Le mystère de La Cordelière
La région Bretagne participe aux recherches sur un navire coulé en 1512 au large de Brest. Les premiers résultats sont prometteurs !
Dès le départ la région Bretagne a souhaité être partenaire de cette opération exceptionnelle. Mais c’est le DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines du Ministère de la Culture) qui a mené l’été dernier une campagne de recherches sous-marines au large de Brest. Objectif : retrouver les épaves de la Marie-Cordelière et du Régent, deux navires de guerre coulés en 1512, lors d’un affrontement naval mémorable entre l’armada anglaise, d’une part, et les flottes française et bretonne, d’autre part. Ces premières investigations ont permis de recueillir des milliers de données électroniques, de repérer des ancres et même l’épave, très ancienne, d’un navire de commerce. Mais point de Cordelière…
En attendant une deuxième campagne de prospection prévue en juin 2019, les analyses et recherches documentaires se poursuivent en France et en Angleterre. Elles devraient permettre de mieux délimiter la zone à explorer l’été prochain. Anne Gallo, vice-présidente de la Région au tourisme et au patrimoine, et Michel L’Hour, directeur du DRASSM, ont fait le point sur ce projet d’investigation pluridisciplinaire sans précédent, engagé en mer et à terre, sur trois ans.
L’épave d’un autre navire…
Du 25 juin au 13 juillet 2018, l’André-Malraux, navire scientifique du DRASSM a ratissé un périmètre de 6 km² près de l’entrée du goulet de Brest. Une zone dangereuse, à forts courants, où de nombreux bateaux ont fait naufrage par le passé. Les équipes de Michel L’Hour et d’Olivia Hulot y ont découvert une dizaine d’ancres et, surtout, l’épave en bois d’un navire marchand de 30 mètres de long, baptisé pour l’heure Sud Minou 1, qui pourrait avoir sombré à la fin du Moyen-Age.
Depuis cette première campagne, le DRASSM et ses partenaires (ENSTA Brest, IFREMER, LIRMM, SHOM) analysent, à terre, les milliers de données recueillies par les robots, sondeurs et autres sonars qui ont exploré méthodiquement la zone l’été dernier. Ces outils sophistiqués ont détecté des “anomalies” dans l’épaisseur du sédiment marin (ancres, poterie, pièce en bois) dont il faut maintenant vérifier la nature et la datation.

Le combat de La Cordelière tel qu’on peut l’admirer à la Tour Tanguy de Brest (œuvre de Jim Sevellec). © JY Guillaume
En juin 2019, les opérations de détection sous-marine reprendront avec la présence, de nouveau sur zone, de l’André-Malraux et d’une quinzaine de personnes à son bord. D’ici l’été, le périmètre à sonder (27 km2dont une aire de 10 km2à haute probabilité) pourrait év0luer en fonction des résultats des recherches documentaires à terre.
Parallèlement, le DRASSM essaiera d’en savoir plus sur l’épave du Sud Minou 1, enfouie à plus de 50 mètres de profondeur, via l’intervention de systèmes robotiques très performants. Mais La Cordelière est loin d’avoir livré tous ses mystères…
Les universités aussi…
Parallèlement à ces recherches, les historiens de l’Université de Bretagne Sud explorent, eux aussi, en France et en Angleterre, des fonds d’archives, notamment ceux du Portsmouth History Center, la plus grande bibliothèque maritime du Royaume-Uni, avec l’espoir d’y trouver des éléments sur le Regent, fleuron de la flotte d’Henri VIII qui coula avec la Cordelière.
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