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Par Cécile Hautefeuille
1er septembre 2017
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Laurent Mercat, patron et fondateur de Smoove.

Occitanie: la PME qui double les multinationales

Smoove, une PME héraultaise, a terrassé le mastodonte JC Decaux, gestionnaire des Vélibs’ depuis leur création en 2007.

A peine neuf ans d’existence. Quarante salariés. 9 M€ de chiffres d’affaire en 2016 (contre 3,3 Md€ pour JC Decaux). Smoove, PME basée à Saint-Gély-du-Fesc, à une dizaine de kilomètres de Montpellier, vient de réussir sa plus belle prise de guerre, en remportant le contrat Vélib’2. “En tout, cela représente 20.000 à 22.000 vélos en libre-service, c’est la plus grande flotte du monde hors Chine !”, se félicite-t-on chez Smoove.
“C’est un marché colossal, une sacrée réussite pour nous ”. A la tête – et à l’origine – de l’entreprise : Laurent Mercat, 49 ans, cinquième enfant d’une fratrie de sept garçons, tous mordus de vélo. Laurent Mercat a été consultant en mobilité avant de lancer Smoove, en 2008. A l’époque, Georges Frêche, président de Montpellier agglomération, voulait mettre en place un système de vélos en libre-service, qui soit affranchi de la publicité. Laurent Mercat, qui avait mis au point cette solution avec l’un de ses frères, répond à l’appel d’offre et l’emporte.
Dans la foulée, Smoove équipe Avignon, Valence, Clermont-Ferrand ou encore Belfort avant de se tourner vers l’international et de décrocher d’importants marchés. Moscou, Astana (Kazakhstan), Vancouver, Bangkok, Helsinki, ou encore Marrakech depuis la COP 21… Au total, Smoove équipe aujourd’hui plus de vingt villes dont onze à l’étranger et réalise d’ailleurs 90 % de son chiffre d’affaire à l’export.

 

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Les vélos Smoove équipent déjà de nombreuses villes européennes, comme ici Helsinki.

Les raisons de ce succès ? Des innovations brevetées qui font la différence et qui ont clairement séduit le syndicat francilien Autolib’ Vélib’ Métropole. Question sécurité d’abord : la PME assure fournir “des vélos intelligents, avec un système électronique embarqué qui les rend quasi inviolables. Une fourche-cadenas déploie des ergots qui scellent le vélo et bloquent la direction”. Un argument de poids quand on sait que près de 19.000 Vélibs’ ont été volés en 2014* !
Autres atouts : les 300.000 usagers parisiens du Vélib’ n’auront plus à chercher désespérément une station où il reste de la place pour rendre leur vélo : “nous avons résolu le problème des stations pleines, il suffira de l’accoler et de l’attacher à un autre vélo et, grâce à la technologie embarquée, la station le reconnaîtra”. Certaines stations fonctionneront à l’énergie solaire, 30 % des vélos seront à assistance électrique et ils seront sensiblement plus légers (20 kg contre 22 kg actuellement). Enfin, les utilisateurs auront la possibilité de badger directement sur le vélo pour le déverrouiller, sans passer par la borne.
Une technologie qui se paye : le tarif de l’abonnement, actuellement fixé à 29 € par an, va très certainement augmenter, reconnait-on chez Smoove, sans préciser le montant.
En parallèle, le consortium Smoovengo reste assez flou sur cette question sociale : “nous ne savons pas encore de combien de personnel nous aurons besoin (…) mais on ne prévoit pas de fonctionner avec moins de gens”, a ainsi déclaré l’un des représentants du consortium, lors d’une conférence de presse qui a suivi la signature du contrat. “Jusqu’ici on ne pouvait pas répondre aux inquiétudes des salariés”, explique-t-on également du côté de Smoove. “On avait les poings liés par la procédure judiciaire engagée par JC Decaux. Maintenant que le contrat a été signé et que nous en connaissons tous les détails, nous allons y voir plus clair.”
Et en attendant, si Smoove savoure sa victoire face au géant JC Decaux, son patron a déjà la tête ailleurs et vise d’autres grandes places, comme Barcelone ou Singapour.

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