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Philippe Martin
20/04/2023
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Franck Leroy, 60 ans, nouveau président de la Région Grand-Est (photo Stadler Région Grand Est).

Franck Leroy : par surprise, mais pas surpris

Franck Leroy ne s’attendait pas à devenir président de la Région Grand Est. Interview.

Il a, selon ses propres dires, été « aussi surpris que tout le monde », par l’annonce de la démission de Jean Rottner. Et pourtant Franck Leroy, jusqu’alors son premier vice-président, avoue lui-même qu’il travaillait en « extrême proximité » avec le président de la Région Grand Est. Il lui a logiquement succédé le 13 janvier, après avoir été élu par 96 voix contre 34 face au candidat du RN Laurent Jacobelli.

Le temps de la surprise passée, le maire d’Epernay est entré de plain-pied dans ses nouvelles fonctions. Il s’en explique.

Régions Magazine : Vous avez déclaré dans votre discours d’investiture, « le Grand Est a fait grandir nos territoires ». Mais c’est aussi la région où les forces centrifuges s’expriment avec le plus de vigueur, surtout du côté alsacien. Comment comptez-vous y faire face ?

Franck Leroy : Je dirais d’abord que ces forces centrifuges s’exercent… mais pas tant que ça. Le phénomène alsacien est largement amplifié par le buzz médiatique que génèrent la Communauté européenne d’Alsace et son président Frédéric Bierry, dont je respecte par ailleurs les convictions. En ce qui me concerne, je rencontre beaucoup d’élus alsaciens sur le terrain, des chefs d’entreprise et des habitants, et croyez-le ou non, pas un ne m’en parle !

Je pense que ceux qui plaident pour une partition de l’Alsace commettent une grosse erreur. Avec notre actuelle organisation territoriale, nous sommes à la taille européenne, face à des voisins puissants, même si les Länder ont des compétences et des moyens supérieurs aux nôtres. Nous sommes une avancée française dans le cœur de l’Europe.

Et puis je pose la question : en quoi le Grand Est a-t-il affaibli l’Alsace ? Un seul exemple : depuis la création de la grande région, les investissements dans le domaine des transports ont augmenté de 74 % en Alsace. Ce qui aurait été impossible dans l’ancien découpage.

RM : Après Philippe Richert et Jean Rottner, vous êtes le premier président du Grand Est “non-alsacien”. N’est-ce pas un handicap ?

FL : Au contraire, je pense qu’il s’agit d’un véritable avantage ! Je m’explique : je suis un Champenois, maire d’Epernay depuis 22 ans, en aucun cas je ne peux apparaître comme un “traître” à la cause alsacienne, et il n’y a pas de règlements de comptes personnels à mon égard sur ce plan, comme ont pu en subir mes prédécesseurs. Il m’apparaît plutôt que beaucoup de monde se félicite du fait que je sois “non-alsacien”… y compris en Alsace.

« Personne, même pas moi, ne s’attendait à la décision de Jean Rottner ».

RM : Du jour au lendemain, vous vous êtes retrouvé propulsé à la tête d’une région de 5,5 millions d’habitants, d’une collectivité de 1.800 agents. Y étiez-vous préparé ?

FL : Je dirais oui et non. Non, parce que personne, même pas moi, ne s’attendait à la décision de Jean Rottner, décision que je respecte par ailleurs. Et pourtant j’étais très proche de lui, et je lui conserve d’ailleurs toute mon admiration pour le travail qu’il a accompli. Plus âgé que lui, je n’avais pas imaginé une seconde que je serai appelé à lui succéder !

Et oui, parce que lorsque vous êtes premier vice-président, que vous êtes dans la vie publique depuis plus de vingt ans, même si vous n’êtes pas préparé, vous n’êtes pas là non plus pour prendre la tangente quand on fait appel à vous.

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Franck Leroy en visite le 20 février à l’Ircad, centre de formation en chirurgie mini-invasive, à Strasbourg. A l’arrière-plan, Philippe Richert, ancien président du Grand Est, aujourd’hui vice-président de l’ARAFER (Autorité de régulation des transports).

RM : L’exécutif régional a été quelque peu décapité ces derniers mois par des démissions de plusieurs vice-présidents importants comme David Valence, Boris Ravignon ou Arnaud Robinet. N’est-ce pas un handicap supplémentaire pour vous ?

FL : Cela nous a évidemment obligés à repenser notre équipe, mais nous avons les gens pour faire face, qui incarneront différemment la fonction, peut-être avec davantage de disponibilité. Et puis ce dont vous avez parlé, c’est plutôt une “décapitation par le haut” : un vice-président qui devient président de l’ADEME, un autre président de la Fédération hospitalière de France… Nous avons aussi Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims, qui est devenue présidente de l’ANRU…

Ce sont des partenaires importants pour la Région. Je viens de signer ma première convention avec Boris Ravignon en tant que président de l’ADEME, c’est tout sauf un handicap de bien le connaître…

Propos recueillis par Philippe Martin

Lire la suite de l’interview dan le n°166 de Régions Magazine, actuellement en kiosque.

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