Développement économique : Les Régions “font le job !”
Avec l’élargissement de leurs compétences dans ce domaine capital, les conseils régionaux multiplient initiatives et dispositifs pour soutenir leurs entreprises. Tour de France de ce qui se fait de mieux pour “booster” notre économie dans les territoires.
La loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) de 2015 a confié aux Régions le rôle de chef de file en matière économique, et d’accompagnement des entreprises. Un rôle que la plupart des conseils régionaux avaient déjà récupéré pour partie, tout en les partageant avec l’Etat d’une part, les autres collectivités de l’autre. La loi a notamment transféré aux Régions les compétences exercées jusque-là dans ce domaine par les Départements – même si le gouvernement d’Edouard Philippe a refusé de verser du même coup les financements qui accompagnaient ce transfert, provoquant avec les Régions un clash qui ne s’est guère dissipé depuis.
Qu’ont fait les Régions de cette compétence renforcée ? Pour simplifier, on pourrait écrire qu’elles ont poursuivi et amplifié un mouvement déjà largement amorcé. Qu’elles le font chacune à leur manière, en multipliant les dispositifs d’aide aux entreprises, les initiatives, les expérimentations. Les objectifs sont les mêmes un peu partout : aider les PME à grandir pour devenir des ETI (Entreprises à taille intermédiaire), le gros point faible de notre tissu entrepreneurial. Permettre aux entreprises de franchir des caps délicats, comme ceux du passage au numérique ou du développement à l’international. Favoriser la réindustrialisation de notre pays, en le positionnant sur des industries de pointe et des filières d’avenir comme la robotique, la cybersécurité, l’intelligence artificielle, le véhicule autonome. Faire émerger tout à la fois des start-ups dynamiques, et l’économie solidaire et sociale. Faire travailler ensemble les élus, les chefs d’entreprises, les chambres de commerce, mais aussi les autres acteurs de la relance, en particulier dans le domaine financier. La Caisse des Dépôts, la Banque Européenne d’Investissement, Bpifrance apparaissent à ce titre comme des interlocuteurs privilégiés de ce travail titanesque, mais indispensable à la relance économique de notre pays.
Ensuite, chacun a fait ses choix, s’appuyant sur ce renforcement de compétences, sur ses propres spécificités, mais aussi sur la taille élargie des nouvelles grandes régions, qui en font des interlocuteurs plus visibles au plan international. Des dispositifs Up’ de l’Île-de-France au fonds régional Normandie Participation en Normandie, du guichet unique à l’exportation Team Sud Export de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur à la formule Ambition ETI d’Auvergne-Rhône-Alpes, vous trouverez dans le dossier qui suit tout un florilège d’initiatives qui, partout à la fois, font sens et portent résultat.
Parallèlement, l’Etat vient, pour la première fois, d’acter le fait que ce travail mené depuis des années par les collectivités avait pris le pas, et parfois largement, sur celui que réalisent en région les services déconcentrés de l’Etat. Dans une circulaire datée du 24 juillet dernier, dont la publication a fait quelques remous au sein des services concernés, Edouard Philippe invitait les Préfets à “clarifier les missions exercées au niveau territorial”, en particulier dans le domaine du développement économique.

Les Régions (ici en Nouvelle-Aquitaine) ont développé toute une série de dispositifs pour relancer leur industrie. © Françoise Roch Nouvelle Aquitaine.
Premières visées : les Direccte (Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) qui seront invitées à se concentrer sur certaines missions prioritaires, “complémentaires de l’action des Régions”, telles que l’accompagnement des entreprises en difficulté ou le développement des filières stratégiques. Et, en clair, à abandonner les autres aux Régions.
Un revirement complet confirmé le 4 septembre par le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire lors d’une rencontre avec les organisations syndicales de Bercy. Car ce travail de “reconcentration” de compétences aura évidemment des conséquences au niveau des moyens : une réduction de 70 % des effectifs serait envisagée, faisant passer le nombre d’agents de 430 à 120. Une dizaine d’agents seraient conservés dans chaque région au sein de cellules dénommées “service économique régional”. On ne sait pas si cette réforme sera menée à terme, mais c’est, quoi qu’il en soit, une des premières fois que l’Etat centralisateur admet le principe du “doublon” si souvent dénoncé par les collectivités, à commencer par les Régions.
L’idéal à présent serait que ce même gouvernement donne réellement aux conseils régionaux les moyens de poursuivre cette stratégie de développement économique issue du terrain, si importante pour l’avenir de notre pays. Mais ceci est une autre histoire.

Le Salon Parcours France fournit l’occasion de nombreuses rencontres “business” entre les territoires. © Françoise Roch Nouvelle Aquitaine.
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