).
Premier enseignement donc, émanant d’Emmanuel Macron lui-même : la phase de déconfinement “ne se fera pas de manière régionalisée. Un cadre national va être fixé pour être ensuite adapté et territorialisé”.
En revanche, la fin du déconfinement devra se préparer avec les maires, en particulier dans des domaines sensibles comme le retour des enfants en classe, ou des transports.
.@francoisbaroin participe ce matin, avec les présidents d’associations de maires et des #maires, à la visio organisée par @EmmanuelMacron. Il va rappeler le rôle de garde nationale des maires au côté de l’Etat, leur rôle dans le plan de #Deconfinement11Mai du gouvernement. (1/2) pic.twitter.com/Aj3CMtucKt
— AMF | maires de France (@l_amf) April 23, 2020
Cet abandon de l’hypothèse de la “régionalisation” du déconfinement sera plutôt de nature à satisfaire les présidents de Région, même si certains expriment des réserves, à l’image d’Hervé Morin, président de la Région Normandie : “Il n’y a pas de raison d’avoir les mêmes règles qu’ailleurs dans les régions où le virus ne circule pas. On a des régions et des départements dans lesquels la pandémie a peu circulé : on ne peut pas appliquer les mêmes règles en Seine-Saint-Denis et dans la Manche ! On doit pouvoir rouvrir les hôtels, restaurants, avec des règles nationales pour assurer la sécurité sanitaire. Si nous ne faisons pas cela, nous allons mourir économiquement !”, a-t-il notamment déclaré le vendredi 24 avril sur l’antenne de RTL.
Pour Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine (métropoles et grandes villes), et maire de Toulouse, “la réunion s’est déroulée sous le signe de l’écoute de la part du chef de l’Etat, disposé à entendre les retours d’expérience des élus locaux.”
Le président de la République a annoncé la présentation de la doctrine sanitaire de l’Etat pour le début de semaine prochaine. Cette doctrine sera la pierre angulaire de la déclinaison de la stratégie globale, notamment pour les secteurs de l’éducation et des transports, deux principaux sujets de la réunion et concernés principalement par le déconfinement progressif à partir du 11 mai.
Le déconfinement sera donc bien différencié et adapté selon les territoires. La mise en œuvre sera adaptée par le couple préfet-maire sera bien privilégiée pour la mise en œuvre pour s’ajuster aux spécificités locales.
Ecole : un retour progressif, adapté et concerté localement
Selon France urbaine, “La stratégie globale n’est pas encore arrêtée.” Le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse Jean-Michel Blanquer échangera d’ailleurs avec les maires des grandes villes et les présidents d’EPCI membres de France urbaine ce samedi 25 avril en visioconférence.
Cependant, le président de la République a déjà indiqué que le retour à l’école dès le 11 mai vise à privilégier les élèves en décrochage scolaire et les enfants dont les parents sont déjà ou seront amenés à devoir reprendre une activité professionnelle physique.
S’agissant des masques, les consignes indiquées par le Gouvernement depuis plusieurs jours ont été confirmées : les masques FFP2 et chirurgicaux sont gérés par l’Etat. Les collectivités locales ont été remerciées et doivent poursuivre leurs démarches concernant les masques « grand public ». D’ici le 11 mai, aucune consigne sur le port de masque n’est prévue. Après le 11 mai, le porte du masque sera vraisemblablement recommandé mais pas rendu obligatoire (sauf peut-être transport). Le respect des gestes barrières devra être prolongé, l’Etat confirme la nécessité d’équiper les agents d’Etat et territoriaux en contact de public, de masques normés. Les tests PCR, également appelés test nasopharyngés, sont privilégiés et doivent être organisés par l’Etat qui va définir, en fonction de la situation sanitaire, le nombre de tests nécessaires à chaque territoire. Les tests sérologiques généralisés sont considérés comme inutiles.
Enfin, le sujet des finances locales ainsi que celui du plan de relance seront abordés lors d’une prochaine réunion avec le président de la République. A ce sujet Régions de France a exprimé de vives inquiétudes devant “les perspectives sombres pour les finances des Régions”.
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Il n’y a pas de raison d’avoir les mêmes règles qu’ailleurs dans les régions où le virus ne circule pas.
On doit pouvoir réouvrir les hôtels, restaurants, avec des règles nationales pr assurer la sécurité sanitaire. Si nous ne faisons pas cela nous allons mourir économiquement! pic.twitter.com/OUzeLDP4fe— Hervé Morin (@Herve_Morin) April 24, 2020