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par Philippe Martin
28 novembre 2018
MACRONANNONCE 01
Homepage : Pendant l’allocution présidentielle. Ci-dessus : Préparation de la programmation pluriannuelle de l’énergie à l’Elysée. @ Présidence de la République.

Le président n’a pas convaincu les Régions

L’intervention d’Emmanuel Macron n’a pas calmé les Gilets Jaunes, ni satisfait les collectivités.

“Cela ne répond absolument pas au cri de colère extrêmement profond de nos compatriotes, à cette fracture territoriale : il y a urgence à répondre à leur exaspération. La réponse n’est pas à la hauteur, même si le président de la République a au moins cessé de stigmatiser les manifestants.” Voilà la première réaction d’Hervé Morin, président de Régions de France, après l’intervention d’Emmanuel Macron mardi midi.

Pour le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, “la programmation sur l’éolien en mer n’est pas à la hauteur du potentiel de la Bretagne et de son engagement pour la transition énergétique. Sur la base des objectifs énoncés ce matin, aucun projet industriel viable et créateur d’emplois ne pourrait se construire. Or, comme d’autres régions maritimes, la Bretagne est prête à relever le défi d’une véritable filière industrielle, avec une capacité de 1,5 GW d’éoliennes flottantes d’ici 2030 si on lui en donne les moyens.”

Pour sa part, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le président des Républicains a jugé que le président de la République n’avait “toujours pas compris le mouvement des gilets jaunes ni la colère exprimée”. Selon lui, la seule réponse du chef de l’État apporté par le président est un “cours d’écologie et un dispositif administratif très complexe. Or nous sommes dans une situation de blocage, lourde. Et pour sortir de ce blocage, il faut rendre la parole aux Français.” Et de réclamer un référendum sur la transition énergétique.

Les présidents de Région étaient pourtant au premier rang de la salle de l’Elysée où le président de la République a dévoilé les grandes orientations de la programmation pluriannuelle de l’énergie. Il est vrai que cette feuille de route, qui fixe le cap pour les dix prochaines années, est passée quelque peu inaperçue face à la colère des Gilets Jaunes.

Pourtant, sur les vingt orientations tracées par Emmanuel Macron, et complétées ensuite par le ministre de l’Ecologie François de Rugy, une dizaine concernent les collectivités. L’effort porté sur les énergies renouvelables (soutien passant de 5 à 8 milliards d’euros), avec un triplement de l’éolien terrestre ou la multiplication du photovoltaïque, les quatre nouveaux appels d’offre lancés sur l’éolien en mer, les mesures en faveur du biocarburant, n’ont pas suffi à gommer l’impression d’“écologie punitive” que donne l’augmentation systématique (et confirmée) des taxes sur l’essence, en particulier sur le diesel.

Et ce malgré l’adaptation annoncée de la fiscalité des carburants aux fluctuations de prix. Et l’annonce d’une “grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale”,rassemblant associations, élus et représentants de gilets jaunes, pour élaborer ensemble des solutions dans les trois mois qui viennent. Enfin, il faut noter que la composition du “Haut-Commissariat au Climat” annoncé par le président de la République, ne comprend aucun représentant des collectivités… qui réalisent pourtant 90 % des dépenses en matière de transition énergétique !

Les Régions demandent un moratoire sur le prix des carburants

Le matin même, la totalité des présidents de Région (à l’exception de Xavier Bertrand, Hauts-de-France) avaient signé une tribune publiée par le quotidien L’Opinion. “Les Régions, y affirment-ils, sont prêtes à renforcer leurs efforts en matière d’efficacité énergétique des logements si l’Etat revient à une politique ambitieuse. Au-delà de leurs effets sur l’environnement, ces mesures réduiront la facture pour nos concitoyens. Il faut d’abord changer de discours, reconnaître la souffrance de nos compatriotes, et pas la nier. Il faut prendre des mesures d’urgence et en premier lieu un moratoire sur la hausse des taxes au 1er janvier. Ce premier geste est symbolique. Il ne s’agit pas de renoncer à bâtir une fiscalité écologique, mais d’avoir le courage de prendre le temps de la réécrire d’une manière qui soit socialement plus acceptable, plus transparente et mieux ciblée, au risque de finir exsangue et d’être en incapacité de réformer jusqu’à la fin du mandat.”

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