Mieux que prévu, mais perspectives inquiétantes…
Une enquête d’ADN-Tourisme révèle également de fortes disparités entre les régions.
Le slogan “cet été, voyagez en France”, largement repris dans Régions Magazine avec notre dossier d’été “Tourisme de ville”, semble avoir donné quelques résultats. Selon une enquête menée par ADN-Tourisme, la Fédération nationale des organismes de tourisme, “la fréquentation touristique du cœur de saison a permis de rassurer les professionnels du tourisme, après un printemps catastrophique et un mois de juin très décevant.”
La clientèle française a répondu présent, même si 53 % des Français seulement sont partis entre juillet et août, avec une forte proportion de clientèle de proximité. Bien que les étrangers soient globalement en recul, la présence de touristes européens de certains pays voisins a également soutenu la fréquentation. Toutefois, les professionnels demeurent très inquiets pour l’arrière-saison, notamment en ce qui concerne la clientèle de groupes et du tourisme d’affaires.
D’après un sondage effectué auprès de 1.000 personnes, 53 % des Français sont partis en juillet et en août (contre 71% en 2019). Toutefois, 94 % des partants ont séjourné en France, ce qui a permis de compenser ce moindre taux de départ en vacances.
C’est pourquoi pour de nombreux territoires, la fréquentation française, sur le cœur de saison, est supérieure à 2019. Cette tendance est confirmée par l’échantillon de territoires analysés à partir de la téléphonie mobile : on note plus de 10 % d’augmentation dans certaines destinations entre le 1er juillet et la mi-août avec une reprise très claire des nuitées de la clientèle française dès début juillet.
Si naturellement une baisse des touristes étrangers a été ressentie, en particulier en raison de l’absence totale des clientèles lointaines (américaines, asiatiques, russe…), on note cependant un retour, dès début juillet, de certains marchés européens de proximité : Belges, Néerlandais et Suisses.
En revanche, la fréquentation des clientèles italienne et espagnole a marqué un net recul par rapport à 2019. Quant à la fréquentation des Britanniques et des Allemands, elle a été très fortement impactée, notamment pour les premiers par la réinstauration d’une quatorzaine pour le retour sur le territoire britannique.
La Loire à vélo a battu des records !
L’étude sur les intentions de départ menées par l’ensemble des 13 régions métropolitaines en juin révélait la volonté des Français de privilégier les hébergements les moins à risque, et notamment la location saisonnière. Cette tendance se confirme : dans de nombreux territoires, les locations de vacances ont été plébiscitées (Occitanie, Normandie, Ardèche, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Pays de la Loire ou encore en Ile-de-France).
En revanche, la majorité des répondants annoncent une tendance plutôt à la baisse pour l’hôtellerie et les campings avec en particulier une tendance observée par plusieurs territoires d’une désaffection pour les emplacements nus, sans doute en raison des sanitaires partagés, offrant moins de sécurité aux yeux des touristes.
En Normandie ou encore dans les Alpes du Sud, certains sites de loisirs en extérieur confirment n’avoir jamais autant accueilli de visiteurs.
Les itinéraires cyclables de « la Loire à Vélo » ont battu des records historiques cette année encore : +34 % de passages de vélo en juillet et +9% sur la première quinzaine d’août, un engouement confirmé au niveau national par une fréquentation cyclable en progression de +31 % en France du 11 mai au 16 aout selon Vélo & Territoires.

Une fréquentation contrastée selon les types de territoire.
Alors que la fréquentation à la campagne (30 % des séjours de la clientèle française) et à la montagne est annoncée majoritairement en hausse par les territoires, l’espace urbain serait lui en baisse. De nombreuses villes ont ressenti durement l’effet de la crise, notamment celles qui sont très dépendantes d’évènements ou habituellement fréquentées par une clientèle internationale lointaine et à fort pouvoir d’achat. Par ailleurs, les grandes villes ont pâti de la demande des touristes pour des lieux à la fréquentation modérée (sites culturels de taille moyenne, espaces naturels).
La situation est plus contrastée sur le littoral : bien qu’il arrive en tête des lieux de séjour pour la clientèle française (37%), il a souffert, à certains endroits, de l’absence des touristes étrangers, surtout ceux des marchés lointains.
A noter également la situation préoccupante de la Réunion où les indicateurs sont à la baisse : les touristes français sont venus dans des proportions faibles et les touristes étrangers ou européens sont très rares…
Proximité et ultra dernière minute.
Côté comportement des touristes, on note cette année une fréquentation de proximité accrue en provenance des territoires limitrophes voire du département. La saison a également été marquée par les réservations d’ultra dernière minute, bien plus encore que les années précédentes, comportement dû à l’incertitude liée à l’évolution sanitaire et aux annonces progressives et tardives sur les possibilités de voyages des Français pour l’été.
Par ailleurs, plusieurs territoires remarquent des durées de séjour plus courtes cet été (Ile-de-France, Lyon, Bretagne, Pays de la Loire…).
