Vivre autrement
La crise sanitaire a renforcé un phénomène sous-jacent depuis plusieurs années : les nouvelles attractivités du territoire. Un dossier complet à retrouver dans le n°161 de Régions Magazine.
Philippe Martin
La crise sanitaire a renforcé un phénomène sous-jacent depuis plusieurs années : les nouvelles attractivités du territoire. Un dossier complet à retrouver dans le n°161 de Régions Magazine.
En octobre 2020, six mois après le premier confinement, la Fédération Syntec, qui rassemble 3.000 sociétés travaillant dans le secteur du numérique du conseil ou de la formation professionnelle, publie un sondage réalisé à sa demande par l’IFOP, aux résultats pour le moins étonnants : 41 % des Français (et 60 % des actifs franciliens !) se disent prêts à changer de région pour raison professionnelle. Et ce sont les acteurs locaux qui emportent la confiance des actifs pour contribuer à accroître l’attractivité des territoires : 86 % des personnes interrogées font confiance aux PME et TPE, 78 % aux Régions, et 77 % aux collectivités de plus petite taille (petites et moyennes agglomérations).
Les périodes de confinement successifs n’ont fait que renforcer ce phénomène. La qualité et le prix de l’habitat, l’offre de logements, la facilité de transports, l’agrément du cadre de vie, et bien sûr, la montée en puissance du télétravail, poussent de nombreux Français à envisager un départ vers des agglomérations moins vastes, voire des secteurs ruraux… quand ils n’ont pas déjà commencé à le faire !
Et les études plus réentes ne font que confirmer, sinon amplifier le phénomène. Ainsi la dernière en date, l’enquête OpinionWay pour le compte de l’Observatoire national du cadre de vie, publiée fin novembre (lire en encadré) , révèle-t-elle que 34 % des Français envisagent de déménager pour changer de cadre de vie, dont 22 % dans l’année qui vient ! La région parisienne venant très largement en tête dans cette envie de bouger (43 %), très loin devant le sud-ouest (25 %) ou même le nord-ouest (29 %).
Alors, bonne ou mauvaise chose que cette « nouvelle attractivité des territoires » ? On serait tenté de répondre oui… et non.
Oui, car on assiste là à une sorte de rééquilibrage territorial imposé par les Français eux-mêmes, au profit de secteurs un peu oubliés, sinon délaissés, comme les centres-bourgs ou les zones rurales. L’Etat ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui avait anticipé le mouvement en créant différents programmes, à commencer par le plus ambitieux d’entre eux, « Action Cœur de ville », dont la présidente de l’ANCT (Agence Nationale de Cohésion des Territoires) Caroline Cayeux parle dans les pages qui suivent : plus de 200 villes moyennes y ont adhéré, ce qui leur permet de renforcer leur attractivité, en rendant leur centre-ville plus attrayant, en offrant davantage de services, sinon d’emplois.
Mais on peut aussi répondre par la négative. Car les facteurs qui rendent cet exode programmé plus malaisé ne manquent pas. Dans le sondage OpinionWay déjà évoqué, lorsqu’on interroge les sondés sur leurs raisons de ne pas aller vivre en zone rurale ou en couronne de ville, c’est le « manque de services » qui arrive largement en tête, qu’il s’agisse de médecins ou de services publics. La désertification médicale est effectivement une raison majeure de rejet, même si l’Etat semble commencer à s’y intéresser ces derniers temps. Heureusement, les Régions ne l’ont pas attendu pour ouvrir, par exemple, des centaines de Maisons de santé pluridisciplinaires sur leur territoire.
Relance
Quand les « territoires » multiplient les initiatives
Autres facteurs de rejet : une connexion internet ou au réseau mobile insuffisante (mais le combat contre les “zones blanches” est fortement engagé, comme le rappelle la CEO d’Orange Fabienne Dulac dans notre dossier) ; ou encore les problèmes de mobilité (d’où l’importance de conserver les “petites lignes” ferroviaires que d’aucuns rêvaient de supprimer purement et simplement). Sans parler des conséquences négatives du phénomène, ce qu’Alain Rousset, président de la commission « Aménagement du territoire » à Régions de France appelle « les encombrements », de circulation, de logement, de hausse des prix des loyers…
Autant de phénomènes que nous analysons en mettant en exergue les initiatives prises par les « territoires ». Du village nordiste de La Flamengrie qui a créé son « livret du d’accueil du néorural » jusqu’aux agglomérations de Lille, de Châteauroux ou d’Aix-en-Provence championnes de l’intégration des arrivants. Des départements du Lot ou de l’Ardèche qui font le maximum pour vous donner envie de vous y installer dans la demi-heure. De la région normande à l’entreprise bretonne Arkéa qui recrutent à tour de bras, le choix est vaste.
Embarquez donc avec nous dans ce Tour de France des nouvelles attractivités, en lisant notre numéro 161, en kiosque dès cette semaine.
Philippe Martin
Le chiffre
61
Pour 61 % des sondés, le service public de proximité « tout-à-fait prioritaire » est « la présence d’un médecin généraliste à moins de 15 minutes » (et prioritaire pour 90 % des sondés). Viennent ensuite la présence d’une pharmacie et de commerces de proximité.
Chiffres tirés du Sondage OpinionWay pour l’observatoire National du Cadre de vie, réalisé du 1er au 15 octobre 2021 sur un échantillon de 1.051 personnes représentatif de la population française, constitué selon la méthode des quotas.