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12 décembre 2018
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Au congrès de Régions de France à Marseille, les représentants des trois grandes associations d’élus, accompagnés notamment du président du Sénat Gérard Larcher, entonnent la Marseillaise sous l’égide du mouvement #TerritoiresUnis. © Hugues-Marie Duclos Régions Magazine.

L’appel des territoires

Régions, Départements et Villes proposent leurs services à l’exécutif pour renouer un dialogue constructif avec les citoyens.

Les présidents de Régions de France Hervé Morin, de l’Association des Départements de France Dominique Bussereau et de l’Association des Maires de France François Baroin, co-fondateurs du mouvement #TerritoiresUnis, s’associent pour appeler le chef de l’Etat à la reconstruction du contrat social.

Dans une tribune publiée le 4 décembre par l’hebdomadaire Paris-Match,et sur les sites internet des différentes associations, ils se déclarent à la disposition du chef de l’Etat et de son gouvernement pour conduire le dialogue. Ils exposent leurs cinq propositions pour sortir de la crise des Gilets jaunes. En voici les principaux passages.

Nous, Présidentes et Présidents de Régions, de Départements et Maires condamnons avec la plus grande fermeté les actes de violence qui ont été commis lors des manifestations de samedi à Paris et dans les grandes villes de province.

Mais ces actes inacceptables ne doivent pas étouffer l’expression sincère d’un réel malaise social. Le mouvement des Gilets jaunes montre l’incompréhension croissante de celles et ceux de nos concitoyens qui sont liés à un territoire et à un mode de vie, dont les repères sont ébranlés par la disparition progressive des mécanismes redistributeurs, et qui redoutent un certain déclassement social. La société de l’égalité des chances annoncée par le président de la République n’est pas ressentie comme telle par de nombreux Français. Il faut savoir en prendre acte, écouter ce qui est dit et répondre par des orientations nouvelles. Nos compatriotes ne contestent pas l’urgence environnementale, mais ils ont le sentiment que l’effort principal est demandé à ceux qui ont le moins de moyens pour y contribuer.

“Malgré nos alertes tirées de notre connaissance du terrain, le gouvernement n’a pas pris en compte les angoisses des Français, liés à la méthode de gouvernement.”

Plus encore que les politiques conduites depuis la crise de 2008, c’est, depuis quelques mois, la méthode de gouvernement qui a ajouté au ressentiment général la sensation d’un manque de considération. Trop de Français se sont sentis incompris et ignorés comme si leur situation était le résultat de leur manque d’implication ou de compréhension de la société moderne. Malgré nos alertes tirées de notre connaissance du terrain, le gouvernement n’a pas pris en compte ces angoisses.

Nous, élus des collectivités locales, qui avons tous rencontré dans nos territoires des représentants des gilets jaunes, nous voyons bien que leur révolte est l’expression d’un ras le bol d’autant plus inquiétant que les corps intermédiaires qui auraient pu servir de régulateurs ont été jusqu’à maintenant écartés de ce dialogue nécessaire.

Dans ce contexte, nous, présidentes et présidents de Régions, de Départements et Maires :

1 – interpellons avec gravité le gouvernement pour qu’il mesure lucidement la réalité de la situation et appelons à des gestes forts et immédiats, préalables à toute forme de discussion qui sans cela sera totalement improductive. Ces gestes doivent d’abord toucher le pouvoir d’achat, et c’est à l’État de faire le choix des bonnes mesures.Le moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants est un préalable indispensable mais n’est plus la seule réponse à la hauteur des enjeux. L’Etat doit aussi décider d’un moratoire absolu sur la fermeture des services publics dans tous les territoires et pour tous types de services (santé, éducation, police et gendarmerie, trésoreries) : le monde rural comme les secteurs urbains les plus défavorisés doivent bénéficier d’un niveau de services publics répondant aux difficultés qu’ils connaissent et aux attentes des habitants concernés. L’Etat doit enfin redonner aux acteurs du logement social les moyens d’agir dont il les a privés, au risque d’une grave crise supplémentaire à venir.

2 – appelons le Président de la République à co-construire un nouveau contrat social adapté aux enjeux du monde actuel, caractérisé autant par la montée des inégalités sociales que par le réchauffement climatique. C’est une occasion historique de redonner du souffle à la démocratie autour d’un vrai partenariat avec les collectivités, les partenaires sociaux et tous les corps intermédiaires, pour que les citoyens retrouvent de la confiance et ne sentent pas mis à distance des politiques qui les concernent directement.

 3 – demandons qu’il engage à cet effet une grande concertation, qui soit la plus décentralisée possible, pour laisser s’exprimer les colères et les attentes et pour construire avec l’appui des élus locaux des propositions de solution adaptées à la réalité des territoires et aux aspirations des citoyens, définies par eux-mêmes.

 


Lire la suite dans Régions Magazine n°146, dans les kiosques cette semaine.

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