Action Cœur de villes, phase 2 !
Les rencontres Cœur de ville ont permis de lancer la deuxième édition de ce programme, doté de 5 milliards d’euros de financements.
Ça phosphorait dur au Carreau du Temple, dans le 3ème arrondissement de Paris, en ce lundi 21 novembre. Et pour cause : un “brain-storming” géant y était organisé à l’initiative de la Banque des Territoires. Un “travail collaboratif de réflexion” plus exactement, en français dans le texte, autour de thèmes majeurs pour l’aménagement de notre pays et de ses villes, notamment moyennes : efficacité énergétique des bâtiments publics, manufactures de proximité en centre-ville, gestion de l’eau et des îlots de fraîcheur, entrées de villes, délaissés ferroviaires, sobriété foncière ou encore habitat inclusif.
Autour des tables, par petits groupes de travail, des centaines d’élus, maires pour la plupart, et les représentants régionaux de la Banque des Territoires venus de toute la France. Et une exposition interactive « Cœur de ville » présentant quelques-unes des plus belles réalisations du programme.
Avec en invitée d’honneur, celle qui fut longtemps président de la Fédération des Villes de France, puis de l’ANCT (Agence nationale de Cohésion des territoires), devenue ministre en charge des Collectivités, même si elle s’exprime encore parfois comme maire de Beauvais : Caroline Cayeux en personne, venue présente l’acte 2 d’“Action cœur de ville”. Car ce programme tourné vers l’essentiel vers la revitalisation des villes moyennes, avec 2,5 Md€ d’investissements sur les cinq dernières années, sera bien prolongé, ainsi que s’y était engagé le président de la République Emmanuel Macron en septembre 2021.
Et doté d’un financement exceptionnel : cinq milliards d’euros dont au moins 700 M€ venant de l’Etat… Avant d’en annoncer les modalités, Caroline Cayeux a d’ailleurs esquissé un bilan de la première phase : « 79.000 logements rénovés, 6.500 opérations menées notamment vers la renaturation des espaces publics ou les mobilités douces. Cette phase 1, c’est l’aménagement de la place Saint-Pol à Nogent-le-Rotrou, c’est la création d’une berge verte de 4.000 m² le long de la rivière Savasse à Romans-sur-Isère, c’est la transformation d’un bâtiment historique en campus numérique à Vierzon, c’est la création d’un pôle d’échanges multimodaux face à la gare de Pau, et je pourrais citer ainsi des dizaines d’exemples plus parlants les uns que les autres ».
« Pour nos entrées de villes, le premier coup d’œil doit être le premier coup de cœur ! »
Avec aussi des résultats quantifiables : une hausse de la fréquentation des centres-villes concernés de 17 % sur les douze derniers mois, une augmentation de 11 % des ventes de maisons anciennes dans les centres des villes moyennes sur la même période… « On peut parler d’un vrai succès, tangible. D’où l’intérêt de cette seconde phase », a poursuivi la ministre. « Avec bien entendu un effort porté vers la transition écologique, mais une écologie de terrain, adaptée au plus près des besoins des territoires ». Comme l’extension du dispositif “1.000 écoles”, qui encadre la rénovation énergétique de ces bâtiments, la réhabilitation de friches, mais aussi, pour la première fois, le traitement des quartiers de gares et des entrées de villes. Avec, sur ces deux thèmes, 30 “sites-pilotes” qui serviront de références pour la suite.

« Le développement de zones périphériques monofonctionnelles, mal articulées, reposant uniquement sur la voiture, a défiguré nos entrées de villes, a asséné la ministre. Or le premier coup d’œil doit être le premier coup de cœur ! » Pour elle, Action cœur de ville doit devenir « le laboratoire d’un aménagement renouvelé du territoire, écologiquement sobre, économiquement pragmatique et esthétiquement exigeant ».
Du pain bénit pour Olivier Sichel, directeur général de la Banque des Territoires, et pour Éric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts. Le premier s’est réjoui du succès de ces Rencontres Cœur de ville : « nous avons été aujourd’hui 364 à réfléchir ensemble ! Autour de thèmes fédérateurs comme la rénovation énergétique et thermique des bâtiments publics, l’ingénierie opérationnelle, le rôle de fédérateur de la BdT pour les acteurs publics et privés ».
Le second a parlé chiffres : « la Caisse des Dépôts va augmenter son rythme de financement, avec 2,5 milliards d’euros déployés sur quatre ans, dont 1,8 Md€ de fonds propres, 1,2 Md€ pour la transformation de 8.000 logements (via CDC Habitat), 90 M€ de subventions d’ingénierie (Banque des Territoires), dont 60 % dans la transition écologique, 350 M€ d’investissements et 150 M€ pour les foncières. Et s’il faut aller plus loin, nous le ferons : à vous de nous apporter vos projets », a-t-il lancé en direction des élus présents, plutôt séduits par ce discours offensif, et prêts à dégainer lesdits projets…
Philippe Martin
Avignon l’an prochain
C’est dans la Cité des Papes qu’aura lieu la prochaine édition des Rencontres Cœur de Ville, les 9 et 10 octobre 2023, ce qui fournira l’occasion d’un premier bilan pour la phase 2 du programme.
Un choix qui n’est pas anodin : derrière la beauté de ses sites historiques, Avignon est très représentative de l’étalement des zones commerciales en périphérie. La ville a fait partie des toutes premières avec Angers, à avoir dès juillet 2017 émis l’idée d’un moratoire sur l’extension des grandes surfaces. A l’époque, un rapport du Sénat avait identifié 600 villes concernées par ce phénomène.
Pour lire la suite abonnez-vous à Régions Magazine