Grand Est : des tests pour le plus grand nombre
La Région lance une SEM, avec la Banque des Territoires et le Crédit Mutuel, dans le but d’acquérir massivement des tests Covid-19 et de favoriser le déconfinement.
Depuis le tout début de l’épidémie de Covid-19, la Région Grand Est s’est retrouvée en première ligne. A son corps défendant, d’abord : des patients frappés par centaines, des services hospitaliers saturés, un “cluster” majeur à Mulhouse, puis à Strasbourg, Colmar, Nancy. 2.249 décès à la date du 15 avril… L’horreur.
Et la même Région s’est retrouvée de nouveau en première ligne, mais cette fois parce qu’elle l’a voulu. Première Région à bénéficier d’un hôpital militaire de campagne. A organiser des transferts de malades dans d’autre régions, et en Allemagne toute proche. Première région à acheter des masques à l’étranger, pour protéger sa population, à organiser transports et logements gratuits pour ses soignants, à rémunérer ses aides-soignants participant au combat contre l’épidémie, à créer un fonds de soutien de 44 M€ aux PME, le “Fonds Résistance”, qui a fait de émules depuis.
Et aussi, première lueur d’espoir, grâce à la ténacité de ses soignants et au soutien de ses élus et de toute une population, première région à voir baisser le nombre de malades en réanimation, même si le combat est loin d’être gagné…
Rien d’étonnant donc à ce que cette même Région soit de nouveau pionnière dans le lancement d’une SEML, une Société d’économie mixte locale baptisée “Dynamise” et dont l’unique objectif est d’acheter massivement des tests sérologiques du Covid-19, afin de faciliter le déconfinement et de “permettre une reprise progressive mais consolidée des activités économiques, sociales et humaines”. Pour Jean Rottner, président du conseil régional et lui-même médecin hospitalier, en pointe du combat depuis le premier jour, il s’agit de “restaurer la confiance, en répartissant ces tests à travers toute la région, de façon équitable”.
Pour y parvenir donc, une solution originale, la création d’une SEML avec deux associés de prestige : la Banque des Territoires et le Crédit Mutuel. Une SEM lancée le 15 avril par les trois partenaires, avec un capital de 100.000 € (51 % à la Région, 25 % à la Banque des Territoires, 24 % au CM), et dont l’objet unique est “d’acheter tout matériel destiné à répondre à la crise sanitaire et notamment l’achat de kits de tests sanguins Covid-19.”
“Je ne suis pas un franc-tireur, a précisé Jean Rottner en présentant cette initiative. Je me suis entouré de toutes les précautions sur le plan épidémiologique, et j’ai averti toutes les autorités compétentes, à commencer par le Premier ministre et le ministre de la Santé”. Le président du conseil régional a également déclaré qu’il était candidat au traçage par Bluetooth sur la base du volontariat pour les habitants de sa région, d’autant que ce dispositif est testé de l’autre côté de la frontière, en Suisse et en Allemagne. Ainsi qu’à l’isolement des malades dans des hôtels ou des centres de cure thermale : s’il est suivi, la région Grand Est n’a fini d’être pionnière…
Pour sa part, Nicolas Théry, président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, a tenu à faire passer un message fort : “Le Crédit Mutuel est le premier employeur privé de la Région Grand Est, et à ce titre je suis très heureux de contribuer à cette initiative, en financement et en déploiement. Mais je tiens à souligner qu’en un moment où l’on dénonce les banques, en ce qui nous concerne, 95 % du réseau Crédit Mutuel et CIC n’ont cessé de fonctionner ; que nous n’avons pas eu recours au chômage partiel ; que grâce à l’engagement total de nos salariés, 3,7 milliards d’euros de crédits ont déjà pu être reportés en septembre ; que 40.000 prêts ont pu être accordés pour un montant de 6,3 Md€ afin notamment de sauvegarder nos entreprises”.
Pour sa part, Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires (filiale de la Caisse des dépôts), a salué l’“esprit d’anticipation de la Région”. Et il a répondu aux questions de Régions Magazine.
La Banque des Territoires prête à élargir l’initiative.
Régions Magazine : Ce n’est pas la première intervention de la Banque des Territoires dans le Grand Est depuis le début de la pandémie…
Olivier Sichel : En effet, nous avons participé dès le lancement au Fonds de soutien aux PME, à hauteur de 2 euros par habitant, soit 11M€. Nous sommes présents dans cette SEM, car c’est pour nous une condition indispensable à la réussite du déconfinement, qui permet de préparer ensemble la suite, pour que notre économie reparte au plus vite. Mais je tiens à signaler l’esprit d’anticipation de la Région Grand Est, dans ces deux initiatives.
RM : S’agissant de la SEM sur les tests sanguins, seriez-vous prêts à l’élargir à d’autres Régions si elles vous sollicitent ?
OS : Bien sûr ! Regardez ce qui s’est passé pour le Fonds de solidarité. Le Grand Est a fait école, d’autres Régions ont suivi très vite, comme Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, à présent Pays de la Loire, et d’autres vont nous rejoindre.
Si demain d’autres Régions veulent se lancer dans un tel dispositif comme celui de “Dynamise”, nous sommes prêts à les accompagner. A travers cette crise, le fait régional prend encore une dimension nouvelle, et la Banque des Territoires est naturellement partenaire de toutes les initiatives positives.
Propos recueillis par Philippe Martin
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