La renaissance de l’électronique nationale
L’accompagnement d’ALL Circuits, l’un des premiers fabricants français de cartes électroniques, constitue une illustration concrète de la volonté de l’Etat et de la Région Centre-Val de Loire de relocaliser des activités industrielles sous-traitées en Chine. Le groupe a ainsi bénéficié d’un coup de pouce de près de 2 M€ du plan France relance, pour agrandir sensiblement son usine du Loiret et booster sa production. En ligne de mire, le développement annoncé des véhicules électriques, dont ALL Circuits est sous-traitant pour Renault.
L’agrandissement de 6.000 m² de l’usine MSL circuits, située à Meung-sur-Loire, dans l’agglomération orléanaise, permettra de doper la production de cartes électroniques de l’unité du groupe ALL Circuits. Le siège de cette ETI, qui a réalisé 295 M€ de chiffre d’affaires en 2021 et emploie environ 2.000 collaborateurs en France et à l’international, est aussi installé sur le site du Loiret.
Inaugurée en juin dernier, la nouvelle usine 4.0 est désormais opérationnelle. Elle a nécessité un investissement de 8 M€ pour la construction du seul bâtiment. Côté équipements, 25 M€ supplémentaires seront injectés sur trois ans par ALL Circuits. Les premières lignes de fabrication, des systèmes de contrôle des batteries électriques pour le constructeur automobile Renault, sont d’ores et déjà opérationnelles.
Cet effort financier du groupe est soutenu par l’Etat via le plan France Relance. Deux enveloppes respectives de 800.000 € lui ont été allouées. S’y ajoute une aide de 300.000 € destinée à la recherche et au développement. Au total, ALL Circuits percevra donc une subvention de d’1,9 M€. De son côté, l’exécutif régional a apporté sa contribution à deux échelons majeurs. En amont, la collectivité a facilité le montage du dossier de l’ETI. Elle lui a notamment fléché les différents dispositifs d’aides prévus dans le plan France Relance.
La Région a d’autre part permis une mise en œuvre rapide du dossier en fédérant les différents services de l’Etat. « Seulement neuf mois ont été nécessaires pour que le nouveau bâtiment industriel sorte de terre et soit opérationnel, se félicite Bruno Racault, PDG d’ALL Circuits. Pour un projet de cette ampleur, c’est exceptionnel ».
10% d’électronique made in Europe en 2030
Dans les faits, la manne de Bercy, appuyée par l’ingénierie et les conseils de la Région Centre-Val de Loire, a pour vocation de soutenir le développement d’une production française compétitive de composants électroniques, participant ainsi au renforcement de la souveraineté industrielle nationale. Depuis deux décennies, l’électronique industrielle a pratiquement disparu du territoire français.
« Moins de 5 % est actuellement fabriqué en Europe, où il ne reste plus que quelques acteurs, comme STMicroelectronics en France, assure Bruno Racault. L’objectif est d’atteindre 10 % d’ici huit ans. La nouvelle unité y contribuera en se positionnant comme la plus importante usine hexagonale de cartes électroniques fabriquées, et non plus seulement assemblées, sur le territoire ». En effet, ALL Circuits importe aujourd’hui la plupart de ses circuits imprimés en Asie et aux Etats-Unis.
Ce retour de la production sur le territoire été également liée à l’évolution du marché automobile, où ALL Circuits réalise 75 % de ses recettes. L’ETI intervient également comme sous-traitant pour les industriels électriques comme Schneider et Général Electric. Sur son corps principal d’activité, ALL Circuits fabrique les commandes de climatisation et de feux pour les équipementiers Valéo, Continental et Inteva. Il fournit aussi directement le constructeur E motors, joint-venture entre Stellantis et Nidec Leroy-Somer.
La signature en 2021 du contrat avec Renault, qui a prévu l’arrêt des moteurs thermiques sur ses véhicules en 2035, a été le déclencheur de l’investissement à Meung-sur-Loire. La fourniture des boitiers de contrôle des batteries électrique représente un marché annuel de l’ordre de 80 M€ pour ALL Circuits. Détenu par des investisseurs privés luxembourgeois, le groupe ambitionne de doubler ses recettes totales d’ici trois ans, en les portant à 600 M€. Cette renaissance de l’électronique nationale incarnée par l’ETI du Centre-Val de Loire se traduira aussi par environ 240 nouveaux recrutements dans l’Hexagone.
Guillaume Fischer