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Philippe Martin
02/10/2022
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Laurent Wauquiez préside le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes depuis le 4 janvier 2016. Il a été réélu lors des élections régionales de 2021, sa liste ayant réuni 55,2 % des suffrages au second tour, contre 33,6 % pour l’Union de la gauche et 11,2 % pour le Rassemblement national. Photo Charles Pietri Région Auvergne-Rhône-Alpes

Laurent Wauquiez : « Fier de notre développement économique »

En s’appuyant sur des exemples concrets, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez dresse un bilan positif de ses six années de mandat.

Le 17 juillet dernier, il a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidence du parti Les Républicains pour succéder à Christian Jacob. Laurent Wauquiez aurait-il pour autant renoncé à toute ambition nationale ? Nul ne peut en juger. Mais le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a considéré qu’il y avait un temps pour tout, et qu’au sortir d’une élection présidentielle meurtrière pour son parti, il valait mieux se concentrer sur l’exercice auquel il se livre depuis maintenant six ans : la gestion du conseil régional, pour laquelle il est souvent mis en exergue, la poursuite de la dynamisation économique de ses territoires, et l’application du programme sur lequel il a été largement réélu en 2021. Il s’en est expliqué pour Régions Magazine.

Régions Magazine : Dans le précédent supplément de Régions Magazine consacré à Auvergne-Rhône-Alpes, en avril 2018, vous vous réjouissiez d’avoir pu mener à bien la fusion entre ces deux grandes régions, en un minimum de temps. Avec le recul d’un mandat complet, que retirez-vous de cette fusion qui vous avait été imposée, mais à laquelle vous étiez plutôt favorable ?

Laurent Wauquiez : J’ai toujours pensé qu’il y avait une cohérence à fusionner les deux anciennes Régions qui sont complémentaires sur bien des aspects : économique, bien sûr, mais aussi universitaire, touristique et géographique. La preuve en est, avec une volonté politique claire et affichée, nous avons réussi en l’espace d’un mandat à déployer une action cohérente à l’échelle de la région tout en préservant, et c’était pour moi essentiel, l’identité et les spécificités de chaque territoire.

RM : Dans cette même interview, vous affirmiez que la gestion d’une région, c’était d’abord du concret. Vous donniez comme exemples le campus du numérique (pour lequel il a reçu au congrès de Régions de France à Vichy le Trophée de l’Innovation Régions Magazine dans la catégorie “développement économique”) et la sécurité dans les TER. Pouvez-vous donner trois nouveaux exemples concrets de politiques publiques que vous menez, et dont les résultats vous rendent particulièrement fier ?

LW : Je suis particulièrement fier de ce que nous réalisons pour le développement économique de notre territoire. Première région industrielle de France, nous pouvons compter sur des entrepreneurs de grand talent qui prennent des risques et mettent sur pied des projets innovants. Chaque fois que nous considérons que cela est bénéfique pour le dynamisme économique et l’emploi, nous les accompagnons afin de relocaliser un maximum d’activités dans nos territoires.

Pour prendre un exemple très concret, nous avons soutenu Chamatex pour la création de son usine ASF 4.0 en Ardèche qui produit depuis maintenant presqu’un an des chaussures de sport haute-performance à partir d’un textile technique. Cela faisait plus de 20 ans que leur fabrication avait été complètement délocalisée en Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, grâce à l’audace des dirigeants et à l’investissement de la Région, vous pouvez de nouveau acheter des chaussures de sport « made in Auvergne-Rhône-Alpes ». C’est une véritable fierté, pour les emplois créés bien sûr, mais aussi car nous montrons avec ce type de projets qu’il n’y a pas de fatalité à la désindustrialisation de notre pays.

Je pense aussi au travail que nous réalisons dans le domaine de l’agriculture. Depuis 2016, nous avons triplé notre budget agricole qui est aujourd’hui le plus élevé de toutes les Régions françaises. Et ce, au service d’actions très concrètes pour nos agriculteurs que ce soit pour les aider à moderniser leur exploitation ou accompagner l’installation de nos jeunes et le renouvellement des générations. Ce que nous faisons aussi c’est que dans les cantines de nos établissements, nous appliquons la préférence régionale en sollicitant les producteurs de notre région. C’est bon pour nos enfants, pour l’environnement et pour nos agriculteurs. Ça c’est du concret !

Ensuite, je veux évoquer les investissements dans les lycées. Lorsque nous sommes arrivés en 2016, nous avons hérité d’établissements dans un état déplorable. Pour y remédier, nous avons lancé un vaste Plan Marshall de 1,5 milliard d’euros pour moderniser et sécuriser nos lycées mais aussi pour en construire de nouveaux, tels que le lycée Charles-Mérieux à Lyon inauguré en septembre 2021, et le lycée Gergovie à Clermont-Ferrand qui ouvre ses portes pour cette rentrée 2022. Là aussi, ce sont des actions très concrètes pour les familles et les enfants de notre région, leur permettant de bénéficier d’infrastructures modernes et de qualité.

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RM : Quelles leçons avez-vous tirées de la gestion par la Région de la crise pandémique, sur le plan sanitaire et économique ? Pensez-vous comme plusieurs de vos collègues présidents de régions, que celles-ci devraient récupérer davantage de compétences dans le domaine de la santé ?

LW : Il faut bien avoir à l’esprit que la santé est de la compétence de l’Etat et que, quand nous intervenons dans ce domaine, nous pallions en réalité ses carences et défaillances ; et chacun sait qu’elles ont été nombreuses lors la crise sanitaire. Durant cette période, les collectivités locales ont démontré qu’on pouvait leur faire confiance et, je tiens à le dire, heureusement qu’elles n’ont pas attendu les consignes, pour le moins fluctuantes, de l’Etat pour agir !

Pour prendre l’exemple d’Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons mobilisé toutes les forces vives du territoire – agents régionaux, entreprises, associations, bénévoles – pour faire face à la crise et protéger les habitants. Cela s’est traduit par le déploiement d’aides d’urgence aux acteurs économiques, des distributions de masques, l’installation de purificateurs d’air dans nos communes et lycées, ou encore, la mise en place d’une campagne de test massive avant les fêtes de Noël.

C’était une situation extrêmement difficile et éprouvante mais nous avons démontré que la Région était aussi une vraie collectivité de proximité. Aujourd’hui, le grand défi que nous voulons relever, c’est celui de la désertification médicale. Nous allons par exemple embaucher des médecins dans les zones en fortes tensions.

RM : Votre région est régulièrement citée comme l’une des mieux gérées, sinon la mieux gérée de France. Comment expliquez-vous ce classement enviable ? Y a-t-il une “recette Wauquiez” ?

LW : Pas l’une des mieux gérées, c’est sans aucun doute possible la mieux gérée ! Il n’y a pas de secret ni de recette magique, comme le disait Montesquieu, « le point fondamental de la bonne administration est simple ; il ne consiste qu’à ajuster la dépense avec la recette ».

Cependant, simple ne signifie pas facile ; encore faut-il avoir la volonté politique d’agir. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons fait un choix clair : baisser nos dépenses de fonctionnement pour investir massivement dans les territoires, sans augmenter la fiscalité ni creuser la dette.

Propos recueillis par Philippe Martin

Lire la suite de cette interview dans le supplément Auvergne-Rhône-Alpes du n°164 de Régions Magazine, actuellement en kiosque.

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