Au congrès des Maires, les territoires restent unis
Mais l’absence du président de la République n’a pas été bien vécue par les maires, dont plus de 50 % envisagent de ne pas se représenter aux prochaines élections municipales.
Philippe Martin
Mais l’absence du président de la République n’a pas été bien vécue par les maires, dont plus de 50 % envisagent de ne pas se représenter aux prochaines élections municipales.
“Tenons moins de propos de tribune, faisons plus de pas concrets et faisons-les ensemble ! Nous n’y parviendrons pas en montant les collectivités contre l’État”. La phrase est de Sébastien Lecornu, ministre des Collectivités territoriales auprès de Jacqueline Gourault. On doute qu’elle soit de nature à rassurer les maires à l’occasion de leur congrès annuel, ulcérés qu’ils sont par l’absence de président de la république Emmanuel Macron, lequel s’était pourtant fermement engagé à revenir chaque année à la Porte de Versailles. Là où il avait reçu un accueil plus que mitigé l’andernier.
Après le congrès des Départements de France quelques jours auparavant à Rennes, celui des maires marque de nouveau la difficulté du gouvernement à dialoguer avec la quasi-totalité des niveaux de collectivités de notre pays. Et aussi le malaise des maires, dont une récente enquête du Cevipof en collaboration avec l’Association des Maires de France a démontré que la moitié d’entre eux envisagent de ne pas se représenter aux élections municipales de 2020 (et 55 % dans les petites communes !).
Au cœur des débats, les différents reculs enregistrés ces derniers mois dans le domaine de la décentralisation, et bien sûr la réforme, ou plutôt la suppression annoncée de la taxe d’habitation, entourée d’un très grand flou depuis plusieurs mois. La campagne #balancetonmaire, lancée mi-octobre par des militants d’En Marche sur les réseaux sociaux, pour dénoncer des hausses de la taxe d’habitation dans certaines communes, a été extrêmement mal vécue par les édiles. D’autant qu’elle a été savamment relayée par le ministre des Finances Gérald Darmanin.
Dans ce contexte, la démarche des Assises des libertés locales #TerritoiresUnis était à l’honneur du 101e Congrès des Maires de France. François Baroin, président de l’AMF, Dominique Bussereau, président de l’ADF et Renaud Muselier, président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, représentant le président de Régions de France Hervé Morin, avant que ce dernier n’arraive lui-même au congrès de l’AMF, ont invité les maires à participer aux 13 réunions décentralisées organisées jusqu’à la fin de l’année dans toute la France. Objectif : écrire la troisième étape de la décentralisation. Le matin même, la plateforme participative www.territoiresunis.fr avait été mise en ligne pour recueillir les contributions.
Hôte de la journée, François Baroin a invité les Maires à applaudir les représentants des Départements et des Régions. Avec les Assises, “l’idée est de mettre les choses sur la table : si les collectivités paient, elles doivent être autour de la table pour prendre les décisions”,a insisté le président de l’Association des maires de France. Et de prévenir que “la question des moyens sera au centre des Assises des libertés locales”.
“Notre message au gouvernement est clair : nous combattons la recentralisation ! Il faut laisser les territoires s’exprimer”,a souligné Renaud Muselier. En fin de matinée, le président du Sénat Gérard Larcher a rejoint les représentants des trois associations membres de #TerritoiresUnis, pour inaugurer ensemble le Salon des maires. Un signal fort de la solidarité entre Communes, Départements et Régions.
“Je veux donner une chance au nouveau gouvernement, a toutefois lancé Hervé Morin, j’ai eu de premières conversations positives avec Jacqueline Gourault et Sébastien Lecornu. Je veux y croire… jusqu’à ce que je constate que je me suis trompé”, a conclu le président de Régions de France. La balle est, une fois encore, dans le camp du gouvernement.