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Par Philippe Martin
11 décembre 2017
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Scènes de joie chez les nationalistes.

Les nationalistes géreront la collectivité unique

C’est sur un score sans ambiguïté que la coalition menée par Gilles Simeoni a remporté les élections des 4 et 11 décembre. À elle maintenant de réussir la transformation institutionnelle de l’île.

Ils n’avaient que “deux ans pour faire leurs preuves”, ainsi que nous l’expliquions dans le supplément que Régions Magazine a consacré à la Corse en mai dernier (n°137). Portés au pouvoir lors des élections régionales de décembre 2015, les autonomistes emmenés par Gilles Simeoni et leurs alliés indépendantistes dirigés par Jean-Guy Talamoni avaient accepté le principe de remettre leur titre en jeu dès ce mois de décembre 2017. En point de mire, la nouvelle collectivité unique, fusion de l’ancienne CTC (collectivité territoriale de Corse, en quelque sorte la Région) et des deux départements de Haute-Corse et de Corse du Sud.

Pari gagné, et même largement, puisqu’avec 56,5 % des suffrages, la coalition nationaliste Pè a Corsica (Pour la Corse) bénéficie de 41 des 63 élus de la nouvelle Assemblée de Corse. Dès le premier tour, elle avait déjà éliminé des listes comme celle du Front National et du Parti communiste, la gauche traditionnelle n’ayant même pas présenté de liste. Le second tour a conforté le premier (lire en encadré).

C’est assurément un moment historique pour la Corse, pour deux raisons. D’abord, en confirmant le vote de décembre 2015 – et aussi celui des législatives du mois de juin, où sur quatre députés corses ont envoyé trois nationalistes au Parlement -, les électeurs corses ont réitéré la confiance qu’ils avaient accordée à Gilles Simeoni, Jean-Guy Talamoni et à leurs équipes. Ensuite, parce que c’est une nouvelle construction institutionnelle, la CTU (Collectivité territoriale unique) que les vainqueurs du 11 décembre vont devoir faire vivre et, si possible, prospérer.

 

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Gilles Simeoni présidera la nouvelle Collectivité unique de Corse à compter du 1er janvier 2018.

Enjeux considérables

Les enjeux sont considérables. Faire vivre et travailler ensemble les 5.000 agents des trois anciennes collectivités et les 63 représentants élus pour seulement trois ans, puisque les Corses revoteront en 2021 comme l’ensemble des Français. Bâtir un budget qui devrait dépasser 1,4 Md€, un montant évidemment jamais atteint sur l’île, pour permettre de faire face à l’ensemble des compétences de la nouvelle entité, tout à la fois économiques, sociales, ou d’aménagement du territoire.

Et surtout trouver les réponses aux difficultés endémiques de l’île, où 60.000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, où il faut réussir tout à la fois la relance de l’agriculture, celle du tourisme, la transition écologique, l’assainissement cadastral, la présence à l’international… Tout en trouvant un mode de fonctionnement apaisé avec l’Etat français.

Pas forcément le plus simple pour une coalition qui n’a rien renié de ses revendications classiques, telle la co-officialité de la langue corse ou le rapprochement des détenus dits politiques, et qui risque d’être confrontée aux pressions de la frange la plus extrême de ses électeurs. Mais cette fois l’exécutif sortant, arrivé au pouvoir un peu par surprise en décembre 2015, peut s’appuyer sur deux années d’expérience et bénéficie de la dimension qui lui manquait : le temps.

 


Le raz-de-marée du deuxième tour

Liste nationaliste Pè a Corisca (Simeoni-Talamoni) : 56,46 %, 41 sièges.

Liste droite régionaliste (Mondoloni) : 18,29 %, 10 sièges.

Liste Les Républicains (Valérie Bozzi) : 12,59 %, 6 sièges.

Liste République en Marche (Orsucci) : 12,66 %, 6 sièges.

A noter que la participation au second tour de l’élection a été très faible (52,55 % des inscrits, contre 67 % lors de l’élection de l’Assemblée de Corse en décembre 2015)

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