Les Régions au rendez-vous… en ligne
Le premier congrès “en ligne” de l’histoire des Régions a été marqué par une séquence politique forte, autour du Premier ministre Jean Castex.
Philippe Martin
Le premier congrès “en ligne” de l’histoire des Régions a été marqué par une séquence politique forte, autour du Premier ministre Jean Castex.
Ç’aurait dû être un congrès politique, le premier mettant en présence d’un côté des présidents de Région à la manœuvre face à la crise économique et sanitaire que connaît notre pays, et de l’autre un Premier ministre apparemment plus ouvert au dialogue que son prédécesseur. Et le dernier avant le scrutin du mois de mars prochain, censé rebattre les cartes pour les cinq ans à venir.
Mais l’actualité est venue bouleverser ce bel agencement. L’épidémie de Covid-19 a empêché le congrès de se tenir le lundi 19 octobre au Palais des Congrès. L’odieux assassinat terroriste du professeur Samuel Paty a donné aux travaux une solennité encore plus marquée qu’à l’habitude.
La deuxième vague de la pandémie Covid-19 et les mesures de restriction prises à partir du 5 octobre en Île-de-France ont donc bouleversé l’organisation de ce Congrès 2020 : en deux semaines, la Région Île-de-France, Régions de France et leurs prestataires techniques ont adapté l’événement. Prévue initialement pour 2.000 invités au Palais des Congrès de Paris, cette 16e édition du rendez-vous annuel des Régions s’est finalement tenue sur un format inédit 100 % digital, diffusé depuis l’hémicycle Simone Veil mis à disposition par la Région Île-de-France à son siège de Saint-Ouen.
Ce passage du “présentiel” au “distanciel” a permis de toucher une audience plus large, grâce aux flux en “streaming live” sur le site de Régions de France, sur les réseaux sociaux, ainsi qu’à la retransmission en direct de la séance de l’après-midi sur l’antenne de Public Sénat. Elle a aussi permis d’associer les élus et agents des 18 Régions de métropole et d’Outre-mer qui ont pu suivre les débats en visio-conférence. De leur côté, les partenaires de Régions de France ont pu s’exprimer dans des vidéos diffusées le matin et pendant la pause du midi, durant laquelle a également été organisée la séquence des Trophées de l’Innovation Régions Magazine (lire https://www.regionsmagazine.com/les-trophees-de-linnovation-malgre-tout/).
Sur le plan politique, la journée a été d’abord marquée par l’échange qu’ont eu les Présidents de Région avec le Premier ministre Jean Castex. Trois semaines après la signature de l’accord de partenariat Etat-Régions pour la relance, le Premier ministre s’est efforcé de rassurer les Présidentes et Présidents sur les modalités de mise en œuvre des actions sur le terrain, grâce à la “relation de confiance” nouée au plus haut niveau.
En réponse aux inquiétudes formulées par le président de Régions de France Renaud Muselier, Jean Castex a assuré que la résurgence de l’épidémie ne mettra pas au second plan l’effort de relance, et plaidé pour une “alliance” entre l’Etat et les Régions afin “d’accroître davantage encore l’ampleur de cette relance indispensable”. “La relance ne sera ni rapide ni rigoureuse que si elle s’ancre dans les territoires au plus près des réalités de notre tissu économique”, a-t-il expliqué.
