LES DOSSIERS DE RÉGIONS MAGAZINE
Philippe Martin avec le concours des journalistes en région de Régions Magazine
02 juillet 2019
DOSSIER HAUTDEBIT 01
Un peu partout en France, des écoles de formation aux métiers de l’installation de la fibre optique ont été lancées.

La France en Très haut débit

Les chiffres, les nouveaux usages, l’avancée, région par région.

Il s’est d’abord appelé France Numérique 2012, puis Plan de relance numérique, puis France Très Haut Débit… Initié en 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, réellement lancé en 2012 sous la présidence de François Hollande, poursuivi et en principe achevé en 2022 sous celle d’Emmanuel Macron : le plan qui consiste à déployer un réseau de communication en Très haut débit sur toute la France aura connu trois présidents de la République. Mais on peut espérer qu’il n’en usera pas un quatrième… 

Il est vrai qu’il s’agit là d’un chantier gigantesque, sans doute pas le plus spectaculaire, mais bien le plus important de France, censé générer plus de 22.000 emplois directs d’ici à 2021. Censé surtout résorber une inégalité criante de notre territoire, entre “zones grises” (où l’on ne capte pas grand-chose) et “zones blanches” (où l’on ne capte rien du tout), concentrées bien évidemment sur les campagnes et les petites villes.

Ce qu’Etienne Dugas, président d’InfraNum, la Fédération qui rassemble les principaux acteurs de ce chantier, appelle la “fracture numérique” de notre pays, procède en effet du sentiment d’inégalité ressenti par nombre de nos compatriotes. Et dont la crise des Gilets jaunes, au moins dans sa partie initiale, a révélé la profondeur.

C’est pourquoi les chiffres publiés dans une étude de l’UFC-Que choisir, parue le 29 mars, ont jeté un froid dans le monde du Très haut débit. Que dit-elle ? Que 10 % des consommateurs ne disposent pas d’un Internet de qualité minimale. Et que 12,8 millions de Français sont privés de ce que l’on appelle le “bon haut débit”.

En particulier, selon l’étude, “un tiers des habitants des communes de moins de 1.000 habitants, soit 73 % des communes françaises, ne peut accéder à un internet de qualité minimale”.

Ces chiffres, personne ou presque ne les conteste, et c’est d’ailleurs l’intérêt du Plan Très haut débit. C’est la suite qui a généré une violente polémique. Se fondant sur une extrapolation sur le chantier en cours, l’UFC-Que Choisir affirme que l’installation de la fibre, censée être achevée en 2022, s’étirera en réalité jusqu’en… 2029. Et qu’en 2022, date prévue pour l’achèvement du chantier, 52,7 % des locaux (foyers, entreprises) seront couverts en fibre optique, au lieu des 80 % qui ont toujours constitué l’objectif “officiel”.

Le plus difficle ? Le recrutement !

Une extrapolation “incompréhensible” pour les principaux acteurs du numérique, pour le gouvernement bien sûr mais aussi pour InfraNum (on lira dans les pages suivantes l’interview de son président).

Une chose est sûre : ce n’est pas le moment de ralentir l’effort, malgré toutes les contraintes qu’il suppose. Contraintes qui ne sont pas que techniques ou financières : le recrutement est actuellement très difficile, la plupart des métiers concernés se trouvant “en tension”. D’où un problème gigantesque de formation que, là aussi, la plupart des acteurs tente de résoudre.

L’enjeu est de taille, et il est multiple : mise au niveau de la France par rapport au reste de l’Europe ; compétitivité de nos entreprises, à commencer par nos PME ; résorption d’une inégalité majeure de nos territoires…

Au passage, on peut se féliciter que les collectivités aient, elles aussi, pris le taureau par les cornes. Soit en s’insérant, d’une manière ou d’une autre, dans le dispositif de déploiement, là où les principaux opérateurs ne voulaient pas aller. Soit en travaillant sur les usages, car il ne faut jamais oublier que la fibre, ce ne sont que des tuyaux.

On lira dans les pages qui suivent tout ce qui se pratique déjà à travers la France dans ce domaine. Du lycée 4.0 de Carquefou, près de Nantes, aux espaces de coworking dans les campagnes de l’Île-de-France ; de la lutte contre la désertification médicale en Nouvelle-Aquitaine au Village de vacances tout numérique en Auvergne ; du village breton “tout connecté” au tourisme numérique dans les châteaux de la Loire : nous vous invitons à voyager avec nous dans ce “Tour de France du Très haut débit”. 

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