Discours d’Emmanuel Macron : réactions “nuancées”
Les grandes associations d’élus saluent le cap tracé, mais soulèvent les questions non résolues.
Philippe Martin
Les grandes associations d’élus saluent le cap tracé, mais soulèvent les questions non résolues.
« Je regrette que le Président de la République n’ait pas totalement et concrètement répondu à tous les enjeux sanitaires de cette crise ce soir » : pour Renaud Muselier, président de Régions de France et de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, « le Président de la République a fixé un calendrier et une méthode, mais n’a répondu qu’à la moitié des problématiques ».
Et Renaud Muselier de poursuivre : « En fixant un nouveau délai de confinement au 11 mai, le Président de la République a répondu favorablement à une attente importante des territoires : il fallait, dès ce soir, montrer aux Français qu’il existe un cap, une perspective clairement établie dans le temps. C’est chose faite, et cela comporte un certain nombre de conséquences importantes pour les événements sportifs et culturels, à commencer par les festivals estivaux chez qui l’attente était très forte.
Ce cap de déconfinement a également été fixé pour la réouverture des établissements scolaires et les entreprises. Ces mesures ne peuvent pas être prises du jour au lendemain : elles doivent naturellement être accompagnées d’un dispositif sanitaire adapté.
Adresse aux Français. https://t.co/sEeWhau5Mo
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 13, 2020
Il a ainsi annoncé le déploiement d’une vaste campagne de dépistage pour les publics les plus menacés, mais aussi la remise à chaque Français d’un masque grand public partout sur le territoire.
Cette stratégie sanitaire nouvelle, applicable dès le 11 mai, paraît adaptée à un déconfinement progressif : encore faut-il en avoir les moyens partout dans le pays !
La France doit donc continuer, avec l’appui de ses entreprises, et de ses collectivités territoriales, de se munir d’un maximum de stock de tests comme de masques. Sur ce volet, le président de la République n’a répondu qu’à la moitié des enjeux : pas de traitement identifié malgré la rencontre avec le Professeur Didier Raoult, alors que la visibilité sur le stock et l’approvisionnement en masques et en tests reste flou.
Enfin, le Président de la République a également tracé un certain nombre de perspectives importantes pour l’avenir : réindustrialisation de la France pour assurer son indépendance, recentrage sur la solidarité et sur l’humain. Nous aurons à faire face à un choc économique sans précédent pour lequel des dispositifs d’urgence, de solidarité et de relance sont mis en place par l’Etat et par toutes les Régions de France, dans le cadre du Plan national de solidarité.
Cette projection dans l’avenir est bien sûr essentielle, mais nous devons avant tout rendre cet avenir possible ! Pour cela, je regrette que le Président de la République n’ait pas totalement et concrètement répondu à tous les enjeux sanitaires de cette crise ce soir », conclut Renaud Muselier.
Masques, déconfinement : France urbaine demande l’élaboration d’une stratégie nationale, en étroite coordination avec les territoires
Du côté de France urbaine, l’association qui rassemble les métropoles et les grandes villes françaises, la réaction est un peu plus enthousiaste, mais il subsiste des inquiétudes.
« Je salue la franchise du propos et l’humilité dont a su faire preuve le Président Emmanuel Macron, affirme Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. La reconnaissance des failles et des ratés du mois écoulé crédibilise la parole de l’Etat. Le calendrier et la méthode semblent désormais plus clairs qu’ils ne l’ont jamais été depuis le commencement de cette crise.
Je retiens la reconnaissance du rôle essentiel des maires et de leurs administrations dans la gestion de la situation. Nous avions identifié la nécessité d’une aide renforcée aux plus démunis, la prise en compte des risques sociaux liés à la fracture éducative et le soutien particulier aux petits entrepreneurs indépendants : il est donc pertinent de prioriser ces enjeux.
Comme nous le demandons avec l’ensemble de mes collègues maires, une coordination renforcée entre Etat et collectivités sera indispensable pour accompagner la sortie de crise. Ainsi que pour généraliser les tests pour les Français souffrant de symptômes – après en avoir équipé les résidents et agents des EHPAD – ainsi que pour distribuer les masques dits grand-public.
Certaines inquiétudes persistent malgré tout : comment accompagner les secteurs économiques les plus fragilisés, voire sinistrés, par cette crise ? Comment aider à la reprise de l’emploi sur nos territoires ?
Pour revenir à une situation normale, une feuille de route commune, coconstruite entre l’Etat et les collectivités, devra être élaborée dans les semaines à venir. Car, si le discours est pertinent, ce sont les moyens effectivement mobilisés et déployés sur le terrain qui détermineront l’efficacité du dispositif. Dans un mois, il nous faudra être prêts. Au-delà des intentions, les Français, comme les élus locaux, jugeront aux faits », conclut Jean-Luc Moudenc.
Pour sa part l’AMF (Association des maires de France) demande « que soit défini, en concertation avec les maires, un plan de déconfinement précis au niveau national. Les communes et leurs intercommunalités, qui assurent le service universel de proximité pour nos concitoyens, sont concernées par tous les aspects de la lutte contre l’épidémie. Pour être efficace, la fin programmée des mesures de confinement devra être menée étroitement en lien avec les maires et leurs équipes ».