Lors de la conférence de presse des présidents, Renaud Muselier, satisfait de ce Congrès de “bonne tenue” avec notamment la participation exceptionnelle de la présidente de la Banque Centrale Européenne Christine Lagarde, a salué les “réponses très concrètes, très pratiques, très pragmatiques” du Premier ministre aux Régions. Dans son discours, le Président de Régions de France a formulé les six attentes précises des Régions sur la mise en œuvre du plan :
- L’envoi par le gouvernement des mandats aux préfets pour permettre de financer en 2021 et 2022 des projets prêts à démarrer dans les Régions ;
- La diffusion d’une circulaire sur les modalités d’association des acteurs locaux autour du couple préfet de Région/président de Région ;
- Un engagement au-delà de 2022 de la part de l’État sur ses investissements dans les infrastructures de transport, et notamment les petites lignes ferroviaires, dans le cadre de la nouvelle génération de contrats de plan Etat-Régions (CPER);
- Le versement aux Régions des 600 millions d’€ de subventions d’investissement dans le cadre de la relance au titre de l’exercice 2020 ;
- La mise en place par les Régions “d’équipes dédiées à l’accompagnement de l’ensemble des bénéficiaires du plan de relance”, à la place des “sous-préfets à la relance” annoncés par le gouvernement ;
- La volonté d’éviter de “recréer des mécanismes nationaux qui doublonnent avec ceux qui existent sur le terrain”, via les “appels à projets nationaux pilotés par les ministères”.
En réponse, le Premier ministre a précisé aux Présidents qu’il transmettrait “dans la semaine” aux préfets de région les mandats de négociation des CPER et les accords de relance “pour qu’ils amorcent les négociations avec vous”. Il a aussi promis de “solder les difficultés nées de la crise sanitaire pour les autorités organisatrices de la mobilité”, à l’image des décisions prises sur Île-de-France Mobilités.
Au-delà de la relance, les Présidents ont insisté sur l’opportunité que représente cette crise, dans laquelle les Régions ont prouvé leur agilité et leur efficacité, pour avancer vers plus de décentralisation en France. Le sondage Ipsos présenté au Congrès par Brice Teinturier, les deux plénières de la matinée sur la gestion de la crise et la relance, ont conforté leur plaidoyer girondin : près d’un Français sur deux (49 %) estime qu’il faut aller plus loin dans la décentralisation et accorder plus de compétences aux collectivités territoriales, seuls 13 % étant d’un avis inverse et 13 % se satisfaisant de la situation actuelle.
Une autre actualité, douloureuse, s’est invitée aux travaux du Congrès : l’assassinat du professeur de collège Samuel Paty le vendredi 16 octobre. Dans une déclaration solennelle lue par Renaud Muselier, les Présidents, affirmant que “la caricature est une composante fondamentale de la liberté d’expression”, ont annoncé leur intention de “préparer la publication d’un ouvrage rassemblant les caricatures religieuses et politiques les plus marquantes”. Réalisé par un collège d’historiens et en association avec le ministère de l’Éducation nationale, cet ouvrage pourra être mis à la disposition de tous les lycéennes et lycéens de France.
Retrouvez en vidéo l’émission “spéciale congrès des régions” diffusée sur Public Sénat.
https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous/emission-speciale-congres-des-regions-184641
.@JeanCASTEX aux président.e.s de régions : "Afin de donner à la relance des effets à très courts termes, l'Etat s'est engagé à vous attribuer une enveloppe de 600 millions d'euros. Vous pourrez en bénéficier dès cette année" #CongrèsdesRégionshttps://t.co/Qirp79srUq pic.twitter.com/Ygue4QuUcE
— Public Sénat (@publicsenat) October 19, 2020
“Toutes les régions en se ressemblent pas. Toutes ne devraient pas être soumises au mêmes normes” affirme @vpecresse. “Monsieur le 1er ministre il faut que l’Etat nous laisse faire en proximité ce que nous ferons beaucoup plus vite que lui” #CongrèsdesRégions pic.twitter.com/DW3pfLEalN
— Public Sénat (@publicsenat) October 19, 2020
“Avec les présidents de régions, nous prenons l’initiative de préparer la publication d’un ouvrage rassemblant les caricatures religieuses et politiques les plus marquantes, parues dans la presse” annonce @RenaudMuselier #CongrèsdesRégions https://t.co/Qirp79srUq pic.twitter.com/z2NHvY3gIP
— Public Sénat (@publicsenat) October 19, 2020