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2 octobre 2019
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Homepage : Les présidents de Région ont rendu plusieurs hommages à l’ancien président de la République Jacques Chirac.

“Déçus d’être déçus”

Une fois encore, l’intervention du Premier ministre au congrès des régions a laissé sur leur faim les patrons de exécutifs régionaux.

Je suis déçu d’être déçu”. La formule est d’Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine qui accueillait à Bordeaux, ces 30 septembre et 1er octobre, le 15ème congrès de Régions de France. Et elle veut bien dire ce qu’elle veut dire : au-delà des propos du Premier ministre considérés comme insuffisants par la totalité des présidents de Régions présent, la déception se doublait d’une autre, celle d’une attente pleine d’espoir, suite à de nombreuses rencontres entre le gouvernement et les présidents de région, d’une attente donc… déçue.

Car le Premier ministre, au-delà d’un discours de la méthode plein de généralités et de citations, est finalement venu à Bordeaux pour ne pas annoncer grand-chose. Si le ton se voulait plus ouvert et davantage consensuel que lors des précédents congrès d’Orléans et de Marseille, ce qui n’était guère difficile au demeurant, c’est le fond qui manquait le plus. “L’an dernier le Premier ministre est monté sur la berge, cette année il a mis le pied dans l’eau. Mais il est loin d’être entré dans le bain de la décentralisation et des collectivités locales”, a lancé le président de Régions de France Hervé Morin après l’intervention du Premier ministre. “Et nous ne voulons pas être les cocus du dialogue

Pour Alain Rousset, on “a le sentiment que le Premier ministre ne croit pas à ce qu’il dit”. Et de citer l’exemple parlant de la répartition des crédits européens destinés au monde agricole, une répartition qui ne peut satisfaire en rien ni les Régions, ni les agriculteurs. “Le discours de Bordeaux d’Édouard Philippe aurait pu être le discours de Lyon du général de Gaulle. On en est loin !”

Encéphalogramme plat” pour Carole Delga (Occitanie), “sentiment de colère” pour Loïg Chesnais-Girard (Bretagne) : bref, on était très loin de l’acte 2 de la décentralisation espéré, l’épisode 1 étant d’ailleurs considéré par tous comme un “acte de centralisation”.

Quelques propositions, quand même…

“Nous sommes déterminés à mieux dialoguer avec les territoires, notamment les Régions”, avait cependant affirmé un peu auparavant le Premier ministre, prêt à un “travail en confiance” avec les élus.

Reprenant une proposition “sage” du Président de Régions de France Hervé MorinEdouard Philippe s’est ainsi dit favorable à la mise en place d’un comité Etat-Régions qui se réunirait tous les trois mois pour coordonner les politiques communes.

Sur un autre sujet cher aux Régions, il a proposé une expérimentation visant à leur permettre de jouer “un nouveau rôle” pour un pilotage de l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Cette expérimentation “pourra ensuite être généralisée”, a promis le Premier ministre.

Edouard Philippe s’est aussi efforcé de panser les plaies ouvertes dans les Régions du fait de la recentralisation de l’apprentissage décidée par son gouvernement. Reconnaissant que la progression des entrées en apprentissage était “collectivement une excellente nouvelle”, il a annoncé la mise en place de trois enveloppes :

  • 220 millions d’euros en compensation du transfert de la compétence apprentissage des Régions aux branches ;
  • 138 millions d’euros pour accompagner la mise en place du nouveau financement au “coût/contrat” ;
  • 180 millions d’euros pour maintenir la capacité d’investissement des CFA.

Il s’est engagé à poursuivre le dialogue dans les prochaines semaines avec les élus “pour assurer une juste ventilation de ces enveloppes dans les territoire”.

Le Premier ministre n’a répondu qu’en partie sur un autre dossier sensible pour les Régions, l’avenir de la gestion du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) après 2020. Il a ainsi confirmé que les Régions continueraient à gérer les aides qui ne sont pas corrélées aux surfaces agricoles, les aides “non-surfaciques”, l’Etat conservant les aides dites “surfaciques”. Cela correspond à un transfert aux Régions de 140 millions d’euros de dépenses et de 400 agents.

A propos des lignes ferroviaires secondaires, les “petites lignes”, un travail sera lancé “avec les Régions et SNCF Réseau pour élaborer des plans d’action concrets ligne par ligne qui s’adaptent à la réalité de chaque Région”. “Plus que des solutions uniformes, c’est un bouquet de solutions ligne par ligne que nous allons devoir essayer de mettre en œuvre”, a-t-il souligné, alors qu’un atelier s’est tenu à Bordeaux sur ce dossier.

Ces quelques ouvertures vont dans le sens de la mise en œuvre de la différenciation des politiques publiques, sur laquelle s’est engagé le Président de la République. “On doit pouvoir, en fonction des territoires, faire des décentralisations différentes”, a souligné le Premier ministre, même si la mise en œuvre du principe de différenciation s’annonce selon lui “compliquée”. Il a cité en exemple la Collectivité européenne d’Alsace récemment créée par le gouvernement. Mais il n’a annoncé aucun calendrier pour le débat au Parlement sur la réforme constitutionnelle.

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