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Philippe Martin
21/04/2023
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Les athlètes ukrainiens et leurs familles d’accueil rassemblés pour une photo de famille. Photo DR.

Ukraine : « J’ai pris ma voiture, mes parents, mes trois chats et on est parti »

L’Arena Stade Couvert de Liévin a accueilli dès le début de la guerre des athlètes ukrainiens avec leur famille, grâce à une solidarité organisée par la Ligue Hauts-de-France d’athlétisme et le conseil régional.

L’Arena Stade Couvert de Liévin (Pas-de-Calais) est leur cocon : jusqu’à 27 réfugiés ukrainiens, des sportifs de haut niveau avec leur famille ont été hébergés dans les chambres du complexe, grâce au soutien du conseil régional des Hauts-de-France. Jean-Marie Petitpré, le directeur général, fait défiler les images sur son smartphone : la mascotte, Macha, une petite fille de quatre ans, est partie avec son sourire radieux de gamine, mais elle n’a pas été oubliée.

Aujourd’hui, ils sont encore sept à vivre ici : ils seront ensuite relogés selon leurs besoins. Viktoriia Karieva, basketteuse à Arras, va sans doute habiter dans la ville de son club amateur, Illya Bobrovnyk, 17 ans, et sa mère s’installeront dans un appartement à Liévin, là où est scolarisé le jeune homme. Ils ne sont pas inquiets, ils se savent soutenus depuis leur arrivée, et leur confrontation brutale à la guerre.

La nuit du 24 février 2022, Illya s’en souviendra toute sa vie : il a dû faire ses valises en urgence, en première ligne sans le vouloir. Il participait à un camp d’entraînement à la frontière ukraino-russe, il a été réveillé par l’arrivée des troupes. Yuliia Kozub, 25 ans, une autre des perchistes accueillis, qui vit normalement à Mykolaïev, près de Kherson, un des épicentres de la guerre aujourd’hui, a cru aux premières explosions entendues, que c’était un camion qui se prenait un nid de poule, sur l’autoroute près de chez elle.

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L’accueil des athlètes ukrainiens à Liévin, le 15 mai dernier, a donné lieu à des scènes poignantes. Photo DR.

Les premiers jours après l’invasion se passent dans l’angoisse, avant que le réseau de solidarité ne se tisse. Avec un homme en chef d’orchestre, Sergueï Bubka. L’ancien champion du monde du saut à la perche, président du Comité national olympique d’Ukraine, a ouvert son carnet d’adresses. La Ligue Hauts-de-France d’athlétisme a répondu présent, en coordination avec Florence Bariseau, vice-présidente chargée du sport au conseil régional, et des places d’hébergement ont été trouvées au CREPS (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive) de Wattignies et à l’Arena Stade couvert de Liévin. « Nous avons dû nous décider très vite », raconte Viktoriia, dont le père est entraîneur de saut à la perche. « J’ai pris ma voiture, mes parents et mes trois chats, et nous sommes partis. » Dans une Citroën C3, où ils se sont entassés comme ils ont pu. Son mari est resté à Kiev.

Illya est parti seul avant que sa mère ne le rejoigne à Liévin, cet été : il rêvait de rejoindre la défense territoriale civile, mais il a été refusé, trop jeune. Il en fait encore la moue de dépit. Victorien Pringère, régisseur du stade, après un passage à la Ligue d’athlétisme, a pris naturellement en charge le groupe d’Ukrainiens car il parle bien anglais. Il se souvient encore des démarches administratives pour les réfugiés ukrainiens : « On a bien rigolé à la préfecture d’Arras, on a débarqué à trois minibus ». En prévenant tout de même en amont. « Les formalités se sont déroulées relativement vite », reconnaît-il.

A Liévin, tous ont pu poursuivre leur entraînement, s’inscrire aux différentes compétitions, une vie presque normale d’athlète. Illya a participé aux championnats d’Europe d’athlétisme des moins de 18 ans, à Jérusalem. Avec sa perche personnelle, ce qui a été un petit miracle de logistique. Car il est arrivé à Liévin, comme les autres perchistes, sans son matériel. Intenable, même si le club local leur a prêté le nécessaire dans les premiers temps. La bande des athlètes ukrainiens s’est mobilisée pour le rapatriement de leurs perches, cinq mètres de long quand même, un périple de 2.200 kilomètres entre Kiev et Liévin.

Stéphanie Maurice

Lire la suite du reportage dans le n°166 de Régions Magazine, actuellement en kiosque.

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