Régions alpines : des avancées malgré le Covid
L’année française de la SUERA s’est achevée à Nice sur un bilan positif et la présentation d’actions concrètes.
Bien sûr, on ne saura jamais ce qu’aurait été l’année française de la présidence de la SUERA (Stratégie européenne pour les régions alpines, EUSALP en anglais) sans la pandémie qui a frappé la France et l’Europe quelques jours après son lancement à Lyon en février 2020. On devrait d’ailleurs plutôt parler des deux années de présidence française, puisque la première a été prolongée pour permettre au programme prévu de se déployer malgré tout.

Même si nombre de manifestations ont dû être ajournées ou effectuées en “distanciel”, 42 événements ont pu être organisés, et 64 projets lancés, dont plusieurs sont déjà à un vrai stade d’avancement. C’est ce qui est ressorti de la clôture de cette double année, organisée les 14 et 15 décembre à Nice, sous l’égide de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Métropole de Nice. Laquelle, après avoir candidaté, accueillera désormais le secrétariat technique permanent de la SUERA.
Quelques exemples ? S’agissant du tourisme durable toutes saisons, l’inauguration du sentier longue distance La Routo GR69, 520 km sur les chemins de transhumance reliant la plaine de la Crau à la vallée de la Stura en Italie. S’agissant de la promotion des produits locaux en circuits courts, la promotion du pastoralisme, la première cartographie des marques territoriales alpines.
Pour ce qui est de la mobilité et des transports durables, grande avancée ferroviaire avec la labellisation des ligne secondaires stratégiques, comme l’Etoile de Veynes et la ligne Nice-Vintimille-Cunéo. Le gros travail mené sous la houlette de la Région Bourgogne-Franche-Comté pour inciter la jeunesse à participer au développement durable des Alpes, avec la mise en place du Conseil de la jeunesse des Alpes, l’opération “1001 nuits alpines” pour permettre à des jeunes de passer une nuit en montagne, la création d’un programme Erasmus HIKE pour les échanges de pratique entre professionnels du sport de montagne.

Et bien sûr, un fort volet environnemental, avec par exemple le projet CASCO pour promouvoir l’utilisation de bois régional dans le domaine de la construction et des commandes publiques ; la gestion durable des milieux aquatiques de montagne, le lancement de Biodiv’Alp pour assurer les continuités écologiques sur les territoires alpins transfrontaliers.
Enfin, plus dramatique mais tellement efficace, l’activation du Fonds de solidarité de l’Union européenne au bénéficie des territoires touchés par la tempête Alex (dont 60 M€ pour la Région PACA). Car comme l’a rappelé le président de la Métropole de Nice Christian Estrosi, c’est pendant la présidence française que la France et l’Italie alpines « ont été frappées par une véritable bombe météorologique », cette tempête d’une violence jamais vue dans la région, qui a frappé les vallées de la Roya, de la Vésubie ou de la Téniée, causant des dégâts gigantesques et provoquant la mort d’une vingtaine de personnes. Christian Estrosi soulignant au passage « la formidable solidarité alpine constatée lors de cette terrible épreuve ».

Pour sa part le président de Région Renaud Muselier a exprimé sa satisfaction d’avoir pu réunir à Nice « plus de 500 représentants des 48 Régions alpines pour ce Forum annuel, unis pour la défense de cet écrin naturel si précieux au cœur de l’Europe, une région unique si riche en biodiversité, en opportunités et en compétences ».
Quant à Joël Giraud, secrétaire d’Etat en charge de la Ruralité et représentant du gouvernement lors de ce sommet, il a résumé toutes ces avancées d’une formule : « avant d’être une stratégie, la SUERA est désormais une ambition ».
Le relais a ensuite été passé aux représentants du territoire qui assurera la présidence de la SUERA en 2022, la région italienne du Trentin-Haut-Adige, la plus au nord de l’Italie (capitale Trente), avec un premier sommet prévu le 26 janvier. Et sans nul doute de nouvelles avancées en perspective.
Philippe Martin

La Stratégie macrorégionale alpine SUERA concerne cinq États membres de l‘UE et deux pays tiers : France, Allemagne, Autriche, Italie, Slovénie, Suisse et Lichtenstein. Elle couvre ainsi 48 régions (dont Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Provence-Alpes-Côte d’Azur pour la France) et 70 millions de personnes. Elle peut s’appuyer sur des organisations de coopération existantes : la Convention alpine et le Programme Espace alpin, et pour la France, le Comité de Massif des Alpes, le Comité de Massif jurassien et le Conseil National de la Montagne.
Pendant les deux années françaises, la co-présidence a été assurée par l’Etat et les trois Régions concernées : Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté. Pour la première fois, une déléguée générale a été nommée à la tête de cette présidence, en la personne de Christiane Barret, ancienne Préfète, qui a brillamment animé ces deux années de présidence française.
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