Trois ministres pour le prix d’un
Gérald Darmanin, Amélie de Montchalin, Christophe Béchu : tous trois ont récupéré une partie des relations avec les collectivités territoriales.
Philippe Martin
Gérald Darmanin, Amélie de Montchalin, Christophe Béchu : tous trois ont récupéré une partie des relations avec les collectivités territoriales.
Qui l’aurait cru ? Jacqueline Gourault aurait déployé une telle activité, qu’il a finalement fallu trois ministres pour récupérer ses compétences, à savoir la Cohésion des Territoires et les relations avec les collectivités. Pourtant, c’est bien une des surprises révélées par l’annonce du nouveau gouvernement emmené par Elisabeth Borne, le 17 mai.
Certes, rien à voir avec l’étonnement né de la nomination de l’historien Pape Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale. Pourtant la répartition, des compétences s’agissant des collectivités, l’un des talons d’Achille des gouvernements d’Edouard Philippe puis de Jean Castex, laisse quelque peu perplexe.
Commençons par celle qui apparaît comme la “patronne” du nouveau dispositif : Amélie de Monchalin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, est aussi en charge du logement et des transports. Un périmètre tellement large qu’il a fallu assister l’ancienne ministre de la Fonction publique d’un ministre délégué chargé des Collectivités, en l’occurrence Christophe Béchu. Un authentique élu local en l’occurrence, maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole depuis avril 2014, ancien conseiller régional des Pays de la Loire, ancien président du Département du Maine-et-Loire.
L’ancien sénateur LR, aujourd’hui secrétaire général du petit parti de centre droit Horizons, est aussi un spécialiste des transports puisqu’il préside depuis avril 2018 l’AFITF, l’Agence de financement des infrastructures de transport en France.
Cela faisait déjà deux ministres, mais comme si ce n’était pas encore assez compliqué, Christophe Béchu “bénéficie” d’une double tutelle : celle d’Amélie de Montchalin donc, mais aussi celle de… Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, qui a récupéré au passage la Direction générale des collectivités (DGCL). Un genre de “garde partagée” pour Christophe Béchu, Gérald Darmanin n’ayant pas hésité à parler de « trio d’enfer pour ce nouveau triumvirat : pour le Grand Paris, le Grand Marseille, pour le conseiller territorial, pour la Corse, nous allons faire de grandes choses ensemble », a lancé celui qui fut maire de Tourcoing de 2014 à 2020, et aussi vice-président de la Région Hauts-de-France. Révélant au passage que l’idée du fameux “conseiller territorial” chère à Nicolas Sarkozy n’était pas abandonnée…
Au vrai, les chantiers ne manquent pas pour la nouvelle équipe, le premier étant sans doute de faire vivre les dispositifs qui fonctionnent plutôt bien, comme les plans Action Cœur de ville, ou Petites Villes de demain, le Plan Montagne, l’Agence nationale de cohésion des territoires, les “contrats de relance et de transition écologique”, et on en passe…
On peut simplement se demander si la présence d’un véritable élu local à la tête du ministère suffira à compenser ce qui apparaît comme un des seuls points communs entre le président de la République et sa nouvelle Première ministre : ni l’un ni l’autre n’ont jamais été élus locaux.