Et voici les « Start-ups Régions » !
Face au concept de « start-up nation » cher à Emmanuel Macron, les régions ont su s’organiser, et se sont donné les moyens de faire émerger leurs pépites.
Face au concept de « start-up nation » cher à Emmanuel Macron, les régions ont su s’organiser, et se sont donné les moyens de faire émerger leurs pépites.
La phrase a été prononcée en juin 2017, au salon VivaTech, le rendez-vous annuel de la « tech » à la Porte de Versailles : « Je veux que la France soit une nation start-up, qui travaille pour et avec les start-ups, mais aussi qui pense et bouge comme une start-up ». Dans la bouche du président de la République Emmanuel Macron, dont le parcours politique a connu la même ascension rapide que celui d’une start-up, la phrase prenait tout son sens. Le concept de « Start-up nation » était né. Avec son cortège de créativité, d’enthousiasme. Mais aussi ses limites.
D’abord, Emmanuel Macron n’avait en l’occurrence rien inventé. La « French Tech », marque commune aux entreprises innovantes françaises, est née en novembre 2014, en plein quinquennat de François Hollande, et c’est la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire qui a été chargée de la développer. En décembre 2014, au cœur d’un dossier de Régions Magazine intitulé « La France numérique en marche » (titre prémonitoire !), elle nous confiait ainsi : « Le numérique vient des territoires ! Ils doivent se l’approprier pour les rendre plus attractifs, plus égalitaires. Les puissances numériques dans le monde sont souvent de taille régionale, c’est la Californie, mais aussi Singapour, la Finlande, l’Irlande. Dans ce développement, les régions ont un rôle fondamental à jouer ».
Bien vu. Car si la « Start-up nation » reste un concept enviable, il faut bien admettre qu’à travers la French Tech, et aussi souvent de leur propre initiative, les Régions et les Métropoles ont su s’approprier cette nouvelle dimension économique de notre pays. D’où ce concept de « start-up Région » que nous développons tout au long de ce dossier.
Que constate-t-on à sa lecture ? Que nos Régions ont su faire émerger des pépites souvent créatives, sur des marchés tellement émergents qu’elles se les créent parfois elles-mêmes, et nous vous invitons à les rencontrer dans les pages qui suivent, qu’elles soient implantées en Bourgogne-Franche-Comté, en Nouvelle-Aquitaine ou à la Martinique. Mais aussi que les Régions ont toutes, chacune à leur manière, cherché à leur faciliter la tâche. Des incubateurs d’Auvergne-Rhône-Alpes aux Fonds d’Investissement de Provence-Alpes-Côte d’Azur, de l’écosystème des Hauts-de-France à la nouvelle Cité des start-ups d’Occitanie, elles ont rivalisé d’audace, d’imagination, de créativité pour favoriser l’émergence de cet écosystème. Et elles ont su y mettre les moyens.
Un écosystème qui n’est pas idyllique
Bien sûr, cette montée en puissance ne constitue pas la panacée. Comme l’explique le journaliste Michel Turin dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître chez Calmann-Lévy, « Start-up mania, la French tech à l’épreuve des faits », l’écosystème ainsi créé est tout, sauf idyllique. La « Vallée de la mort », ce moment où les nouvelles entreprises, après une phase d’expansion, n’ont plus les moyens d’assurer leur financement, n’est jamais loin. Les start-ups créent moins d’emplois que notre industrie, et les emplois qu’elle crée ne concernent le plus souvent qu’une certaine élite, fondée sur la reproduction sociale : 79 % des fondateurs de start-ups françaises présents au CES de Las Vegas sortent d’une grande école. Elles accumulent parfois des pertes considérables, à l’image d’Uber qui a perdu plusieurs milliards d’euros sur la seule année 2019. Au risque de faire exploser la bulle qui les abritées à l’origine.
Place aux femmes !
On n’en est pas là. Dans les pages qui suivent, vous trouverez, émanant de nos régions, une bonne dose d’enthousiasme et d’optimisme. Avec un « plus » au passage qu’il faut souligner : la forte présence des femmes chez ces nouveaux créateurs d’entreprise. Au moment où, avec Isabelle Kocher « débarquée » de chez Engie, la France a perdu la seule femme qui se trouvait à la tête d’une firme du Cac40, on ne saurait trop encourager Gwenaëlle, Anne-Laure, Lorraine, Aurélie ou Mélanie, à persévérer dans cette voie, et à faire de nombreuses émules. Et on vous suggère d’aller à leur rencontre dans les pages suivantes !
Philippe Martin
La suite de ce dossier est à retrouver dans le numéro 153 de Régions Magazine, actuellement en vente en kiosque.