Verdir le patrimoine ancien
Le tourisme patrimonial s’inscrit dans une démarche de développement durable. Martin Malvy, président de Sites & Cités remarquables de France, qui tient son congrès annuel fin juin à Dax, explique comment.
Philippe Martin
Le tourisme patrimonial s’inscrit dans une démarche de développement durable. Martin Malvy, président de Sites & Cités remarquables de France, qui tient son congrès annuel fin juin à Dax, explique comment.
Quand on parle de “retraite active”, un nom vient immédiatement à l’esprit : celui de Martin Malvy. L’ancien ministre du Budget, qui fut aussi député, conseiller général, maire de Figeac pendant plus de vingt ans, et, bien sûr, président de la Région Midi-Pyrénées, a décidé de profiter de sa fin d’activité d’élu pour se consacrer à la défense de notre patrimoine. Et il le fait avec ses qualités bien connues : travail, méthode, enthousiasme, opiniâtreté.
Notamment en présidant depuis 2000 la très active association Sites & Cités remarquables de France, qui regroupe les “Sites patrimoniaux remarquables” et les villes et pays signataires de la convention “Villes et Pays d’art et d’histoire”, et qui tiendra son congrès à Dax les 30 juin et 1er juillet. Son président en précise les enjeux pour Régions Magazine.
Régions Magazine : Le congrès de Sites & Cités remarquables de France, les 30 juin et 1er juillet à Dax, est centré sur la thématique “Centres anciens, nouveaux climats”. Pouvez-vous expliquer ce choix, et en quoi il concerne votre association ?
Marin Malvy : Notre congrès traitera en réalité de deux thèmes principaux. D’abord « La Loi : Malraux, 60 ans et après ? ». Cette loi a effectivement constitué une étape fondamentale dans la prise en compte de notre patrimoine, en créant les secteurs sauvegardés, mais il est important de voir ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Le label Villes et Pays d’art et d’histoire est né il y a une quarantaine d’années, ses ambitions ont-elles été atteintes ? Et où en sommes-nous aujourd’hui s’agissant de l’indispensable dialogue entre les collectivité locales et l’Etat ?
Le second thème tournera autour de la “transition énergétique dans les centres anciens”. Une des clés pour lutter contre le réchauffement climatique réside dans une restauration responsable du foncier bâti. Bien entendu, cette démarche, s’agissant des villes anciennes, doit s’inscrire dans leur réalité : un habitat ancien, des rues étroites, des quartiers peu végétalisés, des sols très imperméabilisés qui favorisent des phénomènes d’inondations brutales…
Avec de surcroît de fortes disparités, entre les quartiers anciens des grandes villes, comme Lyon ou Toulouse, adhérentes de notre association, et des villages ruraux. On voit bien l’importance des enjeux, et l’intérêt qu’il y a à trouver des solutions répondant à l’urgence climatique.
RM : Le dossier que Régions Magazine consacre cette année au tourisme est consacré à l’écotourisme, au slow tourisme. Comment votre association peut-elle s’inscrire dans cette démarche très en vogue mais aussi, écoresponsable ?
MM : Le tourisme fait bien évidemment partie intégrante de notre réflexion. Il faut savoir qu’un touriste sur deux choisit de visiter la France pour sa culture et son patrimoine. Au-delà de l’aspect uniquement environnemental, il y a donc là un enjeu économique capital. La crise sanitaire, si elle nous a privés d’un certain nombre de touristes étrangers, a plus que jamais poussé les Français à redécouvrir les richesses de notre pays. Provoquant ainsi d’autres phénomènes, comme la saturation de certains sites, l’agacement des habitats qui trouvent les pratiques des touristes insupportables…
C’est pourquoi nous prônons depuis longtemps une démarche moins stressante, plus apaisée, respectant la protection de notre patrimoine, que l’on range aujourd’hui sous le vocable de “slow tourisme”. Cela passe par exemple par la mise en valeur de certaines pépites qui restent peu ou pas connues, alors que d’autres subissent une telle surfréquentation que leur intérêt disparaît en partie.
Dans cet esprit, nous avons lancé en septembre dernier, en collaboration avec Atout France, la seconde campagne #RemarquableFrance, afin de promouvoir nos destinations auprès d’influenceurs, et de leur faire découvrir des pépites patrimoniales. 14 villes ont adhéré à ce projet (NDLR : parmi lesquelles Beaucaire, Châteaudun, Besançon, Moulins, Périgueux, Vitré ou Pézenas).
Propos recueillis par Philippe Martin
Lire la suite dans le n°163 de Régions Magazine, actuellement en kiosque.
Un congrès, deux thématiques
Le quatrième Congrès National de Sites & Cités remarquables de France aura lieu les 30 juin et 1er juillet à Dax (Landes). Il aura pour thème “Centres anciens, enjeux climatiques & écologiques”.
Avec deux grandes plénières autour de « la Loi Malraux, 60 ans et après ? » et de « Centres anciens, nouveau climat ». Des partenaires comme les ministères de la Culture, de la Transition écologique, de l’Europe et des Affaires étrangères, des Collectivités territoriales, l’Agence nationale de la cohésion des territoires, la Région Nouvelle-Aquitaine et le Département des Landes.
Et des thèmes d’atelier comme « Renaturer les centres anciens » ; « Centres anciens et revitalisation » ; « Tiers lieux fabriques, des liens nouveaux pour agir en centre ancien » ; « La transition énergétique dans les centres anciens », etc.