La crise Covid, les incendies et l’Ukraine…
Découvrez le rapport de l’Union européenne sur l’état des régions et des villes.
C’est un document très attendu chaque année, en tout cas par ceux qui s’intéressent à la situation des collectivités en Europe. La Rapport annuel de l’Union européenne sur l’état des régions et des villes a été présenté lors de la Semaine européenne des régions (lire le compte-rendu en p.48). Une mine d’informations, que l’on peut retrouver en détail sur notre site internet regionsmagazine.com. Mais dont nous présentons ici quelques-uns des chiffres, et quelques-unes des cartes les plus significatives. Des chiffres marqués par trois crises majeures, liées au Covid, aux changements climatiques et à la guerre en Ukraine.
Les conséquences économiques du Covid
En revenant tout d’abord sur les conséquences économiques de l’épidémie de Covid. L’étude présentée par le Comité européen des régions montre en effet que l’incidence de la pandémie a été plus importante dans les régions méridionales de l’UE, que dans le nord et l’est. Selon ce document, les pays qui ont réagi le plus efficacement sur le plan économique ont été les riverains de la Baltique, ainsi que les Pays-Bas, l’Irlande, le Luxembourg et la Roumanie.
On peut en mesurer les conséquences sur la carte ci-contre, qui mesure la variation de la valeur ajoutée brute régionale en 2020, à partir des premiers confinements, par rapport à 2019. Les régions françaises, italiennes et espagnoles accusent des baisses de VAB allant jusqu’à 8 % et plus. En France, les Régions Hauts-de-France et Occitanie sont les plus concernées.
Au passage, l’étude déplore que « la participation des collectivités locales et régionales à l’élaboration des “plans nationaux pour la reprise et la résilience” (PNRR, le terme européen pour Plan de relance) ait été faible ». Plus de 4 participants sur 10 (NDLR : régions et villes ayant été sondées) ont déclaré « ne pas avoir été associés aux plans adoptés par le gouvernement national. »
Selon le rapport du CdR, « le principal risque de cette approche trop centralisée est que les objectifs fixés dans les plans ne correspondent pas efficacement aux besoins très variés prévalant sur le terrain ». Avec à la clef un « risque important que le financement soit mal alloué ». Un constat qui ne pourra que satisfaire les partisans d’une décentralisation plus poussée, et pas seulement en France.

La menace des catastrophes naturelles pour les collectivités locales
Voilà une série d’informations que le rapport annuel ne fournissait pas les années précédentes. Mais cette année, les changements climatiques ont fait sentir fortement leurs conséquences négatives. Selon le rapport, « les dommages causés par des phénomènes tels que les inondations, les incendies de forêt et la chaleur extrême devraient atteindre cette année 170 milliards d’euros ». Et de poursuivre : « l’incidence de ces événements liés à la crise climatique sur les infrastructures et l’économie des régions et de villes continuera de s’aggraver, en particulier dans les zones déjà exposées à des températures élevées et sur les côtes ».
Le rapport, qui dénonce avec insistance « l’inaction face à la crise climatique », publie plusieurs cartes qui ne lassent pas d’inquiéter. L’une calcule les « dommages économiques causés par les inondations dans un scénario de réchauffement de 3° d’ici à 2100 ». On constate que plusieurs régions françaises sont menacées, celle du grand ouest (Bretagne, Pays de la Loire) et du sud-est (Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur).
Autre carte peu rassurante, celle du nombre de jours supplémentaires par an présentant un risque d’incendie élevé à extrême, pour trois scénarios de réchauffement planétaire. Si l’Espagne, l’Italie et la Grèce sont évidemment les plus touchées, les régions françaises du sud sont également concernées au premier chef.


Les répercussions de la guerre en Ukraine
Autre passage intéressant du rapport, celui qui aborde les répercussions de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. Si les « collectivités régionales et locales ont affiché leur solidarité en accueillant un grand nombre de réfugiés », il constate cette fois une vraie fracture est-ouest, les Etats de l’est, les plus proches de l’Ukraine, étant amenés à connaître « les baisses les plus importantes de PIB ». Ce sont eux également qui ont accueilli le plus grand nombre des 10 millions de réfugiés ukrainiens : 4,3 millions pour la seule Pologne, devant la Hongrie et la Roumanie.
Au passage le rapport rappelle que « les collectivités locales et régionales ont été les premières intervenantes en ce qui concerne l’accueil des réfugiés de la guerre ». Mais aussi que « le Comité européen des régions a lancé l’Alliance européenne des régions et des villes pour la reconstruction de l’Ukraine ».
Philippe Martin

