Carole Delga, la première présidente
Élue à l’unanimité par les présidents de Région, la présidente de la Région Occitanie est la première femme propulsée à la tête d’une des trois principales associations d’élus. Récit.
Philippe Martin
Élue à l’unanimité par les présidents de Région, la présidente de la Région Occitanie est la première femme propulsée à la tête d’une des trois principales associations d’élus. Récit.
Pour Carole Delga, juin et juillet 2021 resteront à coup sûr deux mois d’exception. Présidente de Région la mieux réélue de France, la présidente (PS) de l’Occitanie a été élue le vendredi 9 juillet, présidente de l’association Régions de France. A tout juste 50 ans (elle est née le 19 août 1971 à Toulouse), l’ancienne secrétaire d’Etat au Commerce de François Hollande prend assurément une nouvelle dimension : elle est la première femme propulsée à la tête d’une des trois principales associations d’élus.
Qui plus est, elle a été élue à l’unanimité de ses pairs, y compris des élus de droite comme Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, candidats à la future élection présidentielle. Le fruit d’un habile compromis qui permet de conserver l’ancien président de Régions de France Renaud Muselier (LR) pendant trois ans aux côtés de la nouvelle présidente en tant que président délégué ; puis au bout de ces trois ans, de voir Hervé Morin (Les Centristes, Normandie) prendre à son tour la présidence avec… Carole Delga comme présidente déléguée.
Pourtant les choses n’ont pas été si simples que cela, ce qui est logique après tout, compte tenu de la nouvelle composition de l’exécutif de Régions de France (8 présidents de droite, 8 présidents de gauche, un autonomiste le Corse Gilles Simeoni, et un LREM le Guadeloupéen Ary Chalus) et des traces laissées par la récente campagne des régionales. Selon nos informations, l’accord final n’est intervenu que le vendredi matin juste avant la conférence de presse présentant le nouveau bureau de Régions de France. Ce vote à l’unanimité représente donc un genre de petit exploit, mais révèle aussi un consensus qui permettra de peser davantage dans les relations avec le gouvernement.
De maire à ministre
Et l’on est en droit de penser que c’est bien l’objectif de la nouvelle présidente, qui a l’habitude de ce genre de défis. Car rien n’était gagné d’avance pour celle qui est née dans un milieu modeste, élevée par sa grand-mère et sa mère. Après des études de droit, elle devient fonctionnaire territoriale à la mairie de Limoges, puis se retrouve quelques années plus tard au conseil régional de Midi-Pyrénées, directrice adjointe à l’Aménagement des Territoires.
Sa rencontre avec le président de l’époque Martin Malvy la propulse sur la scène politique. Maire à 37 ans de Martres-Tolosane, d’où elle est originaire, elle ne va plus cesser dès lors de franchir les échelons. Ils la mèneront jusqu’au gouvernement de Manuel Valls, où elle devient en 2014 secrétaire d’Etat au Commerce, à l’artisanat, à la consommation et à l’économie sociale. Entretemps elle a été élue conseillère régionale, députée, pour finalement en 2015 devenir la première présidente de la nouvelle Région Occitanie, où elle doit gérer la périlleuse fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
Pour faire face à tout cela, Carole Delga dispose certes d’atouts allant très au-delà de son accent chantant et de son sourire éclatant. Grâce à son énergie débordante, son autorité naturelle, et son sens des contacts qu’elle a largement dû exploiter dans un territoire aussi grand que l’Autriche, Carole Delga a su s’imposer jusqu’à sa brillante réélection en juin dernier à la tête d’une coalition PS-PC-écologistes en rupture de ban avec Europe-Ecologie-les Verts. Elle a d’ailleurs refusé de fusionner entre les deux tours avec EELV, dont les militants sont opposés à la LGV Bordeaux-Toulouse qu’elle a toujours défendue. Un choix judicieux, si l’on en juge par ses 57,77 % des voix au second tour qui en font donc la présidente de Région la mieux élue de France.
Femme de conviction, profondément ancrée à gauche, d’une fidélité sans faille au Parti Socialiste, Carole Delga va d’ailleurs conduire la campagne d’Anne Hidalgo lors de la prochaine élection présidentielle.
Philippe Martin