LES SUPPLÉMENTS DE RÉGIONS MAGAZINE
Philippe Martin
29/12/2022
221229 Regions Magazine SUP Centre
Vue aérienne de la mythique Croisette (photo Ville de Cannes)

Les trois paradoxes cannois

A l’heure où nous écrivons ces lignes, la Patrouille de France survole le Palais des Festivals pour célébrer la 75ème édition du Festival du Cinéma. Cannes en majesté, stars et bling-bling, milliardaires et tapis rouge, Croisette et glamour : tous les clichés réunis en une seule image. Et pourtant, Cannes est tout autre chose, et bien plus que cela. C’est, surtout, une ville de paradoxes.

Le premier paradoxe est social. Vue d’avion, cette ville est riche, très riche même, et battait des records en matière d’impôt sur la fortune quand il existait encore. Mais elle bat un autre record, beaucoup moins enviable celui-là : celui du nombre d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté, plus de 20 % contre 13,8 % pour la moyenne nationale. Les vagues d’immigration successives, liées à des industries qui ont subi un déclin inéluctable, expliquent en grande partie ce phénomène. Qui joue évidemment sur la politique municipale, nécessitant un savant et constant équilibre : il faut à la fois préserver et magnifier les grands sites touristiques, à commencer par la Croisette, et n’oublier personne en chemin, avec deux quartiers prioritaires dans le cadre du contrat de ville, un Centre communal d’action sociale hyperactif, une politique fiscale des plus rigoureuses…

Le second paradoxe est économique. Même si le tourisme de loisirs ou d’affaires, les festivals et les congrès, les 125 hôtels dont quelques-uns des plus beaux palaces français fournissent une part essentielle de l’activité cannoise, le premier employeur privé est bien industriel. Thalès Alenia Space emploie plus de 2.000 salariés, avec un demi-millier de sous-traitants, construit une bonne partie des satellites de communication qui tournent dans notre ciel, et on ne le sait guère. Nous vous ouvrons dans ce supplément, les portes de ce site industriel cannois hors du commun.

Le troisième paradoxe est politique. Le maire de Cannes David Lisnard, président de l’Association des Maires de France, s’est rendu dès le 9 mars à Chortkiv, à l’ouest de l’Ukraine, pour exprimer toute la solidarité des élus locaux français à l’égard du peuple ukrainien. Le centre d’accueil ouvert dans sa ville a déjà permis d’accueillir des centaines de réfugiés, leur trouvant un emploi, une place dans les écoles ou les clubs sportifs cannois. Parallèlement, on continue à parler russe dans les rues de Cannes, où certaines agences immobilières ne travaillent qu’avec des ressortissants russes désireux d’installer leurs pénates sur la French Riviera…

Telle est Cannes que nous vous invitons à découvrir, une petite ville de 75.000 habitants dont le nom est connu dans le monde entier. Ce qui est, finalement, son plus gros paradoxe.

Philippe Martin

Supplément à retrouver sur notre site avec le numéro 163 de Régions Magazine.

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