La démission inattendue de Jean Rottner
Le président de la Région Grand Est a annoncé qu’il quittait la vie politique.
Décidément, les présidents de la Région Grand Est ont tendance à quitter leurs fonctions de manière aussi brutale qu’inattendue. Après Philippe Richert, qui avait démissionné de tous ses mandats électifs en septembre 2017, deux ans après avoir été élu président de la collectivité que l’on appelait encore Alsace-Loraine-Champagne-Ardenne, c’est au tour de son successeur Jean Rottner (LR) de quitter la vie politique. Il l’a annoncé ce 20 décembre par un simple communiqué, qui a surpris le monde politique régional et provoqué un début de séisme notamment en Alsace.
« Je me retirerai de l’ensemble de mes mandats d’ici la fin de l’année. Cette décision mûrement réfléchie n’a pas été facile à prendre. Des impératifs familiaux animent cette lourde décision. Ce choix est à respecter ». C’est en ces quelque phrases publiées sur son compte Twitter et à retrouver sur celui de Régions Magazine https://twitter.com/JeanROTTNER/status/1605168338786729984 que celui qui avait été réélu en juin 021 président du conseil régional, avec plus de 40 % des voix, a annoncé son départ. Twitter où Jean Rottner avait encore ce lundi posté des images de la visite du patron de Stellantis Carlos Tavares, qu’il accompagnait à la nouvelle usine mosellane de Trémery…
« J’ai passionnément aimé l’engagement public, poursuit l’ancien maire de Mulhouse dans son texte qui conclut « Quitter un mandat n’est pas un acte anodin. Franck Leroy, homme de valeur, premier vice-président de la Région, saura assurer mon intérim ».

Jean Rottner, connu jusque-là dans sa ville de Mulhouse et dans sa région alsacienne, avait acquis une dimension et une notoriété nationales au moment de la crise sanitaire du Covid. Ancien patron des urgences à l’hôpital de Mulhouse, il s’était battu courageusement dès le début de l’épidémie pour récupérer des masques, soutenir les entreprises régionales, transférer les malades les plus graves, et alerter un gouvernement quelque peu dépassé par les événements face à la gravité de la situation.
Sa décision a donc surpris le monde politique, qui lui rend globalement hommage. A commencer par la présidente de Régions de France et de l’Occitanie Carole Delga, qui met en exergue son « sens élevé de l’intérêt général, son impératif de veiller sans cesse à la cohésion des territoires et sa forte capacité à anticiper », lui exprimant « sa reconnaissance pour son engagement dans le collectif », respectant sa décision « qui illustre une fois de plus la profonde sincérité de son engagement public ».
Ce départ suscitera davantage d’enthousiasme chez les autonomistes alsaciens qui revendiquent la fin de la Région Grand Est et le retour de l’Alsace, eux pour qui Jean Rottner, qui s’était d’abord opposé à la “grande région”, avait trahi sa région d’origine en devant président de la nouvelle collectivité. Pour la présidente d’Europe-Ecologie-les-Verts au conseil régional, Eliane Romani, cette démission est « un beau cadeau de Noël pour ceux qui veulent le départ de l’Alsace ». Elle sera d’ailleurs candidate à la présidence de la Région, ainsi que le leader régional du RN Laurent Jacobelli.
C’est donc Franck Leroy, maire LR d’Epernay, qui assurera l’intérim en attendant l’élection d’un nouveau président, qui devrait avoir lieu après les fêtes, sans doute entre le 7 et le 14 janvier 2023. Il n’a pas fait savoir pour l’instant s’il serait lui-même candidat.
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