Enfin, les professionnels du tourisme ont constaté la présence de touristes français différents des années précédentes, notamment des Français partant traditionnellement à l’étranger à la même période (en Provence-Alpes-Côte d’Azur) ou encore de petits groupes familiaux (dans les châteaux de la Loire), grands-parents avec leurs petits enfants venant à la journée et dépensant en boutiques et en produits du terroir. Les territoires de montagne ont également constaté la venue d’une nouvelle clientèle désireuse de découvrir un type de destinations différent.
Des perspectives marquées par l’incertitude pour l’arrière-saison…
La majorité des répondants s’attendent à une fréquentation inférieure à 2019 pour l’arrière-saison. Même si certains territoires voient des signes positifs pour septembre, le maitre mot est l’incertitude en raison d’un manque de visibilité concernant les réservations. En effet, les professionnels interrogés semblent dubitatifs sur la suite de la saison et restent attentifs à l’évolution de la situation sanitaire qui engendre, d’un jour à l’autre, de nouvelles mesures auxquelles il faut s’adapter très vite.
Les professionnels sont particulièrement inquiets pour la reprise des voyages de groupes et pour le tourisme d’affaires, dont les tendances sont déjà très mauvaises depuis le début de la crise, notamment à cause de l’interdiction des évènements de plus de 5.000 personnes, prolongée jusqu’au 30 octobre. En effet, les professionnels interrogés semblent dubitatifs sur la suite de la saison et restent attentifs à l’évolution de la situation sanitaire qui engendre, d’un jour à l’autre, de nouvelles mesures auxquelles il faut s’adapter très vite, à l’instar des dernières annonces du gouvernement allemand déconseillant les voyages à destination de l’Ile-de-France ou de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Île-de-France : des dégâts considérables…
En ce qui concerne le cas particulier de l’Île-de-France, selon une enquête du Comité régional de tourisme, “les dégâts pour l’activité touristique en Île-de-France au cours du 1er semestre 2020 sont considérables : 14,3 millions de touristes de moins par rapport au 1er semestre 2019 (9,4 millions contre 23,7 millions) et un manque à gagner de 6,4 milliards d’euros (3,8 Md€ de consommation contre 10,2 Md€). L’année 2020 sera une année de triste record de baisse de la fréquentation”. L’activité touristique de la destination Paris Région, notamment hors Paris, a toutefois montré des signes de reprise cet été.
La baisse est plus marquée au niveau de la clientèle internationale avec une chute au 1er semestre de 68% de séjours contre un recul de 54% pour la clientèle française. En termes de volumes, cela représente un repli quasi identique de 7 millions de touristes.
Des chiffres d’affaires en net repli pour les hébergements marchands. Sur l’ensemble du 1er semestre 2020, les nuitées hôtelières reculent de 61% par rapport au 1er semestre 2019 alors que pour les locations et meublés saisonnières, la baisse est plus modérée (-47%). Au cours des mois de juin et juillet, plus d’un hôtel parisien sur deux était encore fermé, tandis qu’en Île-de-France hors Paris, les chiffres sont meilleurs, près de 70 % des hôtels étant ouverts (source MKG).
Une reprise progressive a été constatée à partir du 11 mai, date de fin du confinement en France, surtout pour la clientèle française et à partir de la mi-juin pour la clientèle internationale de proximité notamment en juillet et sur les premières semaines du mois d’août. Les clientèles les plus présentes sont les Allemands, les Britanniques, les Néerlandais, les Belges et les Espagnols. Malgré tout, les niveaux de fréquentation touristique de la période estivale restent encore largement en dessous de ceux des périodes « normales », de l’ordre de 50 à 60 %. Les professionnels estiment les pertes de leur chiffre d’affaires à plus de 60% au cours des mois de juillet et d’août.
D’ici la fin du mois d’octobre, plus de la moitié des professionnels anticipent une amélioration de leur activité. Cette amélioration est toujours portée par les clientèles françaises et européennes de proximité. Les prévisions pour les marchés lointains restent pour l’instant très négatives.
Pour la période de septembre à décembre 2020, le niveau des réservations aériennes venant des marchés lointains est inférieur de 80% à celui de l’année précédente, pour les aéroports parisiens. Pour les réservations venant des marchés européens, les prévisions sont légèrement meilleures (-68 %).
La Région Île-de-France a proposé début juillet un plan de relance incluant 15 M€ pour le secteur du tourisme. Ces financements ont permis de lancer des opérations de communication et de promotion, et 7 M€ sont directement fléchés pour venir en aide à des acteurs touristiques.
L’un des objectifs du plan est de restaurer la confiance auprès des organisateurs de salons, congrès et événements afin qu’ils choisissent la région Île-de-France, et de maintenir la première place en Europe pour les salons professionnels et le tourisme d’affaires.
Pour lire la suite abonnez-vous à Régions Magazine