Vif incident entre les Régions et le ministre
Les Régions de France avaient pourtant mis les petits plats dans les grands, en ce mardi 25 février...
Les Régions de France avaient pourtant mis les petits plats dans les grands, en ce mardi 25 février.
Présence massive au Salon de l’Agriculture (la plupart des présidents de Régions s’y sont rendus, et parfois fort longuement). Gros travail en amont, avec la mise au point d’un document de 64 pages intitulé « La transition agricole et alimentaire : les Régions accompagnent les territoires ». Conférence de presse du président de Régions de France Renaud Muselier, en présence des syndicats, confédérations agricoles et chambres d’agriculture, avec en invités d’honneur le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume et le Commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski. L’occasion était belle, alors que la Politique Agricole Commune suscite beaucoup d’inquiétudes dans le futur budget européen, de marquer fortement la présence des Régions dans ce débat capital pour l’avenir de nos agriculteurs.
Seulement voilà : le ministre, pourtant annoncé, n’est pas venu… Et du coup, le commissaire européen non plus ! Problème d’agenda, a-t-on expliqué du côté ministériel : la conférence aurait changé d’horaires à plusieurs reprises, et à l’heure finalement retenue, le ministre n’était plus libre, alors qu’il était pourtant bien présent dans les allées du Salon. « Je ne fais pas du secrétariat, je fais de la politique ! », a tonné le président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur Renaud Muselier, extrêmement contrarié par ce forfait de dernière minute.
Pour lui, cette attitude « remet quand même beaucoup de choses en cause pour la suite et nous interpelle considérablement sur la volonté du gouvernement de décentraliser, déconcentrer et différencier puisque finalement, dossier par dossier, nous constatons systématiquement l’inverse », a souligné Renaud Muselier, faisant allusion au projet de loi 3D dont la présentation par le gouvernement est prévue d’ici à la fin du premier semestre.
Et le vice-président de Régions de France, et président de la Région Centre-Val de Loire François Bonneau de compléter : « Nous ne pouvons pas aborder cette nouvelle étape de décentralisation dans un climat où l’on ne restaure pas d’abord les éléments de confiance entre les collectivités et l’État ».
Reste évidemment le document de travail dévoilé malgré l’absence ministérielle, quiprésente « 25 mesures emblématiques des Régions et Collectivités territoriales de métropole et d’outre-mer » pour la transition écologique et alimentaires. Ces 25 mesures démontrent “l’excellence des politiques régionales en matière de soutien à la transition agricole et alimentaire”. Elles sont classées en cinq axes :
- Initier, expérimenter, connaître et valoriser les démarches innovantes et ascendantes.
- Créer plus de valeur ajoutée au travers de filières agricoles alimentaires et non-alimentaires ancrées dans les territoires.
- Assurer une alimentation de qualité saine, durable et accessible à tous.
- Simplifier l’accès aux soutiens publics et les réorienter vers la transition en partant des projets d’acteurs des territoires.
- Rendre les politiques publiques agricoles et alimentaires plus lisibles et plus efficaces par la clarification des compétences et la gouvernance.
Le document présente également toute une série de mesures adoptées par les Régions en faveur de leur agriculture, ainsi que les résultats obtenus. « Avec cette conférence-débat, nous les Régions, faisons la preuve que nous adoptons la politique de la main tendue. La PAC post-2020 sera coconstruite avec les acteurs du monde agricole », a conclu Renaud Muselier.
Philippe Martin