À LA UNE
10 décembre 2019
INTERIEUR EUSALPDEF 01
Homepage : La délégation française a soigneusement préparé la passation de témoin entre la Lombardie et la France. Ci-dessus: Conférence de presse de l’ensemble de la délégation française pour Régions Magazine.

Régions alpines, l’union sacrée

Pour la première fois un programme européen de développement, EUSALP, stratégie pour les territoires alpins, va être co-présidé par l’Etat et les Régions concernées. 

Ce fut, en quelque sorte, le monde à l’envers. D’habitude, une conférence de presse organisée à l’occasion d’un sommet international, c’est une personnalité politique face à un meute de journalistes. À Milan, nous avons vécu l’inverse. Une forte délégation française avec à sa tête une présidente de Région, plusieurs vice-présidentes, deux préfètes, la déléguée générale du gouvernement français, plus une batterie de hauts fonctionnaires, et en face de tout ce (très) beau monde, le seul journaliste français accrédité pour l’événement : le représentant de Régions Magazine…

À dire vrai, ce n’était pas la première fois. Lors du pré-sommet de Ljubljana, en 2015, qui avait en quelque sorte lancé le programme EUSALP (stratégie de l’Union européenne pour les Régions alpines), les représentants français se comptaient sur les doigts d’une main : un ministre, en l’occurrence Harlem Désir, en charge des Affaires européennes, et un journaliste, toujours le représentant de Régions Magazine

C’est dire l’intérêt que la France, en tout cas la presse française, portait à ce programme qui concerne pourtant 80 millions d’habitants de l’Europe, et trois de nos régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Bourgogne-Franche-Comté. Et pourtant les choses ont énormément évolué depuis 2015 et la Slovénie. Il suffisait de voir l’enthousiasme et la motivation des délégués français, ou plutôt des déléguées puisque l’équipe française d’élus et de représentants de l’État au Sommet de Milan étaient très majoritairement féminine.

Et les choses vont changer encore plus, puisqu’après des présidences allemande, autrichienne et italienne, c’est la France qui assumera en 2020 la présidence d’EUSALP. Avec un premier sommet organisé à Lyon le 4 février 2020. Et une présidence originale, qui affirme haut et fort la fluidité des rapports entre les représentants de l’État et des territoires concernés par ce programme. Une présidence collégiale, qui mettra à parts égales les deux parties, avec un programme de travail précis et co-construit.

Pourquoi ce nouvel élan côté français ? 

Lors du lancement du programme EUSALP, à Ljubljana en 2015, aucun élu régional français n’avait fait le déplacement. A Milan les 28 et 29 novembre 2020, la délégation française était forte, soudée, motivée. Une petite révolution qui s’explique de différentes façons.

“Il faut d’abord se souvenir qu’en Slovénie, les Régions sortaient à peine des élections régionales, elles étaient en train se réorganiser, rappelle Nicolas Gouvernel, représentant du gouvernement et du CGET (Commissariat général à l’égalité des territoires), coordonnateur des acteurs français impliqués dans la stratégie EUSALP. De plus, deux des trois Régions concernées, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté, venaient d’entrer dans un processus de fusion, et n’étaient donc pas prêtes à s’investir pleinement dans une stratégie aussi ambitieuse. Depuis, la participation française n’a fait que monter en puissance”.

“Sur ce programme comme sur d’autres, les Régions sont convaincues d’une chose : l’Europe, ça sert si l’on sait s’en servir, ainsi que le répète notre président Renaud Muselier, complète Caroline Pozmentier, vice-présidente du conseil régional Sud-Provence-Alpes-Côtes d’Azur en charge des relations internationales. Au cours des dernières années, la plupart des Régions françaises ont renforcé leur présence à Bruxelles, c’est d’autant plus important que nous sommes en pleine négociation sur le montant des fonds de cohésion pour la période 2021-2027. EUSALP fait partie de ces programmes d’envergure dans lesquels nous nous investissons pleinement.”

INTERIEUR EUSALP02
Conférence de presse de l’ensemble de la délégation française pour Régions Magazine.

“En ce qui nous concerne, nous avons l’habitude de la coopération transfrontalière avec la Suisse, précise Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Nous sommes partie prenante dans la Conférence transjurassienne, dans les Fonds Interreg, et notre présence active dans la stratégie EUSALP est donc naturelle. De plus nous sommes portés par es questions des jeunes, qui sont très motivés par un tel programme, et qui nous font bouger, avancer de façon différente”.

Et Virginie Pfanner, conseillère régionale déléguée aux relations internationales en Auvergne-Rhône-Alpes de conclure : “il est clair que les régions alpines sont de plus en plus confrontées à des problèmes communs, liés notamment aux changements climatiques et à la fonte des glaces. Et que nous serons plus forts si nous avançons groupés, les Régions françaises bien sûr mais aussi toutes les autres, ce qui est capital pour une région comme la nôtre, qui compte 70 % de territoire de montagne”.Relance

Pourquoi une présidence française collective ?

C’est un choix fait en commun, destiné à montrer la cohésion ente le gouvernement et les collectivités concernées, un phénomène assez rare ces derniers temps pour être souligné ! “Une décision forte, commente Nicolas Evrard, maire de Servoz (Haute-Savoie) et membre du Comité de massif des Alpes. Il nous a semblé que notre démarche serait d’autant plus puissante qu’elle serait portée collectivement par le gouvernement, les administrations déconcentrées de l’Etat, et bien sûr les régions et territoires concernés”.

INTERIEUR EUSALP03

Il n’y aura donc pas à proprement parler de “présidente” ou de “président” français pendant l’année 2020, mais un collectif, coordonné par Cécile Bigot, préfète des Hautes-Alpes et représentante du gouvernement, et Christiane Barret, déléguée générale de la présidente française EUSALP, elle-même ancienne préfète, notamment de la Bourgogne-Franche-Comté jusqu’en 2018. “Ma tâche sera effectivement de coordonner les efforts de chacun durant toute cette année 2020, précise Christiane Barret. Cette présidence collégiale sera tout entière tournée vers les objectifs de développement durable que nous défendons”. “Ce sera effectivement l’un des thèmes majeurs de notre présidence, complète Cécile Bigot, à travers des actions aussi variées que le développement d’un tourisme soutenable en toute saison, ou des mobilités et des transports durables”.

La suite dans le n°152 de Régions Magazine, en kiosque le lundi 15 décembre.

Pour lire la suite abonnez-vous à Régions Magazine
À LIRE ÉGALEMENT
Voir tous les articles