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Par Philippe Martin
22 novembre 2017
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Hervé Morin nouveau président de Régions de France.

Hervé Morin nouveau président de Régions de France

Le président centriste de la région Normandie succède à Philippe Richert. Et il lance un appel au dialogue au gouvernement, se disant prêt à réintégrer la Conférence des Territoires… sous condition.

Après un Aquitain (Alain Rousset) et un Alsacien (Philippe Richert, démissionnaire fin septembre), c’est donc un Normand qui présidera Régions de France, l’association qui regroupe les douze Régions de métropole ainsi que les collectivités de Corse et d’Outremer. Le président de la région normande (et président du parti Les Centristes) a fait l’objet d’un consensus à l’issue du conseil d’administration qui s’est tenu le 22 novembre à Paris. François Bonneau, président (PS) du Centre-Val de Loire, conserve son poste de président délégué. Par ailleurs, Hervé Morin a laissé entendre qu’il pourrait en cours de mandat céder la présidence de Régions de France au président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Renaud Muselier.

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Dans sa première déclaration de président des Régions, Hervé Morin a fait savoir qu’il souhaitait plus que jamais “L’unité des Régions : nous partageons la même conviction, celle qu’une bonne partie du redressement du pays passe par les territoires. Autour de cette idée nous formons un véritable “pack”, celui de Régions de France, plus soudé que jamais. C’est dans cet esprit que François Bonneau demeure président délégué, et que nous allons continuer à travailler ensemble comme il le faisait auparavant avec Philippe Richert.”

 

L’ancien ministre de la Défense a ensuite fait connaître les principales orientations de ce nouveau mandat. Tout d’abord, la rédaction rapide d’un manifeste, d’un document-cadre qui sera approuvé par les 18 présidents de Région et de collectivités et remis au gouvernement. “Y seront précisées notre vision de la gouvernance politique de ce pays, et la relation que nous souhaitons voir s’établir entre l’Etat et les Régions”. Deuxième marche, l’envoi (très rapide) d’un courrier au Premier ministre, courrier dans lequel Hervé Morin laissera entendre au nom de ses collègues présidents, que Régions de France est prête à réintégrer la Conférence des Territoires, dont le deuxième “épisode” se tiendra le 15 décembre à Charleville-Mézières (Grand Est). Rappelons qu’à la suite du congrès des Régions à Orléans, Régions de France avait décidé de ne plus participer aux travaux de la Conférence. Hervé Morin assortit toutefois ce retour d’une condition non négociable : que le Premier ministre accepte en amont de la prochaine conférence, de rencontrer les 18 présidents de Région et de collectivités “afin de restaurer un climat de confiance et de cohérence”. Hervé Morin s’est également dit très préoccupé par les projets du gouvernement en matière d’apprentissage, en particulier par l’idée de confier aux branches professionnelles la gestion de celui-ci, en dépossédant du même coup les Régions. “C’est une très mauvaise idée qui n’améliorera en rien la situation. On peut certes faire beaucoup mieux dans ce domaine, mais en réalisant quelques réformes qui ne dépendent pas que des Régions”.

Et d’énumérer la simplification des règles et du cadre de l’apprentissage, de la durée du travail au statut de l’apprenti ; ou encore l’orientation. “Lors que se dégagent des offres de travail dans un nouveau domaine, nous lançons de nouvelles formations qui vont déboucher vers des recrutements, mais leur taux de remplissage reste faible car la tuyauterie ne suit pas”. Enfin Hervé Morin rappelle que l’idée d’une carte des formations imposée par l’Etat ou les branches professionnelles “ne répondra pas forcément aux intérêts de l’aménagement du territoire, sur lequel veillent les Régions.” Enfin, à propos des 450 M€ liés à la compétence économique des Régions, et dont le Premier ministre avait annoncé la suppression pure et simple lors du congrès d’Orléans, il a affirmé : “Nous voulons rouvrir le dialogue”. Les Régions sont de nouveau en état de marche, la balle est à présent dans le camp du gouvernement.

Demi-mandat ?

Texte Interrogé à propos de l’organisation de la gouvernance au sein de Régions de France, et sur le fait qu’il pourrait abandonner sa présidence avant la fin de l’échéance (les élections régionales de 2021), Hervé Morin s’est montré à la fois ouvert… et évasif. “D’abord, nous avons gardé le “modèle” précédent, avec un président et un président délégué qui travaillent ensemble. Ensuite, il est exact que d’autres présidents auraient pu occuper ce poste, et se sont montrés intéressés, je pense par exemple à Renaud Muselier. N’ayez crainte, nous saurons partager le temps de l’action”. Pas d’autres précisions… pour le moment.

Hervé Morin en bref

Hervé Morin, 56 ans, est né à Pont-Audemer, dans l’Eure. Petit-fils d’agriculteurs, il a commencé sa carrière politique comme conseiller général du canton de Cormeilles (Eure). Député, président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, créateur et président du Nouveau Centre (et depuis 2016, du parti Les Centristes), il a été ministre de la Défense dans les gouvernements Fillon I et II, de 2007 à 2010. Partisan de la réunification des deux Normandie, il est élu de justesse président de la nouvelle grande région normande aux élections de décembre 2015, avec 36,4 % des voix devant la liste de gauche de Nicolas Mayer-Rossignol (36,1 % des voix).

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